JO-2016 - Russie: le CIO renonce à "l'option nucléaire" et renvoie aux fédérations

  • Le président de commission exécutive du CIO, Thomas Bach, lors d'une conférence de presse le 21 juin 2016 à Lausanne
    Le président de commission exécutive du CIO, Thomas Bach, lors d'une conférence de presse le 21 juin 2016 à Lausanne AFP - FABRICE COFFRINI
  • Travis Tygart, directeur exécutif de l'Usada (agence américaine anti-dopage), lors d'une conférence de presse à Bruxelles, le 17 mai 2013
    Travis Tygart, directeur exécutif de l'Usada (agence américaine anti-dopage), lors d'une conférence de presse à Bruxelles, le 17 mai 2013 AFP/Archives - JOHN THYS
  • Yuliya Stepanova, la lanceuse d'alerte à l'origine des révélations sur le dopage russe, à Amsterdam, le 6 juillet 2016 Yuliya Stepanova, la lanceuse d'alerte à l'origine des révélations sur le dopage russe, à Amsterdam, le 6 juillet 2016
    Yuliya Stepanova, la lanceuse d'alerte à l'origine des révélations sur le dopage russe, à Amsterdam, le 6 juillet 2016 AFP/Archives - JOHN THYS
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Centre Presse Aveyron

Le CIO a renoncé à "l'option nucléaire" dimanche: le Comité olympique russe n'est pas suspendu pour les Jeux de Rio et ce sera aux Fédérations internationales de repêcher les sportifs non contaminés par le "système de dopage d'Etat" russe, via des critères très stricts.

Seuls les athlètes restent éliminés des JO cariocas (5-21 août), après la confirmation par le Tribunal arbitral du sport de Lausanne (Suisse), jeudi, du droit de la Fédération international d'athlétisme à suspendre collectivement l'athlétisme russe.

"Cela ne plaira sans doute pas à tout le monde", a reconnu le président du CIO Thomas Bach dans une conférence de presse par téléphone, en affirmant avoir "placé la barre le plus haut possible" et en refusant de répondre à la question de savoir s'il a fait preuve de "faiblesse" face à Moscou.

La Russie, elle, s'est montrée "reconnaissante" de la décision "objective" du CIO, voulant croire qu'une "majorité" des sportifs russes sélectionnés par leur comité olympique (387) iront bien à Rio.

- Le Koweit, pas la Russie -

L'instance olympique n'a donc pas utilisé "l'option nucléaire", pour reprendre les termes de Dick Pound, le fondateur de l'Agence mondiale antidopage. C'est l'AMA qui a été à l'origine des révélations sur la Russie, avec deux rapports successifs, dont cette enquête McLaren qui a dévoilé lundi les rouages du dopage russe, sous la direction du ministère des Sports et avec l'aide "active" des services secrets du Kremlin.

Cette semaine, M. Pound pressentait cette non sanction. "J'ai vraiment l'impression que le CIO est très réticent à envisager une exclusion totale des Russes", avait-il lâché.

Le CIO n'a donc pas pris pour la Russie la mesure qu'il avait su prendre en 2015 en suspendant le Comité olympique koweïtien, pour "ingérence gouvernementale indue".

Par le passé, le CIO avait exclu l'Afghanistan des Talibans des JO de Sydney en 2000, et l'Afrique du Sud de l'apartheid durant sept Jeux successifs, de 1964 à 1988. Mais aucune nation jusqu'à présent n'a été sanctionnée pour dopage.

Après la publication du rapport McLaren, Thomas Bach avait pourtant évoqué "une atteinte choquante et sans précédent à l'intégrité des sports et des JO".

Et les pressions pour exclure la Russie étaient nombreuses. "Toute autre décision" ne serait "pas raisonnable", avaient averti 14 agences antidopage mondiales, dont l'Usada américaine, à l'origine de la chute de Lance Armstrong.

"De façon décevante, au moment le plus important pour les athlètes propres et pour l'intégrité des jeux Olympiques, le CIO a refusé de jouer un rôle leader déterminant", a regretté dimanche Travis Tygart, directeur exécutif de l'agence américaine.

L'AMA, elle aussi, avait jugé indispensable d'"empêcher la participation des sportifs russes aux compétitions internationales, y compris les JO de Rio, tant que (la Russie) n'aura pas réalisé un +changement de culture+".

- Stepanova privée de Rio -

Si sanction il y a eu de la part du CIO, elle a visé Yuliya Stepanova, la lançeuse d'alerte à l'origine des révélations sur le dopage russe dans un documentaire de la chaîne de télévision allemande ARD en 2014. "Malgré sa contribution à la protection des athlètes propres", précise le communiqué du CIO, cette spécialiste du 800 m ne sera pas autorisée à courir à Rio car elle a été sanctionnée pour dopage dans le passé.

En confiant aux Fédérations internationales le soin de trier parmi les sportifs russes, le CIO a, en effet, indiqué plusieurs critères très stricts à respecter. Et notamment celui de ne retenir aucun athlète ayant été condamné pour dopage dans le passé, quand bien même il aurait déjà purgé sa peine.

Cet argument devrait susciter de nombreuses critiques en Russie et ailleurs: Justin Gatlin, sprinteur américain, est en lice pour le titre olympique sur 100 m à Rio après avoir été deux fois suspendu pour dopage, pendant cinq ans au total.

Pour sélectionner les sportifs réellement +propres+, les Fédérations internationales devront également passer au crible le CV antidopage des candidats en s'assurant qu'ils ont tous subi des "contrôles crédibles", et donc faits hors de Russie, a précisé le CIO.

Combien seront les sportifs russes au Village olympique de Rio, qui a ouvert ses portes dimanche ? Une certitude: il y aura Darya Klishina, la seule athlète repêchée par la Fédération internationale de l'athlétisme.

Mais quid des volleyeurs, champions olympiques à Londres en 2012, des lutteurs, revenus d'Angleterre avec 11 médailles, ou d'Aliya Mustafina, la gymnaste en or olympique aux barres asymétriques ? Les autres Fédérations seront elles aussi rigides que l'IAAF et appliqueront-elles réellement les critères fixés par le CIO ?

Du côté du tennis, l'ITF n'a en tout cas pas tardé à répondre dimanche soir: feu vert pour les huit Russes engagés !

Mercredi, le Comité olympique russe avait couché 387 noms au total sur sa liste pour Rio. Ils ne sont plus que 320 avec l'exclusion définitive de 67 des 68 athlètes engagés.

Mais certaines Fédérations ne semblent pas désireuses de prendre des sanctions. "La jeunesse mérite qu'on lui donne des preuves d'amitié, et non d'une Guerre froide", plaidait jeudi soir l'Autrichien Marius Vizer, le président du judo mondial. Et que fera la Fédération internationale d'escrime, présidée par un Russe ?

Si elles refusaient de jouer le jeu, le dernier mot resterait cependant au CIO. La règle 44 de la Charte olympique lui donne le droit d'accepter ou non l'inscription de chaque sportif.

Ce processus complexe pourra-t-il aboutir, à 12 jours du coup d'envoi des JO ? Car, il faudra compter avec les inévitables recours au TAS des athlètes russes qui seront recalés.

Auprès de l'AFP cette semaine, le président de la Fédération internationale d'aviron, le Français Jean-Christophe Rolland, craignait ainsi que certains sportifs russes soient finalement déclarés inéligibles... "après les jeux de Rio".

Source : AFP

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