Braquage du McDo : six ans après, toujours l’angoisse

  • Six ans après les faits, les traumatismes demeurent pour une partie des salariés présents cette nuit-là dans l'établissement.
    Six ans après les faits, les traumatismes demeurent pour une partie des salariés présents cette nuit-là dans l'établissement. CP
Publié le
PH.R.

Cinq des six personnes présentes au moment du braquage sont venues témoigner mercredi à la barre. 

Vu de loin, ce braquage du McDo de Villefranche-de-Rouergue peut apparaître comme une péripétie de plus au rang des faits divers, et ce au regard du maigre butin emporté (un peu plus de 4800 euros) et de la panique qui s’est emparée de ces braqueurs du dimanche. Mais pour le personnel présent ce soir-là, la violence de ce braquage, six ans après, demeure épouvantable. Ils sont venus témoigner, mercredi.

«À terre!», «Bombe, bombe»...

Des mots qui résonnent encore. Les coups de crosse, la bombe lacrymogène pulvérisée dans les yeux, ils n’ont pas oublié. Un employé lance: «J’ai pensé que j’allais mourir. Depuis, j’ai pris la décision de ne plus travailler dans un endroit où il y a de l’argent». Une autre, en larmes, raconte qu’elle était partie se cacher dans les toilettes. Driss Guassab, ex-employé qui a reconnu faire partie des trois braqueurs, lui a intimé l’ordre de sortir. Puis l’a tirée par les cheveux pour la mettre à terre avec les autres. Elle l’a insulté, il l’a frappée.

«Depuis, je ne peux plus travailler la nuit. Ça m’angoisse», dit-elle. Un autre, plutôt gaillard, il venait d’être papa depuis deux jours. Il ne devait pas travailler ce jour-là mais était venu donner un coup de main, car il y avait du monde. En pleurs, il raconte: «Quand le coup de fusil est parti, j’ai pensé à mon fils, à mon père qui était décédé un an avant». Aujourd’hui, il est incapable de rester seul la nuit venue.

«Les gens ne comprennent pas ce que j’ai vécu», glisse-t-il en sanglots. Une autre. Elle était enceinte de quatre mois. À terre, elle a été frappée à la tête. Après le braquage, elle a vécu avec l’angoisse d’être «tuée par celui qui était en fuite», à savoir Larbi Bamouss, parti en Espagne et arrêté en 2014. Incapable de rester seule chez elle, elle a quitté un travail sur Toulouse pour aller se réfugier chez sa mère. Dignement et courageusement, ces victimes ont témoigné de leurs hantises, plus de six ans après les faits. Elles ont affronté le regard de leurs agresseurs présumés. Et notamment celui de Driss Guassab. C’était leur ex-collègue. Ce braquage, aussi raté soit-il, est tout sauf insignifiant pour ces hommes et ces femmes, plongés depuis dans un véritable abîme.

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