Le domaine des Bourines remonte le temps et l’histoire de l’Aveyron

  • Objet d'un ambitieux programme de restauration, le domaine des Bourines a retrouvé son lustre d'antan.
    Objet d'un ambitieux programme de restauration, le domaine des Bourines a retrouvé son lustre d'antan. DR
  • Le domaine des Bourines remonte le temps et l’histoire de l’Aveyron
    Le domaine des Bourines remonte le temps et l’histoire de l’Aveyron DR
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Centre Presse Aveyron

Propriété des doms d’Aubrac dès le XIIIe siècle, la grange monastique des Bourines fournissait l’essentiel des ressources agricoles à la Dômerie d’Aubrac et ses moines. 

Le domaine des Bourines a été durant des décennies le grenier du Laissagais, et bien au-delà. Il fut l’un des plus grands domaines agricoles du centre de la France, avec 700 hectares. Véritable réserve de la Dômerie d’Aubrac, liée à l’abbaye, cette grange fournissait dès le Moyen-âge l’essentiel des ressources agricoles (orge, froment…) du domaine. Les paysans y pratiquaient également l’élevage ovin, bovin, et équin. Le domaine des Bourines a longtemps constitué la plus grosse part dans les revenus de l’abbaye d’Aubrac. À tel point qu’il fut surnommé «mère nourrice».

Pourtant, cette situation privilégiée a été menacée par les guerres et conflits qui ont touché le territoire. Au milieu du XIVe siècle, durant la guerre de Cent-Ans, les attaques répétées de brigands obligèrent les moines à fortifier leur grenier. Les granges monastiques devinrent alors de véritables châteaux. On retrouve à celui des Bourines la grande et massive tour-grenier du XIIIe siècle, mesurant 21 mètres de haut et 2 mètres d’épaisseur. Elle est entourée d’un corps de logis à hautes murailles, défendue par de fortes tours d’angles, couronnées de mâchicoulis.

600 ans d’appartenance aux moines d’Aubrac

C’était un refuge sûr pour le personnel du domaine et un abri inviolable pour les grains, amassés là en quantité considérable. Les doms, dirigeants de la Dômerie, faisaient également confiance à leur fortdes Bourines pour y abriter leurs richesses et leurs titres. À l’initiative de Jean-Pierre d’Estaing, devenu dom en 1469, d’importants ajouts et réparations seront exécutés au château. Il en témoigne les écussons aux armes de la famille. Il y faisait fréquemment sa résidence secondaire, c’est ainsi qu’il aménagea la grande cuisine, le bâtiment vers le couchant, le pavé, la fontaine et le pavillon carré.

En 1546, le cardinal Georges d’Armagnac devient dom d’Aubrac et s’empresse d’embellir les Bourines (le beau portail d’entrée et la croix double face). Le domaine fut conservé pendant près de 600 ans par les moines du monastère d’Aubrac. À la Révolution, il a été vendu comme bien national pour 382 000 livres à deux fermiers associés. En 1794, il devient la propriété d’une association, dont la totalité des parts sera rachetée par la famille Granier en 1805.

Vers 1875, la comtesse Aubaret, née Granier, succède dans la possession du domaine avec, pour régisseur de l’exploitation agricole, la famille Fabry. En 1934, le domaine sera partagé entre les fils de la comtesse. En 1948, Henry Delmas achète l’ensemble du domaine, qu’il conservera jusque dans les années soixante-dix où il vendra les terrains à quatre agriculteurs de Laissac. 

Des porcheries uniques en France

Aux abords du château, le domaine est composé de l’ancienne forge, qui est aujourd’hui habitée par des exploitants agricoles, de plusieurs granges, de l’aire sol, constituée d’un quai et de l’ancienne aire de battage, de la charreterie et des porcheries. Les associations de valorisation du patrimoine du canton se sont rassemblées en 2010, en partenariat avec les propriétaires, pour œuvrer activement sur la réhabilitation de ce site. Les travaux de restauration ont débuté par l’aire sol, les abreuvoirs et les porcheries.

Les porcheries, bâties à la fin du XVIIe siècle, sont probablement uniques en France. Le bâtiment est constitué de seize loges, ordonnées en U autour d’une cour, en légère déclivité et fermée par un porche. Ce qui fait tout l’intérêt de cet ensemble ce sont les toits à redans des loges, qui suivent la pente. Ce site a reçu le prix départemental du patrimoine en 2009, dans la catégorie restauration. Autre distinction, le domaine des Bourines a reçu en 2016 le prix du départemental dans la catégorie Patrimoine.

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