Hassaké, ville clé pour les Kurdes et le régime syrien

  • Des combattants kurdes de l'YPG et la police posent sous une statue de Basel al-Assad, frère du président syrien, à Hassaké le 23 août 2016
    Des combattants kurdes de l'YPG et la police posent sous une statue de Basel al-Assad, frère du président syrien, à Hassaké le 23 août 2016 AFP - DELIL SOULEIMAN
  • Offensive turque contre le groupe EI
    Offensive turque contre le groupe EI AFP - Simon MALFATTO, Marc Antoine GUILBAULT
  • Des chars de l'armée turque à Karkamis, ville à la frontière avec la Syrie, le 24 août 2016
    Des chars de l'armée turque à Karkamis, ville à la frontière avec la Syrie, le 24 août 2016 AFP - BULENT KILIC
  • Un char turc se dirige vers la Syrie à la ville-frontière de Karkamis le 24 août 2016
    Un char turc se dirige vers la Syrie à la ville-frontière de Karkamis le 24 août 2016 AFP - BULENT KILIC
  • Des combattants kurdes à Hassaké le 23 août 2016
    Des combattants kurdes à Hassaké le 23 août 2016 AFP - DELIL SOULEIMAN
  • Des combattants kurdes appartenant à l'YPG installent un drapeau de l'YPG sur la porte de la prison de Hassaké dans le nord-est de la Syrie, le 23 août 2016, après avec conclu une trêve avec les forces du régime
    Des combattants kurdes appartenant à l'YPG installent un drapeau de l'YPG sur la porte de la prison de Hassaké dans le nord-est de la Syrie, le 23 août 2016, après avec conclu une trêve avec les forces du régime AFP - DELIL SOULEIMAN
Publié le
Centre Presse Aveyron

Les forces autonomistes kurdes en Syrie ont chassé les forces du régime de la quasi-totalité de Hassaké, grande ville du nord-est du pays, après une semaine de combats d'une violence inédite entre ces deux camps depuis le début de la guerre en Syrie.

Quelles en sont les conséquences pour cette région stratégique proche de la Turquie et de l'Irak et pour la suite de la guerre en Syrie?

Qui l'a emporté?

A la faveur des combats, les forces kurdes, aguerries et bien positionnées sur le terrain, se sont emparées de près de 90% de la ville peuplée de 55% d'Arabes et 45% de Kurdes selon le géographe expert de la Syrie Fabrice Balanche.

Le cessez-le-feu conclu mardi sous les auspices des Russes est, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), "une victoire des Kurdes car techniquement désormais, ils contrôlent quasiment la province de Hassaké avec une présence symbolique du régime".

Deux forces autonomistes kurdes y sont actives: les Unités de protection du peuple kurde (YPG), "l'armée kurde" composée de miliciens qui combattent les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), ainsi que les "Assayech", la "police kurde" en charge de la sécurité.

Elles ont combattu la milice pro-régime des Forces de défense nationale (FDN), composées d'Arabes de la région, ainsi qu'une poignée de soldats, l'armée étant occupée sur d'autres fronts.

Les forces prorégime ne sont plus présentes que dans le centre de la ville, où se trouvent les bâtiments officiels.

Au total, les protagonistes sont au nombre de plusieurs milliers, dotés d'armes lourdes et d'artillerie.

Qui soutient qui?

Les Kurdes sont considérés comme l'une des principales forces combattant l'EI à qui ils ont pris les régions clés de Kobané, Tall Abyad et Minbej notamment, et ce avec l'appui de la coalition internationale sous commandement américain.

Les Etats-Unis les soutiennent avec une couverture aérienne et des militaires déployés au sol en tant que conseillers. Washington avait menacé d'intervenir si l'aviation syrienne ne cessait pas ses raids contre la région de Hassaké où sont déployés des militaires de la coalition.

Dans l'autre camp, la Russie soutient le régime mais elle entretient également de bonnes relations avec les Kurdes. Moscou a ainsi mené les négociations pour un cessez-le-feu afin d'éviter une humiliation totale pour les forces gouvernementales dans cette région.

Pour sa part, la Turquie refuse catégoriquement un territoire autonome kurde à sa frontière d'autant qu'elle considère les YPG comme étroitement liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation qu'elle juge "terroriste".

Quelle est l'importance d'Hassaké?

La province de Hassaké, située à l’extrémité nord-est du pays, est stratégique car elle représente une sorte de langue entre l'Irak et la Turquie.

En outre, elle est vitale économiquement car elle est le grenier à blé de la Syrie, produit du coton, de renommée mondiale, et possède des champs pétroliers.

"Du point de vue des Kurdes, Hassaké est un carrefour administratif et une position stratégique qui peut protéger la région kurde (autonome) face à l'EI", explique Mutlu Civiroglu, expert des affaires kurdes basé à Washington. Le groupe jihadiste est implanté dans le sud de la province.

"Si les miliciens kurdes s'emparent de l'ensemble de Hassaké, ils chercheront à prendre totalement Qamichli", une autre ville de la province, a affirmé à l'AFP un homme politique proche du régime.

"A terme, une province stratégique de la Syrie, collée aux régions kurdophones de Turquie et d'Irak échappera au pouvoir central. Cela renforcera les velléités autonomistes, si ce n'est indépendantistes, des Kurdes syriens", selon lui.

Quelle est la stratégie des Kurdes?

Au début de la guerre en 2011, les Kurdes (15% de la population), pourtant longtemps opprimés par le régime syrien, ont adopté une position de "neutralité" envers le pouvoir et la rébellion.

Mi-2012, les forces gouvernementales se sont retirées de plusieurs zones de la provinces de Hassaké, tombées ensuite sous le contrôle militaire et administratif des Kurdes.

Ils contrôlent désormais 18% du territoire où vivent quelque deux millions de personnes, selon M. Balanche.

Les Kurdes, qui ont auto-proclamé en mars une "région fédérale", dont Hassaké fait partie, veulent relier les régions sous leur contrôle pour établir une continuité territoriale.

Pour ce faire, les Kurdes, revigorés par leurs victoires face à l'EI, ont cherché à étendre leur emprise sur d'autres secteurs dont Hassaké et Qamichli, ce qui implique chasser le régime.

"Pour les Kurdes, Hassaké est une zone d'où le régime doit être délogé", selon M. Civiroglu.

"Il faut que le régime reconnaisse l'administration autonome comme un fait accompli", a dit Meskin Ahmed, une responsable de l'administration autonome.

Source : AFP

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