Pascale Boistard : «Le défi démographique est énorme»

La secrétaire d’État chargée des Personnes âgées et de l’autonomie, Pascale Boistard, inaugurera le Vill’âge bleu, une résidence pour seniors, vendredi, à Saint-Georges-de-Luzençon.

Êtes-vous déjà venue en Aveyron ?

Non, c’est la première fois. Je réponds à une invitation pour l’inauguration du Vill’âge Bleu. C’est une belle opération, une bonne initiative, qui démontre qu’il existe de multiples façons d’envisager le vieillissement de la population.

Quand on voit ce qui se fait dans d’autres pays, d’Europe du Nord par exemple, on a l’impression que la France est à la traîne, pour l’accompagnement des personnes âgées...

Pour pouvoir comparer, il faut s’appuyer sur des systèmes identiques. J’ai récemment rencontré l’ambassadrice du Danemark. Dans ce pays, ce sont surtout les mairies qui financent la politique du vieillissement, pour laquelle elles lèvent beaucoup de fiscalité. Notre système est différent et la nouvelle loi permet de poser le problème de façon beaucoup plus large.

Le vieillissement de la population est, en effet, un sujet majeur pour les années à venir.

Le défi démographique est énorme. C’est un sujet dont on parle peu alors qu’il concerne tout le monde. La loi pour l’adaptation de la société au vieillissement englobe toutes ces questions et toutes les mesures sont financées par l’État. L’aide à domicile sera réorganisée en fonction des spécificités de chaque territoire et ce sont les départements qui porteront ça. Pour les aidants, c’est une petite révolution, avec un statut et une aide à travers le droit au répit, car un épuisement peut exister. C’était important de les reconnaître.

Il y a aussi toute une dimension pour le respect des droits des personnes âgées, l’accès aux loisirs, à la culture. Sans oublier les questions de maltraitance. C’est une loi très humaine. Elle a été coconstruite avec différents acteurs et adoptée à une très large majorité. On souhaite aussi développer les résidences pour personnes âgées autonomes et de nouvelles règles permettront d’établir une véritable transparence pour la tarification des Ehpad. Ces établissements reçoivent des personnes de plus en plus âgées et même s’ils ont beaucoup évolué, ils souffrent encore d’une mauvaise image.

Quand la loi sera-t-elle applicable ?

Tous les décrets d’application seront totalement pris à l’horizon de septembre. Tous les textes pour les financements ont été adoptés et les versements ont déjà eu lieu. Pour l’ensemble des dispositifs, cela représente un budget annuel de 700M€. Toutes les mesures sont financées jusqu’à 2018 inclus.

Les métiers des services à la personne sont difficiles et peu valorisés, ce qui complique le recrutement des personnels, alors que les besoins vont crescendo. Que faire ?

Afin de prévenir la pénibilité au travail, j’ai demandé à la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) de réaliser une mallette de bonnes pratiques. Je vais aussi m’employer, dans tous mes déplacements, à valoriser ces métiers. Ce sont souvent des femmes qui pratiquent ces métiers et j’étais précédemment secrétaire d’État aux droits des femmes... Si les professionnels veulent du personnel fidélisé, il faut y travailler tous ensemble.

Vous avez lancé des missions d’appui dans trois départements dont la Corrèze. Dans quel but ?

Il s’agit de mesurer l’impact de la loi et éventuellement les difficultés qui pourraient subsister. Voir comment on peut améliorer les structures et les services rendus à la personne. La prise en compte de la perte d’autonomie est un énorme défi pour la Nation, avec des enjeux de financement considérables.