Harcèlement sexuel: 17 anciennes ministres disent stop au silence et à l'impunité

  • Valérie Pécresse et Nathalie Kosciusko-Morizet  à Paris le 12 juin 2015
    Valérie Pécresse et Nathalie Kosciusko-Morizet à Paris le 12 juin 2015 AFP/Archives - GUILLEMETTE VILLEMIN
  • Cécile Duflot à l'Assemblée nationale le 5 février 2015
    Cécile Duflot à l'Assemblée nationale le 5 février 2015 AFP/Archives - LIONEL BONAVENTURE
  • Chantal Jouanno et Rama Yade à Paris le 15 novembre 2010
    Chantal Jouanno et Rama Yade à Paris le 15 novembre 2010 AFP/Archives - FRANCOIS GUILLOT
  • La directrice générale du FMI Christine Lagarde à Londres le 12 mai 2016
    La directrice générale du FMI Christine Lagarde à Londres le 12 mai 2016 AFP/Archives - JUSTIN TALLIS
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Centre Presse Aveyron

"Nous ne nous tairons plus"... 17 ex-ministres, de gauche comme de droite, d'Aurélie Filippetti à Valérie Pécresse en passant par Christine Lagarde et Cécile Duflot, ont lancé dans le Journal du dimanche un appel pour dire stop au silence et à l'impunité face au harcèlement sexuel.

"Cela suffit. L'impunité, c'est fini. Nous ne nous tairons plus. Nous dénoncerons systématiquement toutes les remarques sexistes, les gestes déplacés, les comportements inappropriés. Nous encourageons toutes les victimes de harcèlement sexuel et d'agressions sexuelles à parler et à porter plainte. Nous demandons à nos partis et à nos groupes politiques de vérifier si de tels actes ont été commis et, si tel a été le cas, d’aider les victimes à faire éclater la vérité", écrivent ces femmes, révoltées par les témoignages de harcèlement sexuel contre le député écologiste Denis Baupin, rendus publics lundi.

Cinq ans tout juste après l'affaire DSK et un an après la tribune "Bas les pattes !" de journalistes politiques, 17 anciennes ministres jugent que "cette fois, c'est trop" et lancent cette initiative, inédite: les écologistes Cécile Duflot, Dominique Voynet et Corinne Lepage, les centristes Chantal Jouanno et Rama Yade, la communiste Michelle Demessine, les socialistes Elisabeth Guigou, Aurélie Filippetti, Marylise Lebranchu, Fleur Pellerin, Yvette Roudy et Catherine Trautmann, les responsables Les Républicains Nathalie Kosciusko-Morizet et Valérie Pécresse, Roselyne Bachelot, la patronne du FMI Christine Lagarde mais aussi Monique Pelletier, ministre sous VGE et qui vient de briser le silence... 37 ans après avoir été agressée par un sénateur.

"Ce n’est pas aux femmes à s’adapter à ces milieux (masculins), ce sont les comportements de certains hommes qui doivent changer", ajoutent-elles en plaidant pour l'"allongement des délais de prescription en matière d’agression sexuelle , la possibilité pour les associations compétentes de porter plainte en lieu et place des victimes , la fin de la correctionnalisation des viols" ou l'"instruction donnée aux parquets de poursuivre systématiquement en cas de harcèlement".

L'actuelle ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol, a rappelé dimanche sur France 3 que deux de ces propositions étaient en cours d'adoption ou d'élaboration, à savoir le rallongement des délais de prescription, actuellement en navette parlementaire, et la possibilité pour les associations de déposer plainte, qu'elle défendra bientôt au Parlement.

- Femmes comme du "gibier" -

Saluant l'initiative de ses pairs, elle a lancé: "On dit aux hommes qui ont ces comportements: +lâchez-nous, oubliez 30 secondes que nous sommes des femmes pour ne voir en nous que les professionnelles, les cheffes ou les collaboratrices que nous sommes. Arrêtez de nous voir tout le temps comme étant potentiellement des gibiers à la chasse desquels vous seriez !"

"Le harcèlement sexuel est prégnant là où les hommes tiennent le haut du pavé, là où il n'y a pas de vraie mixité (...) partout où on est dans des ghettos d'hommes", a déclaré à BFMTV Valérie Pécresse qui, à la tête de la région Ile-de-France, affirme qu'elle "ne se taira plus". "Je suis à un poste de responsabilité qui me permet de protéger les autres femmes et c'est ça que je veux faire".

"Nous, on a un certain statut, on peut parler. (Le harcèlement), ça ne concerne pas seulement la politique mais l'ensemble de la société", a expliqué sur France 2 NKM. Cet appel, c'est dire "nous ne nous tairons plus et nous voudrions accompagner un mouvement de parole", a-t-elle ajouté.

Les hommes ont été assez rares à intervenir dans ce débat dimanche. Le Premier ministre Manuel Valls a toutefois aussitôt exprimé sur Twitter son "soutien" à l'appel de ces femmes politiques. "Harcèlement et sexisme doivent être combattus en politique comme dans l'ensemble de la société", a renchéri l'un de ses prédécesseurs, François Fillon.

Le député PS Jean-Marc Germain a déclaré qu'il aurait "bien aimé signer" la tribune "parce que ça concerne aussi les hommes".

Mais preuve que ce combat est difficile, Mme Duflot a tweeté des commentaires insultants et sexistes reçus après avoir signé l'appel: "Duflot harcelée ? Le type était bourré..." ou encore "A part Jouanno, qui aurait envie d'harceler ces femmes lol?"

La porte-parole de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud, a toutefois pris ses distances avec les signataires en leur reprochant sur BFMTV d'avoir pratiqué "l'omerta" alors qu'elles avaient "bien des moyens de se faire entendre et de se faire respecter", contrairement aux "ouvrières" et aux "employées".

L'ex-ministre Christine Boutin a elle, sans ambages, affirmé avoir "honte" de ses consoeurs, "qui laissent entendre que les hommes sont des obsédés".

Source : AFP

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