Souffrance animale dans les abattoirs: les députés veulent lever "l'omerta"

  • Le président de la Commission parlementaire chargé d'enquêter sur les abattoirs Olivier Falorni, dans un abattoir à Surgères (Charente-Maritime), le 20 juin 2016
    Le président de la Commission parlementaire chargé d'enquêter sur les abattoirs Olivier Falorni, dans un abattoir à Surgères (Charente-Maritime), le 20 juin 2016 AFP/Archives - XAVIER LEOTY
  • L'abattoir municipal de Haguenau (est de la France) le 21 juillet 2016
    L'abattoir municipal de Haguenau (est de la France) le 21 juillet 2016 AFP/Archives - FREDERICK FLORIN
  • Abattoir municipal de Pezenas (Hérault), le 29 juin 2016
    Abattoir municipal de Pezenas (Hérault), le 29 juin 2016 AFP/Archives - PASCAL GUYOT
Publié le
Centre Presse Aveyron

Imposer le contrôle vidéo des postes d'abattage et encourager une forme d'étourdissement dans les filières halal et casher: la commission d'enquête parlementaire sur les abattoirs a présenté mardi 65 propositions pour mettre fin aux scandales de mauvais traitements d'animaux.

Ces propositions sont le "fruit d'un choc violent, le mien et celui de millions de français, qui ont vus les vidéos de l'association L214", laquelle a ainsi joué son rôle de lanceur d'alerte, a rappelé le président de la commission, le député Olivier Falorni (Radicaux de gauche).

Ces vidéos choquantes d'animaux mal étourdis, accrochés vivants sur la chaine de découpe avaient mis en lumière "l'omerta qui régnait sur les abattoirs", a-t-il ajouté.

La commission d'enquête a planché six mois sur le traitement des animaux de boucherie dans les abattoirs français et, pour que de tels scandales ne se reproduisent pas, elle veut accroître les contrôles et la transparence.

Les députés proposent de rendre obligatoire l'installation de caméras "dans toutes les zones des abattoirs dans lesquelles des animaux vivants sont manipulés". Cette disposition fera l'objet d'une proposition de loi car "ce contrôle vidéo doit être encadré par la loi afin d'en délimiter strictement les finalités et éviter qu’il devienne un outil de surveillance des salariés", selon la commission.

L'interprofession de la viande, Interbev, qui représente également les abattoirs, n'est "pas contre" le contrôle vidéo s'il est installé "dans tous les abattoirs sans exception", mais demande une "phase d'expérimentation", a indiqué à l'AFP son président Dominique Langlois.

Les députés préconisent également "d'augmenter le recrutement de vétérinaires et de techniciens supérieurs du ministère de l'Agriculture", en vue de rendre obligatoire dans les abattoirs de plus de 50 salariés "la présence permanente d'un agent des services vétérinaires aux postes d'étourdissement et de mise à mort".

Ils demandant en outre que la formation des personnels soit renforcée et complétée par "une réelle formation pratique".

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a demandé à ses services "une expertise approfondie des conclusions et recommandations". Il annonce également la publication prochaine d'un bilan des derniers contrôles effectués.

- Un comité d'éthique -

Pour le rapporteur Jean Yves Caullet (PS), l'acte fondateur de ce plan sera la mise en place d'un comité national d'éthique des abattoirs, preuve d'une prise de conscience des institutions. Ce dispositif devra être complété par des comités locaux de suivi de chaque abattoir, réunissant tous les intervenants, y compris "les représentants religieux dans la mesure où il est pratiqué un abattage rituel".

Concernant justement l'abattage rituel, les parlementaires proposent de modifier le code rural, dans sa partie réglementaire, pour préciser que "l'étourdissement réversible" est possible en cas d'abattage rituel, ce qui encouragerait une telle pratique.

"L'abattage sans étourdissement ne nous satisfait pas et nous souhaitons des évolutions qui sont possibles", en favorisant la discussion avec les représentants des cultes juifs et musulmans, a plaidé M. Falorni. En revanche, interdire l'abattage sans étourdissement ne serait "pas efficace", estime M. Caullet, car "une telle interdiction serait contestée" en justice.

Mais la commission préconise toutefois de "prévoir, sous le contrôle de l’État, une formation pratique des +sacrificateurs+ (les tueurs agréés par les cultes religieux) et subordonner l'agrément religieux à la détention établie de cette compétence technique".

Dans une déclaration écrite à l'AFP, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, "salue la volonté des députés de garantir le bien-être animal - rappelant d'ailleurs qu'il est au cœur des préoccupations du judaïsme depuis 3.500 ans - comme la préservation de l'abattage rituel, signe de leur attachement intangible à la laïcité et au libre exercice du culte".

L'association L214 a lancé mardi une pétition pour "interdire l'abattage des animaux sans étourdissement préalable", et annoncé son intention de porter plainte contre un abattoir de la Vienne pour des "infractions" commises selon elle durant l'abattage rituel de moutons pour la fête musulmane de l'Aïd.

La SPA s'est dite "heureuse" que commission prône l'emploi de la vidéo, comme elle le défendait, tandis que la Fondation Brigitte Bardot estime que "les pistes dévoilées ce matin ne vont pas assez loin", et juge "impératif d'interdire l'égorgement des animaux sans étourdissement préalable".

Par ailleurs, des écologistes et des personnalités ont signé une tribune en faveur du végétarisme, dans Le Monde daté de mercredi.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?