Affaire Wilson aux assises : « Depuis le début, vous avez décidé que c’est lui »

  • Me Levy, du barreau de Toulouse, défend bec et ongle la thèse de l’innocence de son client Jean-Louis Cayrou.
    Me Levy, du barreau de Toulouse, défend bec et ongle la thèse de l’innocence de son client Jean-Louis Cayrou. José A. Torres / Centre Presse Aveyron
Publié le
Philippe Routhe

Justice. Deuxième jour du procès, où les jurés se sont penchés sur les faits.

Mardi les jurés n’ont pas entendu Jean-Louis Cayrou, le jardinier accusé de l’assassinat de Patricia Wilson, aujourd’hui portée disparue. Mais ils l’ont vu. Durant toute la journée, il n a cessé de dodeliner de la tête, souvent de droite à gauche, de gesticuler au gré des propos tenus par les témoins qui se sont succédé à la barre. Pour la première fois, mardi, les jurés ont abordé les faits par l’entremise du directeur d’enquête, le gendarme Carbonnel.

Des premières minutes à Vabre-Tizac, dans la maison de Patricia Wilson, au placement en détention de Jean-Louis Cayrou, en août 2012, il a détaillé la progression de l’enquête. Comment celle-ci est passée du statut de disparition inquiétante, à celui d’enlèvement puis à celui d’homicide volontaire. Et comment Jean-Louis Cayrou s’est retrouvé seul suspect.

"Les soupçons se sont portés sur lui, car les différentes auditions mettent en évidence une séparation qui s’est mal passée", raconte l’enquêteur. Cayrou dodeline. Il évoque aussi les incohérences du suspect en garde à vue.

Sang, trace de pas, C15

Pèle-mêle, par l’entremise du président Cayrol, de l’avocate de la partie civile Me Pechevis, et de l’avocat général Manon Brignol, sont évoqués les traces de sang de l’Anglaise retrouvées dans la maison, qui a notamment coulé du plafond, et dans la voiture de Cayrou, ces 600 kilomètres parcourus pendant le week-end de la disparition supposée, entre Vabre dans le Tarn et Vabre-Tizac, cette culotte retrouvée dans la voiture, avec du sang, cette trace de pas dans le sang, cette paire de chaussures et cette montre achetées à Villefranche. Le fameux C15.

"Il arrive au terme d’une énième version de Cayrou. Et chercher un C15 blanc en Aveyron, c’est comme chercher un taxi londonien à Londres. Il y en a partout. Nous n’avons pas donné suite", explique le gendarme Carbonnel. Cayrou, bouge, chuchote sans arrêt des propos à son avocat.

"Erreur judiciaire !"

 Puis il y aussi cet épisode au cours duquel il a raconté à deux codétenus avoir tué accidentellement Patricia Wilson. Et ces derniers, "dans une démarche citoyenne" dit l’enquêteur, ont alerté les gendarmes. Cayrou lève les bras, se prend la tête, fait non. Et s’il n’a pas la parole, son avocat, lui, il l’a. Avec cette particularité de l’utiliser peu mais de façon percutante. Surtout quand le propos de l’enquêteur ne lui convient pas.

"Vous ne l’aimez pas hein?", lance Me Levy. "À trois reprises, vous l’appelez le malfaisant dans votre rapport. Depuis le début, vous avez décidé que c’était lui le coupable. C’est le cœur de ce dossier. Vous n’avez pas cherché ailleurs !" Il s’agace sur le fait qu’une amie de Patricia Wilson est la seule source des gendarmes, ne comprend pas qu’aucune recherche n’a été organisée autour du C15, aurait voulu que les gendarmes s’étonnent quand son client, qui a nié pendant trois semaines, se livre soudainement à des codétenus. Il évoque même "l’erreur judiciaire !" Jean-Louis Cayrou dodeline de la tête, de haut en bas. Ce mercredi, il devrait donner aux jurés sa version des faits.

« Il est devenu violent, il a abusé de moi... »

La personnalité de Jean-Louis Cayrou était encore au cœur des débats, mardi matin, aux assises de l’Aveyron. Ce sont "les femmes de sa vie" qui se sont succédé à la barre. Trois principalement. À commencer par celle avec qui il vécut près de 14ans et eut deux garçons. "Celle qui le connaît le mieux" comme l’a soumis l’avocat général. Elle a décrit un homme avec qui tout se passait bien jusqu’à ce que, du jour au lendemain, "sans que je ne sache pourquoi", Jean-Louis Cayrou a changé.

"Il est devenu violent. Il a abusé de moi. Il m’a violée. Mais il ne m’a jamais frappée". Cela a duré six mois, puis il y a eu la séparation. Elle est partie avec les enfants. "Et Jean-Louis n’a jamais vraiment cherché à les revoir". Les autres femmes de Cayrou décriront un homme violent et égoïste sur le plan sexuel. L’ex-épouse provoquera aussi la stupeur dans les rangs de la famille Cayrou en expliquant avoir été "voir dans son jardin si le corps n’y était pas". De quoi agacer l’avocat de la défense, Me Lévy.

Se lançant dans un entretien musclé avec l’ex-épouse, il était rappelé à l’ordre par le président Cayrol. Il éructa: "Madame est une pièce maîtresse de ce dossier. On va chercher ailleurs, parce que le dossier d’accusation contre mon client est faible!" Néanmoins, mardi matin, alors que la partie civile cherchait à comprendre "la violence qui peut animer Jean-Louis Cayrou" ainsi "le rapport qu’il avait aux femmes et l’intérêt qu’il leur porte", elle a eu la description d’un homme "qui n’était pas le même en société et en privé", tel que l’a décrit l’enquêtrice de personnalité.

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