Nice: l'état d'urgence prolongé, mais la polémique politique continue

  • Le procureur de la République, François Molins, à Paris le 18 juillet 2016
    Le procureur de la République, François Molins, à Paris le 18 juillet 2016 AFP - FRANCOIS GUILLOT
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Centre Presse Aveyron

L'état d'urgence a été prolongé jeudi mais la polémique sur le dispositif de sécurité déployé le 14 juillet à Nice ne désenfle pas, une semaine après la tuerie de la Promenade des Anglais, qui semble avoir été mûrie de longue date.

Le Parlement a validé une quatrième prolongation de l'état d'urgence jusqu'à fin janvier 2017, fruit d'un compromis droite-gauche. Mais le débat politique reste acerbe.

La polémique sur le dispositif policier en place à Nice a été relancée par le quotidien Libération, qui affirme que seule une voiture de police municipale interdisait l'accès à la zone piétonne de la Promenade des Anglais lorsque Mohamed Lahouaiej Bouhlel a lancé son camion sur la foule.

Dénonçant une "contre-vérité", le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a ordonné une enquête administrative à la police des polices.

Les résultats seront rendus "la semaine prochaine", a annoncé François Hollande, promettant "vérité et transparence" et estimant qu'il n'y a "pas de place pour la polémique".

En déplacement en Savoie, Manuel Valls a jugé "insupportable la remise en cause permanente de la parole de l'Etat, du préfet, des policiers". "A aucun moment" il n'y a eu un "mensonge des autorités", a également assuré le préfet des Alpes-Maritimes.

Après avoir lui-même dénoncé des "mensonges" du gouvernement, le patron Les Républicains de la région Paca Christian Estrosi s'est "félicité" de l'ouverture de cette enquête de l'inspection générale de la police nationale (IGPN). Mais il a également réclamé, avec le maire de Nice Philippe Pradal, une enquête de l'Inspection générale de l'administration pour "comprendre comment la préfecture des Alpes-Maritimes (avait) organisé le dispositif" de sécurité.

Le Front national a, lui, jugé "inévitable" la démission de Bernard Cazeneuve.

- "Complicités et soutiens" -

Au Parlement, les sénateurs ont entériné la prolongation pour six mois de l'état d'urgence, votée à la mi-journée à l'Assemblée.

Le texte rétablit les perquisitions administratives, suspendues en mai. Il facilite également la possibilité pour le préfet de fermer des lieux de culte où sont tenus des propos incitant à la haine et à la violence ou faisant l'apologie du terrorisme, ou d'interdire des cortèges ou rassemblements dont la sécurité ne pourrait être garantie.

Il autorise aussi les forces de l'ordre à effectuer des contrôles d'identité et à fouiller véhicules et bagages, sans réquisition du procureur.

L'enquête a, elle, connu des "avancées notables", a affirmé le procureur de Paris François Molins, alors que cinq suspects, "pas connus des services spécialisés de renseignement", étaient toujours interrogés par un juge antiterroriste. Le parquet a requis leur mise en détention provisoire.

Ces quatre hommes âgés de 22 à 40 ans et une femme de 42 ans ont été arrêtés en raison de leurs contacts, téléphoniques notamment, avec Lahouaiej Bouhlel avant la tuerie de Nice, qui a fait 84 morts.

Les investigations ont "confirmé le caractère prémédité du passage à l'acte mortifère" du chauffeur-livreur tunisien de 31 ans, "mais également d'établir qu'il avait pu bénéficier de soutiens et de complicités dans la préparation et la commission de son acte criminel", a déclaré François Molins.

Trois d'entre eux ont notamment participé à la fourniture de l'arme avec laquelle Lahouaiej Bouhlel a tiré sur des policiers.

Mercredi, une kalachnikov a également été saisie dans une cave à Nice lors d'une perquisition en lien avec le suspect de 22 ans. "On ne sait pas encore à quoi elle était destinée", a ajouté François Molins.

- Quinze pronostics vitaux engagés -

Les investigations n'ont pas démontré de lien entre Lahouaiej Bouhlel et des réseaux terroristes, mais l'organisation Etat islamique (EI) a revendiqué l'attentat.

Le groupe jihadiste, déjà à l'origine des attentats qui ont fait 130 morts le 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, a menacé d'intensifier ses attaques contre la France dans une nouvelle vidéo où des francophones félicitent le tueur de Nice.

Ce dernier a été décrit comme un homme violent et instable, vivant loin des préceptes religieux.

Sur la Promenade des Anglais, la vie a repris son cours. Mais sur une centaine de mètres, le trottoir s'est transformé en mémorial. Près des fleurs, un petit garçon d'une dizaine d'années, T-shirt à rayures et chapeau de paille, s'agenouille. "Il nous a demandé ce qui s'était passé, on lui a expliqué et il souhaitait venir prier", dit sa mère.

Les 84 victimes tuées dans l'attentat, originaires de 19 pays, ont toutes été formellement identifiées. Selon le procureur de Nice, Jean-Michel Prêtre, 63 personnes étaient encore hospitalisées à Nice mercredi soir. Le pronostic vital de 15 d'entre elles, dont un enfant, est toujours engagé.

Source : AFP

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