La Syrie met "fin" à la trêve en multipliant raids et bombardements sur Alep

  • Un véhicule passe devant une affiche du président Bachar al-Assad à Homs, dans le centre de la Syrie, le 19 septembre 2016
    Un véhicule passe devant une affiche du président Bachar al-Assad à Homs, dans le centre de la Syrie, le 19 septembre 2016 AFP - LOUAI BESHARA
  • Bataille autour de Deir Ezzor
    Bataille autour de Deir Ezzor AFP - Jonathan JACOBSEN, Kun TIAN
  • Des bâtiments détruits dans le quartier de Juret al-Shayah à Homs aux mains des forces du régime, le 19 septembre 2016
    Des bâtiments détruits dans le quartier de Juret al-Shayah à Homs aux mains des forces du régime, le 19 septembre 2016 AFP - LOUAI BESHARA
  • Un camion de la Croix Rouge traverse la localité de Talbisseh, près de Homs, tenue par les forces anti-régime, le 19 septembre 2016
    Un camion de la Croix Rouge traverse la localité de Talbisseh, près de Homs, tenue par les forces anti-régime, le 19 septembre 2016 AFP - MAHMOUD TAHA
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Centre Presse Aveyron

L'armée syrienne a déclaré lundi la "fin" de la trêve des combats initiée il y a une semaine par les Etats-Unis et la Russie, une annonce suivie de raids et de bombardements sur les quartiers rebelles d'Alep.

L'armée du régime de Bachar al-Assad "annonce la fin du gel des combats qui a débuté à 19H00 (16H00 GMT) le 12 septembre conformément à l'accord Etats-Unis/Russie", a-t-elle indiqué à Damas une heure avant son expiration.

Moins de deux heures après, des raids aériens incessants ont visé plusieurs quartiers rebelles dans l'est d'Alep, a rapporté un correspondant de l'AFP. Selon lui, les bombardements sont intenses et les sirènes des ambulances sont entendues partout alors que des incendies se sont déclarés dans plusieurs parties du secteur rebelle.

L’Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a confirmé les raids et les bombardements sur la ville ainsi que sur la province du même nom. Il n'était toutefois pas en mesure de déterminer la nationalité des appareils.

La ville d'Alep est divisée depuis juillet 2012 entre quartiers aux mains des rebelles et ceux contrôlés par le régime.

Face à la gravité de la situation, le Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), qui rassemble depuis novembre 2015 une vingtaine de pays et d'organisations internationales -dont les Etats-Unis, la Russie, l'Arabie saoudite, la Turquie et l'Iran- se réunira mardi à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, a annoncé lundi la diplomatie américaine.

La fin de la trêve survient alors que les timides espoirs suscités initialement par l'accord russo-américain s'étaient nettement refroidis ces derniers jours avec la reprise des combats et des échanges virulents entre les deux grandes puissances.

Le chef de la diplomatie américaine John Kerry avait pourtant assuré lundi vouloir encore croire au maintien de la trêve. Elle "tient mais reste fragile", a-t-il déclaré à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU où le dossier syrien tiendra une grande place.

Mais la Russie s'était montrée nettement moins optimiste, multipliant ses critiques vis-à-vis de Washington et de ses alliés.

Le général Sergueï Roudskoï a ainsi déclaré que "compte tenu du fait que les rebelles ne respectent pas le régime de cessez-le-feu, son respect unilatéral par les forces gouvernementales syriennes n'a pas de sens".

- 'Agression flagrante' -

En annonçant la fin de la trêve, l'armée syrienne en a fait porter la responsabilité aux groupes rebelles qui n'ont "pas respecté une seule disposition" de l'accord. Damas a répertorié plus de 300 violations de la trêve par ces groupes.

Les rebelles et l'opposition n'avaient pas formellement approuvé l'accord russo-américain, dont ils critiquaient l'absence de garanties.

Un peu avant l'annonce de son armée, le président Assad a accusé les Etats-Unis d'avoir commis une "agression flagrante" en menant samedi un raid contre son armée à Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie, qui a fait au moins 90 morts.

La coalition a affirmé que ce bombardement était une erreur de cible puisqu'elle croyait viser des jihadistes du groupe Etat islamique (EI), présents dans la zone. Mais Damas a rejeté cette explication en dénonçant un raid "délibéré" selon la conseillère du président Assad, Bouthaina Chaabane

A la faveur de ces frappes, les jihadistes de l'EI ont réussi à s'emparer du mont Thourda, qui domine l'aéroport de Deir Ezzor tenu par le régime, selon une source militaire. Avec cette position, les jihadistes peuvent empêcher les mouvements des avions et des hélicoptères.

- Pas d'aide à Alep -

Un autre objectif de la trêve était l'acheminement de l'aide humanitaire vers les villes assiégées, mais celui-ci ne s'est fait qu'au compte-goutte. Et, surtout, aucun des camions remplis de nourriture et de médicaments n'a pu rejoindre les quartiers rebelles d'Alep, pourtant une priorité absolue selon l'accord de cessez-le-feu.

"Nous sommes bien sûr frustrés par le fait qu'il n'y a aucun progrès concernant Alep", a déclaré à l'AFP David Swanson, un porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

Cette aide était attendue avec impatience par les habitants, à l'instar de Mohammad Saber, qui vend des cacahouètes et des pistaches dans le quartier rebelle de Boustane al-Qasr.

"Je n'ai plus rien dans mon magasin. Je l'ouvre quelques heures par jour pour passer le temps car rester chez moi me déprime. Il y un mois que je n'ai pas été livré", se désole le commerçant, assis devant son échoppe, une cigarette à la main.

Au total en une semaine de trêve, 27 civils, dont 9 enfants, ont perdu la vie, selon l'OSDH.

Source : AFP

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