Abbaye de Bonnecombe : «On paie encore d’avoir parlé»

  • Samedi, les responsables de l’agence ruthénoise du Crédit Agricole ont remis un chèque de 1 000 euros à l’association pour la soutenir dans son action.
    Samedi, les responsables de l’agence ruthénoise du Crédit Agricole ont remis un chèque de 1 000 euros à l’association pour la soutenir dans son action. Rachid Benarab / Centre Presse Aveyron
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Rachid Benarab

Les bénévoles de l’association qui gèrent et entretiennent le site ont le sentiment d’être laissés à l’abandon.

Il est des histoires qui mettent plus de temps que d’autres à s’estomper. Celle qui a terni l’image de l’abbaye de Bonnecombe, située à proximité de Comps-la-Grand-Ville aura certainement beaucoup de mal à s’effacer. "L’histoire nous colle à la peau. On n’a pas fini de payer le fait d’avoir tout révélé", explique sans détour Murielle Gauthier. 

La présidente de l’association Notre-Dame de Bonnecombe qui gère et entretient, avec le père Jean-Baptiste Tison et des bénévoles (tous laïques), beaucoup d’huile de coude et autant d’ingéniosité, le site et les espaces verts qui l’entourent fait référence à l’affaire du père pédophile Pierre-Étienne Albert et aux Béatitudes, auxquelles ce dernier était rattaché.

Pourtant, l’abbaye, n’a pas été le théâtre des agressions sexuelles de frère Albert (ces agissements au fil des décennies ont en revanche été révélés lors de son séjour en Aveyron), Un lieu remarquable datant du XIIe siècle qui a été déserté par les moines en 1965. Un site magnifique mais qui aurait bien besoin d’une petite cure de jouvence. "Personne ne nous soutient. On est seuls", ajoute-t-elle. Propriétaire des lieux, le diocèse "donne au compte-gouttes".

"Formidable potentiel"

"Il a fallu réclamer pendant 5 ans pour que le sol de la cour intérieur soit rénové", remarque une bénévole. "Sinon, on fait tout nous-même. Tout l’argent qui rentre à travers nos activités est réinvesti en totalité pour l’entretien du site."

Étonnant, en effet, qu’un tel bâtiment, situé à quelques kilomètres de Rodez, soit ainsi laissé de côté. "Il y a un formidable potentiel touristique à développer. Le Département devrait être à nos côtés", ajoute la bénévole. Avec ses faibles moyens l’association fait ce qu’elle peut. Et cela semble déjà beaucoup au regard du travail à accomplir.

"On a livré à la justice un pédophile qui avait des années de prédation derrière lui, reprend la présidente Gauthier. Personne n’en voulait. On a dû rester ici, avec lui, le temps que la justice se mette en action. Et pendant tout ce temps-là, pour ne courir aucun risque, on a mis en veille nos activités. Depuis on a le sentiment qu’on veut nous faire payer le fait d’avoir parlé et révélé au grand jour cette affaire qui a éclaboussé de nombreuses familles de notables aveyronnais. Pourtant, nous, on a tourné la page. Mais l’abbaye de Bonnecombe semble malheureusement associée, pour longtemps, à ce terrible fait divers."

Subvention : une première !

Ce sont des bénévoles de Notre-Dame de Bonnecombe ravis qui ont accueilli, samedi, à l’abbaye, les représentants de l’agence du Crédit Agricole de Rodez, séduits par l’action menée sur place par l’association pour faire découvrir "ce site remarquable".

"Par la route au-dessus, je passe souvent devant l’abbaye et à chaque fois je me dis, il faudrait que je m’arrête un jour", raconte Paulo Parenté, directeur de la banque verte ruthénoise. C’est donc ce qu’il a fait, hier, en compagnie de 3 des 15 administrateurs qui ont voté avec lui l’octroi d’une subvention de 1000€ à l’association.

Une somme qui va servir à financer un cinquième des tables achetées récemment afin de recevoir les visiteurs de passage à l’abbaye. Des bénévoles qui n’ont pas manqué de souligner le caractère exceptionnel de ce don. "C’est la première fois que l’on nous donne de l’argent, s’est exclamée la présidente Gauthier. Peut-être la roue est-elle enfin en train de tourner."

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