Rodez, la parenthèse d’Alain Vastine

  • Après une carrière de boxeur pro prématurément arrêté suite à une blessure, Alain Vastine-ici à droite, aux côtés de Dominique Nato et son fils, Adriani-, s’était lancé dans le rugby à Rodez à la fin des années 1980.
    Après une carrière de boxeur pro prématurément arrêté suite à une blessure, Alain Vastine-ici à droite, aux côtés de Dominique Nato et son fils, Adriani-, s’était lancé dans le rugby à Rodez à la fin des années 1980. Repro CP
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Mathieu Roualdés

Rugbyman à Rodez à la fin des années 1980, Alain Vastine, papa du champion Alexis, décédé tragiquement, sera présent demain lors du gala de boxe à l’Amphi.

Les larmes sont encore dans toutes les mémoires. Il y a un peu plus d’un an, le visage et la détresse d’Alain Vastine tournent en boucle à la télévision. Deux mois après le décès de sa fille Célie, Alain pleure son «p’tit», Alexis, tragiquement disparu dans un accident d’hélicoptère lors d’une émission de téléréalité. Il n’avait que 28 ans, sa sœur 21... La France entière s’émeut alors du sort réservé à cette famille. «Il s’est acharné sur nous... », souffle Alain.

À Rodez, l’émotion est vive. Car avant de dédier sa vie à la boxe et d’amener ses enfants aux sommets, le papa Vastine jouait au rugby ici. C’était la fin des années 1980 et certains se souviennent également de lui en tant que portier dans différents établissements de nuit (Fontanges, 747, Hélianthe...). 

Demain, il quittera Pont-Audemer et sa Normandie chérie pour retrouver l’Aveyron à l’occasion du gala de boxe organisé à l’Amphithéâtre. Ce n’est pas la première fois qu’il reviendra dans la préfecture. Chaque année, Alain rend visite à son grand ami, Thierry Gardes. «J’étais pilier gauche et lui, pilier droit à l’époque. On est lié à jamais avec Thierry en quelque sorte», sourit-il. 

«Ils nous prennent pour de pauvres gens»

Mais plus que ces retrouvailles, Alain sera là pour «rendre hommage à Alexis». Car la cicatrice est encore loin d’être refermée. À l’autre bout du fil, il nous a longuement parlé d’Alexis, de son «don» pour la boxe, de ses olympiades marquées par des injustices et une médaille de bronze à Pékin, en 2008. Il nous a également confié la difficulté de faire son deuil, de ses idées noires après la disparition mais surtout du combat qu’il mène devant les tribunaux face à la production de l’émission (Dropped) et TF1.

«Tant qu’ils ne reconnaîtront pas leur faute dans l’accident, les plaies ne pourront pas se refermer. Ils nous prennent pour de pauvres gens, on n’a aucune valeur à leurs yeux mais je ne lâcherai pas!». Chez les Vastine, on ne lâche pas. Cet état d’esprit a élevé les fils d’Alain au rang de champions. Si ce n’est son rêve de devenir champion olympique, Alexis a tout gagné.

«J’aurais tellement aimé qu’il soit à Rio... », souffle-t-il. L’aîné de la fratrie, Adriani, tout juste sacré champion de France, aurait pu en être. Mais la Fédération en a décidé autrement. Une nouvelle blessure pour Alain : «C’est dégueulasse ! On a tout donné à la boxe durant notre vie. En tant qu’entraîneur, j’ai tout gagné avec mes boxeurs. Et on ne nous donne même pas cette chance. Adriani souhaitait rendre hommage à son frère à Rio. On ne lui en a pas laissé sa chance et maintenant, il veut tout arrêter»

«Ça m’empêche de penser... »

Alain, lui, n’a pas arrêté. Tous les jours, il continue d’enfiler les gants dans sa salle à Pont-Audemer. «Ça m’empêche de penser et ce n’est pas plus mal», explique-t-il. Et tant pis si la boxe et son milieu ne correspondent plus vraiment à ses valeurs.

«Heureusement, il y a les athlètes. Car la Fédération et autres me dégoûtent parfois. Tout le monde est corrompu, il n’y a plus que l’argent qui compte» Malgré cela, Alain Vastine espère vivre une belle soirée boxe demain soir à Rodez. Surtout, l’homme est impatient de retrouver des têtes familières.

«La dernière fois que je suis venu, c’était pour un enterrement d’un ancien joueur de rugby (André Espinasse, NDLR). J’aimerais tellement qu’on se revoit tous dans d’autres circonstances car Rodez et le rugby sont toujours dans mon cœur». 

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