Maeva et Dorian : «À dix minutes près, c’était nous»

  • Après cette soirée qu’il n’oubliera pas, Dorian va essayer de reprendre le cours normal de sa vie et de profiter pleinement de ses vacances.
    Après cette soirée qu’il n’oubliera pas, Dorian va essayer de reprendre le cours normal de sa vie et de profiter pleinement de ses vacances. José A. Torres
Publié le
Emmanuel Pons

Les deux jeunes Ruthénois étaient sur la Promenade des Anglais jeudi soir, quand le camion conduit par le Tunisien Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a dévalé la célèbre avenue du front de mer sur une distance de 2 kilomètres, tuant sur son passage 84 personnes.

J’entends encore les sirènes hurler dans ma tête. On a passé une nuit quasiment blanche». Dorian Campos, 20 ans, surveillant au collège Jean-Moulin de Rodez et son amie Maeva Firmignac, 18 ans, qui vient d’avoir le Bac au lycée François-d’Estaing, étaient à Nice jeudi soir pour assister le lendemain au concert de la chanteuse Rihanna prévu le lendemain à l’Allianz Arena. Le beau cadeau qu’ils avaient chacun reçu pour leur anniversaire.

«On était à l’endroit rêvé»

Les deux jeunes Ruthénois avaient décidé de profiter de leur passage sur la baie des Anges pour participer aux festivités du 14 Juillet sur la Promenade des Anglais. «Il était environ 22 heures. On était à l’endroit rêvé. Juste en face de la plage où se tire le feu d’artifice», se souvient Dorian. Dès les derniers pétards tirés, Maeva souhaite s’arrêter prendre une glace mais Dorian propose de «se dépêcher avant d’être coincé».

«On a commencé à partir. On était à 10 minutes de l’hôtel. Puis les gens se sont mis à courir», raconte le jeune Ruthénois. «Je me suis que c’était pour éviter l’orage qui menaçait. Mais des jeunes de 14-15 ans nous ont crié qu’il y venait d’y avoir un attentat.»

«À 10 minutes près, c’était nous»

«Je n’y ai pas cru avant de recevoir le coup de fil d’une amie à Rodez, qui regardait les infos sur BFM TV : “Dorian ! Rentre vite ! Il y a un attentat !” La foule se précipitait, les parents couraient avec les enfants dans les poussettes... Alors j’ai attrapé la main de Maeva et on a couru très vite. Je ne sais pas comment on a pu courir aussi vite!», s’émeut Dorian.

Arrivés à l’hôtel -avec ordre des autorités de rester enfermés- les deux jeunes Ruthénois ne savent toujours pas à quoi ils ont échappé. Ni télévision ni radio dans la chambre. C’est par leurs proches, au téléphone, qu’ils apprennent le drame effroyable qui s’est joué à quelques centaines de mètre d’eux. «À 10 minutes prés, si on s’était arrêté pour prendre une glace, ça aurait pu être nous», réalise Dorian. 

«On ne réalise pas encore»

Ce matin, Maeva et Dorian n’ont pas traîné à l’hôtel, alors que les sirènes continuaient à hurler. «On m’a dit qu’il y avait encore des corps sur la promenade des Anglais», assure Dorian. Pressés de quitter cette scène d’horreur et de retrouver les leurs et le calme aveyronnais, ils sont rentrés à Rodez avec une halte «pour manger et respirer un peu» à Montpellier. «On ne réalise pas encore ce qu’on a vécu! On n’a pas l’impression qu’il y a eu plus de 80 morts, dit le jeune Ruthénois. On est choqué, mais pas paniqué.» Sans doute prendront-ils conscience bientôt qu’ils ont échappé au pire. 

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