Israël: le ministre de la Défense démissionne avec fracas

  • Le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon annonce sa démission lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv en Israël le 20 mai 2016
    Le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon annonce sa démission lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv en Israël le 20 mai 2016 AFP - JACK GUEZ
  • L'ultranationaliste Avigdor Lieberman (c), à la tête du parti d'extrême-droite israëlien Beytenou, est entouré par les forces de sécurité lors d'une visite du centre historique de Jérusalem le 9 mars 2016
    L'ultranationaliste Avigdor Lieberman (c), à la tête du parti d'extrême-droite israëlien Beytenou, est entouré par les forces de sécurité lors d'une visite du centre historique de Jérusalem le 9 mars 2016 AFP/Archives - THOMAS COEX
  • Le ministre de la Défense israëlien Moshé Yaalon (g) lors de la réunion hebdomadaire du cabinet ministériel dirigé par Benjamin Netanyahu (d) à Jérusalem le 10 avril 2016
    Le ministre de la Défense israëlien Moshé Yaalon (g) lors de la réunion hebdomadaire du cabinet ministériel dirigé par Benjamin Netanyahu (d) à Jérusalem le 10 avril 2016 POOL/AFP/Archives - GALI TIBBON
  • L'activiste israélien Yehuda Glick lors d'une manifestation dans le centre historique de Jérusalem le 14 juillet 2015 L'activiste israélien Yehuda Glick lors d'une manifestation dans le centre historique de Jérusalem le 14 juillet 2015
    L'activiste israélien Yehuda Glick lors d'une manifestation dans le centre historique de Jérusalem le 14 juillet 2015 AFP/Archives - AHMAD GHARABLI
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Centre Presse Aveyron

Le ministre israélien de la Défense a démissionné vendredi avec fracas et remis ouvertement en cause la crédibilité du Premier ministre Benjamin Netanyahu, en pleins remous causés par le retour probable au gouvernement de l'ultranationaliste Avigdor Lieberman.

"J'ai dit au Premier ministre qu'étant donné son comportement au cours des derniers évènements et mon manque de confiance en lui, je démissionnais du gouvernement et de la Knesset (Parlement) et je prenais mes distances avec la vie politique", a annoncé Moshé Yaalon sur Twitter.

Il s'agit d'une attaque retentissante de la part d'un homme estimé en Israël pour avoir combattu lors de la guerre de 1973, commandé ensuite la prestigieuse brigade parachutiste et gravi tous les échelons, jusqu'à la tête de l'état-major puis de ce ministère capital dans un pays constamment sur le pied de guerre.

Devant la presse, M. Yaalon s'en est ensuite pris à ces "éminents politiciens" animés par "le cynisme et la soif de pouvoir" et gouvernés par "les échéances électorales et les sondages" plutôt que les valeurs morales. Des mots qui semblent directement adressés à MM. Netanyahu et Lieberman.

Le monde politique israélien est en effervescence depuis que M. Netanyahu a proposé mercredi le portefeuille de la Défense à M. Lieberman, actuellement dans l'opposition. En retour, il était présumé offrir les Affaires étrangères à M. Yaalon.

Le but du Premier ministre est d'élargir sa majorité parlementaire, qui ne tient qu'à une voix.

Mais la décision de M. Netanyahu de proposer la Défense à M. Lieberman a également été largement interprétée par les commentateurs comme une manoeuvre destinée soit à sanctionner M. Yaalon, soit à écarter un potentiel rival au sein du Likoud, leur parti (droite).

De profonds différends opposaient MM. Netanyahu et Yaalon, dernièrement sur la liberté de parole des généraux.

- Durcissement -

Avec Avidgor Lieberman, détesté par les Palestiniens, auteur de propos anti-arabes et populiste belliqueux, c'est le gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël qui se profile selon les commentateurs.

Les négociations devaient se poursuivre vendredi, un accord final étant généralement présenté comme proche.

Grâce à M. Lieberman et son parti Israël Beiteinou, M. Netanyahu aurait au Parlement une majorité de 66 voix sur 120.

A la Défense, M. Lieberman superviserait notamment les activités de l'armée dans les Territoires palestiniens occupés.

Les commentateurs posent déjà la question d'un durcissement vis-à-vis des Palestiniens alors que les craintes d'une nouvelle escalade sont vives.

Il y a quelques jours, Avigdor Lieberman accusait le gouvernement Netanyahu de manquer de fermeté face à la vague actuelle d'attaques palestiniennes, et de ne pas construire dans les grands blocs de colonies de Cisjordanie occupée.

- 'Dôme de fer de l'armée' -

M. Yaalon et l'actuel état-major passent pour avoir tempéré les ardeurs de ceux qui, au gouvernement et à droite, y compris M. Lieberman, poussaient à une répression accrue face aux violences. "Difficile de prédire comment Lieberman agirait dans les mêmes circonstances", écrivait le quotidien de gauche Haaretz.

Moshé Yaalon a aussi été "le Dôme de fer" de l'armée face aux attaques des durs de la droite, écrivait le quotidien Yedioth Ahronoth en faisant référence au système israélien de défense antimissiles.

Depuis des semaines, M. Yaalon et l'armée sont au centre de vives querelles sur les valeurs et le rôle social d'une institution incontournable. M. Yaalon a soutenu, y compris contre M. Netanyahu, ses généraux qui prônaient la retenue face aux attentats ou allaient jusqu'à dresser un parallèle entre l'Allemagne nazie et certains "signes" observés en 2016 en Israël.

Vendredi, il a dit son inquiétude pour la démocratie israélienne: "Malheureusement, des éléments extrémistes et dangereux ont pris le contrôle d'Israël et du Likoud et menacent la société", a-t-il affirmé.

L'ex-ministre de la Défense avait encouragé dimanche les officiers à dire ce qu'ils pensent sur de tels sujets, quitte à contredire leurs supérieurs ou leurs dirigeants politiques.

Ces propos auraient rendu furieux M. Netanyahu, qui l'avait rappelé à l'ordre le lendemain.

Benjamin Netanyahu aurait aussi cherché à stopper l'ascension d'un éventuel concurrent, selon des commentateurs. M. Yaalon ne s'est pas privé de le laisser ruminer en déclarant: "Je reviendrai prendre part à la compétition pour la direction d'Israël".

Le retrait de M. Yaalon devrait signifier l'entrée au Parlement de l'activiste israélien Yehuda Glick, considéré par les Palestiniens et des responsables israéliens comme un dangereux provocateur pour son engagement en faveur du droit des juifs à prier sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem.

Source : AFP

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