Rodez Aveyron football : chronique d'une relégation annoncée

  • En début de saison, le Raf avaitr l’objectif de jouer le haut de tableau, en s’appuyant sur un recrutement ambitieux. Dix mois plus tard, le club est relégué en CFA2.
    En début de saison, le Raf avaitr l’objectif de jouer le haut de tableau, en s’appuyant sur un recrutement ambitieux. Dix mois plus tard, le club est relégué en CFA2. Jean-Louis Bories
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Max.R.

Football. Inconcevable en début de saison, la relégation actée samedi l’est beaucoup moins au regard d’une campagne qui aura vu s’accumuler les signes annonciateurs.

Inconcevable en début de saison, la relégation actée samedi l’est beaucoup moins au regard d’une campagne qui aura vu s’accumuler les signes annonciateurs.

  • DES «BEAUX JOUEURS», PAS UN GROUPE

Le constat n’est pas nouveau. Il s’est fait jour au fil de mois qui auront vu se déliter puis se reprendre-trop tard-une équipe construite sur la base de réelles individualités. Mais comme l’a froidement relevé Julien Lorthioir samedi soir, «c’est la preuve qu’il ne faut pas que des beaux joueurs».

«Lorsque j’étais arrivé en CFA (2007), a-t-il ajouté, il y avait d’autres choses en dehors du terrain». C’est implacable et, à l’heure du verdict, l’entraîneur Laurent Peyrelade l’a lui-même reconnu. «J’ai pensé que ça se ferait de lui-même (l’unité)...», a soufflé samedi le technicien, dont cette saison était la première à la tête d’un groupe seniors. Au fil de la campagne, les illustrations de ce manque d’unité au sein de l’équipe ont été régulières, entre petits groupes et tensions, même habituelles dans le cadre d’une vie en commun.

Au point de forcer l’encadrement et les dirigeants à convoquer les joueurs à un «stage de cohésion»... début mars! La soirée de samedi, lors de laquelle le Raf ne jouait pas mais devait être fixé sur son sort, a fini de souligner cela: très peu d’éléments ont suivi les différents «multiplexes» ensemble. Certains étaient déjà en vacances, d’autres en famille.

  • DES ÉLÉMENTS TROP SOUVENT EN-DESSOUS DE LEUR POTENTIEL

L’état d’esprit est une chose, le rendement une autre. Mais dans les deux cas, base des réflexions des dirigeants, le recrutement et plus globalement la constitution du groupe peut largement être remis en question. Certes, sans en arriver aux extrémités de l’épisode Pataca. Mais il n’empêche, lorsqu’on fait le compte, trop d’éléments auront évolué en-dessous de leur niveau.

Pour un Sébastien Da Silva qui achève la saison à 11 buts en championnat, pour un Valentin Rosier qui a littéralement explosé ou un Erwin Zelazny au niveau conforme à son statut (ex-Nantes), combien ont en effet confirmé les attentes ? Certains comme Charly Pereira-Lage ou Mohamed Camara ont été étincelants lors de la première phase avant de s’éteindre pour se réveiller trop épisodiquement. Et que dire de Yacine SiSalem, priorité du mercato estival, qui aura souvent erré et brillé lors d’à peine quatre matches ?

À cela peut aussi s’ajouter la question des joueurs pluri-actifs (avec un travail en-dehors). Deux ont annoncé leur retraite dernièrement (Faviana, Lorthioir) et l’un s’interroge fortement (Suarez). Mais surtout, leur temps de jeu s’est avéré restreint voire infime, notamment par difficulté à concilier vie professionnelle et football. Leur cas démontre la limite de la chose et a souvent privé le Raf de cadres essentiels.

  • DES CHOIX D’HOMMES ET DE JEU EN QUESTIONS

Laurent Peyrelade ne s’en est pas caché durant la saison: il a commis des erreurs. Cela fait partie du métier. Mais celles-ci tiennent évidemment une place importante dans le résultat final et la relégation. Son obstination à titulariser Si Salem-on y revient-n’échappe pas à ce bilan. Pas plus, surtout, que son entêtement dans sa philosophie de jeu.

Aussi agréable et ambitieuse soit-elle, celle-ci s’est rapidement heurtée à la limite implacable du résultat. La série de 7 matches sans revers au cœur de l’hiver - l’un des rares moments positifs avec la fin de saison - a peut-être incité l’ex-Manceau à insister. Mais la suite lui a donné tort. Et le retour à un jeu plus direct, malheureusement ou non apanage d’un groupe C qu’il ne connaissait pas mais aussi du Raf, s’est avéré trop tardif et également difficile à appréhender par une équipe qui n’était pas construite pour. 

  • RÉALISME, TOURNANT ET SÉRÉNITÉ : CES DÉTAILS QUI TUENT...

C’est bien connu, le diable se cache dans les détails. Par leur répétition, ceux-ci ont finalement valu au Raf sa descente aux enfers. Premier de cette liste, le manque de réalisme fut le plus criant. À de trop nombreuses reprises, Rodez a eu les matches en mains mais n’a pas su les tuer et mettre les occasions, nombreuses, au fond. Son rang final de deuxième plus mauvaise attaque, avec moins d’un but marqué par match (25 buts en 28 rencontres) est à ce titre révélateur et insuffisant pour compenser son statut de 5e meilleure défense.

Autre donnée de taille, les partenaires de Roumégous ont trop souvent mal négocié les tournants de la saison, qu’ils aient été face aux équipes du top 5 ou face aux réserves, jamais dominées. Le meilleur exemple est la défaite à Colomiers (1-0), lors de la 16e journée. Classés 9e après sept matches sans défaite, les hommes de Laurent Peyrelade commençaient à regarder le haut du classement. Mais le revers en banlieue toulousaine s’est avéré être le début d’une série de huit rencontres sans victoire, annonciatrice de l’épilogue de la saison.

Pourtant, malgré ces états de fait, mais aussi-il faut bien l’avouer-les suspensions, les blessures en pagaille et la jeunesse de son groupe-, le Raf a continué d’avancer (ou de glisser) sereinement, se rassurant toujours en regardant ses qualités individuelles et son jeu. Comme si le CFA2 ne pouvait pas lui arriver, pas à lui. Il ne s’agissait pas de s’enterrer avant le verdict mais comme l’ont soulevé plusieurs joueurs samedi, il «s’est réveillé trop tard».

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