Cinq jours après Nice, l'heure est au débat sur l'état d'urgence

  • Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian à la sortie du Conseil des ministres le 19 juillet 2016 à l'Elysée à Paris
    Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian à la sortie du Conseil des ministres le 19 juillet 2016 à l'Elysée à Paris AFP - BERTRAND GUAY
  • Le procureur François Molins lors d'une conférence de presse le 18 juillet 2016 à Paris
    Le procureur François Molins lors d'une conférence de presse le 18 juillet 2016 à Paris AFP - FRANCOIS GUILLOT
  • Le maire Philippe Pradal, le préfet des  Alpes-Maritimes Adolphe Colrat, le Premier ministre Manuel Valls et le président de la région Provence Alpes Cote d'Azur Christian Estrosi, lors de la minute de silence observée 2016 à Nice
    Le maire Philippe Pradal, le préfet des Alpes-Maritimes Adolphe Colrat, le Premier ministre Manuel Valls et le président de la région Provence Alpes Cote d'Azur Christian Estrosi, lors de la minute de silence observée 2016 à Nice AFP - Valery HACHE
  • Un drapeau tricolore brandi lors de la minute de silence le 189 juillet 2016 à Nice
    Un drapeau tricolore brandi lors de la minute de silence le 189 juillet 2016 à Nice AFP - Valery HACHE
  • Copie du permis de séjour de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, obtenue le 15 juillet 2015 auprès de la police française
    Copie du permis de séjour de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, obtenue le 15 juillet 2015 auprès de la police française Police française/AFP - -
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Centre Presse Aveyron

Cinq jours après l'attentat de Nice, le gouvernement va demander mardi aux députés de prolonger l'état d'urgence, avec une possible extension de six mois réclamée par une partie de la droite et que pourrait accepter le gouvernement, dans un climat politique pesant.

La France sort de trois jours de deuil national, avec pour point d'orgue une minute de silence lundi midi en hommage aux 84 personnes tuées et 300 blessées le soir du 14 juillet sur la célèbre Promenade de Anglais, fauchées par Mohamed Lahouaiej Bouhlel au volant d'un poids lourd.

Sur le front de l'enquête, les dernières investigations ont permis de dessiner un profil déroutant du tueur: un homme inconnu des services antiterroristes qui, jusqu'à sa radicalisation "récente", était éloigné de la religion, consommait alcool, drogue et avait une "vie sexuelle débridée".

"Aucun élément de l'enquête ne démontre à ce stade l'allégeance" du Tunisien au groupe Etat islamique (EI), qui a revendiqué l'attentat, selon le procureur de la République de Paris, François Molins.

A Nice, dans la nuit de lundi à mardi, une chaîne humaine composée de centaines de personnes a déplacé dans l'émotion les fleurs, peluches et mots d'hommage déposés sur la Promenade des Anglais vers deux lieux de recueillement à proximité, avant que la voie soit rouverte en totalité à la circulation.

Côté politique, il n'y a pas eu de trêve et les hostilités pourraient reprendre de plus belle à l'Assemblée nationale.

Le projet de loi de prorogation de l'état d'urgence, en vigueur depuis les attentats du 13 novembre, est examiné mardi matin en Conseil des ministres, avant son examen dans la soirée au Palais Bourbon. Manuel Valls, hué à Nice lundi, viendra lui-même défendre cette quatrième prolongation, pour l'heure programmée jusqu'au 26 octobre.

Mais "le débat sur la durée aura lieu au Parlement", a déjà fait savoir le Premier ministre. "Le gouvernement ne s'opposera pas à l'idée de prolonger de façon raisonnable l'état d'urgence", a indiqué mardi matin le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen.

Le chef de file des députés PS Bruno Le Roux a quant à lui jugé "acceptable, correct" un nouveau terme de six mois. Un geste en direction de la droite, qui ne votera ce texte que sous conditions. Mais pas question, en revanche, d'accepter les centres de rétention préventifs, une proposition "au-delà de la ligne rouge" de "l'état de droit", selon M. Le Guen.

- Six personnes toujours en garde à vue -

Le projet de loi va rétablir les perquisitions administratives et permettre d'exploiter les données des ordinateurs et téléphones saisis. Appelant au "rassemblement", M. Valls s'est montré ouvert à toute proposition pour "accroître l'efficacité" de l'état d'urgence, dans les limites de "l'état de droit".

Le président des Républicains Nicolas Sarkozy, qui réunit députés et sénateurs LR à la mi-journée au siège du parti, avait jugé vendredi "indispensable" de prolonger cet état d'urgence. Mais comme d'autres responsables de droite, il a depuis reproché à l'exécutif de ne pas avoir fait tout le nécessaire pour protéger les Français.

A neuf mois de la présidentielle, François Hollande a répliqué lundi en invoquant une "obligation de dignité et de vérité" pour "ceux qui ont une parole publique".

Manuel Valls a de son côté demandé, dans Nice-Matin, à Christian Estrosi de "se reprendre", jugeant "inacceptables" les accusations du président (LR) de la région Paca de "mensonge d'état" sur le nombre de policiers nationaux présents jeudi soir sur la Promenade des Anglais.

Mais l'affrontement est aussi interne à la droite, à quelques encablures de la primaire. Ainsi M. Sarkozy a sévèrement taclé Alain Juppé en bureau politique lundi, en affirmant que "ce n’est pas raisonnable de dire que si on avait fait ceci ou cela, l’attentat (de Nice) n’aurait pas eu lieu".

"Le risque zéro n'existe pas", a précisé mardi matin le maire de Bordeaux.

Le Sénat, à majorité de droite et où le débat aura lieu mercredi, pourrait jouer les prolongations des débats parlementaires s'il adopte un texte différent de celui de l'Assemblée.

S'agissant du tueur au camion, les photos retrouvées dans son téléphone et les images de vidéosurveillance ont prouvé sa détermination. Le Tunisien de 31 ans avait prémédité son acte, effectuant des repérages sur la Promenade des Anglais dans les jours précédant la tuerie.

L'exploitation de son ordinateur et des nombreux SMS envoyés à partir de son portable se poursuit.

Six personnes étaient toujours en garde à vue mardi matin, soupçonnées d'avoir été en contact avec lui ou de l'avoir aidé à se procurer le pistolet 7.65 mm utilisé pour tirer sur des policiers.

Source : AFP

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