Crise du lait : "En Aveyron, certains ne s'en relèveront pas"

  • Depuis plusieurs semaines, les laitiers alertent sur leur situation très difficile.
    Depuis plusieurs semaines, les laitiers alertent sur leur situation très difficile. Ph. H.
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Recueilli par Ph. H.

Michaël Chavatte, responsable de la section bovin-lait à la FDSEA, revient sur cette semaine passée sur le front de la crise du lait.

Qu’elles ont été les suites de la rencontre avec Davy Hecht, responsable de la collecte auprès de Lactalis en Aveyron, il y a une semaine?

Nous lui avons exposé nos revendications sur le prix d’achat du lait qui est trop faible pour que les agriculteurs puissent survivre. Mais ce n’est pas ici, en Aveyron que cela se décide, mais à Laval, siège du groupe Lactalis. En revanche, cette semaine, nous allons rencontrer le préfet de région pour qu’il fasse remonter nos souhaits au gouvernement et accentuer la pression au niveau régional.

Que répond Lactalis à vos demandes?

On nous rétorque que le prix du lait sur le marché européen est plus bas. C’est vrai mais, en France, le produit est valorisé d’une manière différente, on transforme le produit laitier avec des produits qui ont plus de valeur ajoutée, donc le prix payé au producteur peut être supérieur.

Cette crise qui frappe les éleveurs laitiers est-elle pire que celle de 2009?

Oui, incontestablement. La crise de 2009 avait duré au moins six mois. Ici, cela va faire près d’un an que les producteurs connaissent d’énormes difficultés. De plus, les agriculteurs ont encore à supporter la précédente et les charges qu’elle a engendrées.

Quelle est la situation des fermes aveyronnaises? Sont-elles particulièrement touchées par cette crise?

Entre 500 et 600 exploitations en Aveyron vendent leur production au groupe Lactalis, sur un total de 1100 fermes. Plus de la moitié connaît donc des difficultés. Comme je l’ai dit, la précédente crise avait entraîné des pertes de l’ordre de 2000 à 4000 euros par exploitation. Or, ces pertes venaient tout juste d’être compensées. Aujourd’hui, certaines fermes ont perdu jusqu’à 20 000 euros.

Ces difficultés peuvent-elles mettre en péril des exploitations?

Bien sûr, certaines ne se relèveront pas de cette énième crise. Mais les dégâts causés ne se mesureront que dans deux ou trois ans. On peut déjà craindre une baisse des investissements sur les exploitations. Mais également un découragement chez certains, des non-reprises de fermes, etc. Si les dégâts causés par cette crise ne sont pas encore visibles, ils se mesureront très bientôt.

Qu’attendez-vous du gouvernement?

Bruxelles a débloqué une enveloppe de 150 millions d’aides d’urgence, (la France devrait percevoir 50 millions d’euros, NDLR), afin d’enrayer la spirale de baisse des cours du lait. Le gouvernement français peut doubler ce montant. Mais de toute façon, ces aides ne seront versées que dans six mois, au moins. Et malgré des signes plutôt positifs au niveau international, notamment du côté de la Chine qui revoit ses importations à la hausse, si le prix payé n’est pas revalorisé d’ici là, la situation sera impossible pour les producteurs.

Comment les consommateurs réagissent à vos actions?

Je pense qu’ils nous soutiennent et sont sensibles au sort des agriculteurs. De plus, malgré la baisse du prix payé aux producteurs, rien n’a changé pour le consommateur. Le prix du litre de lait est toujours aussi élevé pour lui.

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