Marion Puech, quel baptême !

Imaginez tout ce que vous pouvez faire en 11 heures. Une vraie belle nuit de repos, un vol Paris-Rio de Janeiro ou encore un aller-retour Rodez-Chambéry comme les rugbymen ruthénois, ce week-end. En 11 heures, une petite minute et dix secondes pour être précis, Marion Puech, elle, boucle un Ironman. Comprenez, l’un des plus longs formats du triathlon: 3,8 km de natation pour débuter, 180 km de vélo pour se mettre en jambes et un marathon (42,195 km) pour (s’) achever !

Six mois de préparation

C’était ce dimanche à Nice, dans l’arrière-pays de la Riviera, et l’Aveyronnaise a tout simplement accompli une performance majuscule: finir à la 613e place du scratch (sur 2800 athlètes) et 30e féminine derrière vingt professionnelles; mais aussi et surtout remporter sa catégorie (Seniors 2 féminines, 25-30 ans) ! Et tout ça pour son tout premier Ironman... «Déjà, être finisher, c’est bien mais en plus, gagner la catégorie... Là, c’est la cerise sur le gâteau!», souriait hier la kinésithérapeute de 27 ans, de retour au cabinet rue de l’Amphithéâtre, après une courte nuit de sommeil pour rentrer de la Côte d’Azur.

Qu’importe le manque de sommeil ou même les courbatures XXL, Marion Puech a touché du doigt l’un de ses rêves. Un résultat qui valait bien les sacrifices consentis lors des six derniers mois, au rythme de 15heures d’entraînement hebdomadaire concocté par Daniel Boissière, ex-président de Rodez Triathlon12 et actuel président de la Ligue Midi-Pyrénées de triathlon. Cette cadence infernale, l’ex-nageuse du Grand Rodez Natation, passée au triathlon il y a cinq ans, ne l’a pas endurée seule. «Et heureusement! Être avec Manon Juillaguet et Jérôme Gras (lire par ailleurs), ça m’a beaucoup aidé car c’était très dur.»

La souffrance en valait la peine. Dimanche, dès 6h30, il a en effet fallu endurer le bain du matin, certes dans une eau à 17°C, puis les deux autres gros morceaux. «Mais on est tellement conditionné dans la tête (à la difficulté) que ça s’est bien passé. Ceci dit, c’était quand même dur», sourit la jeune athlète de 1,76 m que le soutien indéfectible de ses supporters (parents, compagnon et amis) sur le bord du parcours a «beaucoup aidé. À première vue, on fait un sport égoïste, explique-t-elle. Mais dimanche, c’était la preuve que je n’avais pas fait ça que pour moi.»

Elle passe son tour pour Hawaï mais rêve de l’Ottilo en Suède

Penser à elle et seulement à elle, la licenciée de Rodez Triathlon12 depuis 2015 va désormais y songer. Bénéficiaire d’un des 40 billets distribués dimanche pour participer en octobre à la Mecque de la discipline, l’Ironman de Kailua-Kona à Hawaï (le tout premier de l’histoire), Marion Puech a pourtant décidé de passer son tour: «Ça a été beaucoup de concessions pour arriver à Nice. Je n’ai pas envie de me “taper” à nouveau quatre mois de prépa. Je veux profiter de mon été, reprendre le VTT, aller à la montagne».

La Ruthénoise ne va pas non plus lézarder. Pas le genre de cette «personne entière, fonceuse» Début juillet, elle participera ainsi avec une amie lyonnaise, Lise Darfeuille, à un «swimrun» (natation et course) à L’Engadine, dans les Alpes suisses. Un nouveau défi relevé en équipe de deux qui préfigure d’un autre: le mythique Ottilo, en Suède, popularisé récemment en France par un reportage d’Intérieur Sport, sur Canal+. Visiblement, avec Marion Puech, un rêve peut en chasser un autre très vite. Mais en un peu plus de 11 heures tout de même.