Le FMI sonne l'alarme contre la "menace" protectionniste

  • Christine Lagarde, directrice générale du FMI, le 30 septembre 2016 au siège de l'institution à Washington
    Christine Lagarde, directrice générale du FMI, le 30 septembre 2016 au siège de l'institution à Washington AFP/Archives - ZACH GIBSON
  • Le chef économiste du FMI, Maurice Obstfeld, le 12 avril 2016 à Washington
    Le chef économiste du FMI, Maurice Obstfeld, le 12 avril 2016 à Washington AFP/Archives - MOLLY RILEY
  • Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale, le 1er juin 2016 à Washington
    Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale, le 1er juin 2016 à Washington AFP/Archives - NICHOLAS KAMM
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Centre Presse Aveyron

De l'ascension de Donald Trump en passant par le Brexit, le protectionnisme a la cote sur le globe et donne des sueurs froides au FMI, qui y voit un péril majeur pour une économie planétaire en berne.

"Les pressions croissantes vers des mesures de repli constituent une menace exceptionnelle pour la croissance mondiale", résume le Fonds monétaire international dans ses nouvelles projections économiques publiées mardi.

En l'absence de cataclysme imminent à l'horizon, le Fonds a certes laissé inchangées ses prévisions de croissance mondiale pour cette année (3,1%) comme pour 2017 (3,4%), réaffirmant son diagnostic dressé en juillet.

Mais, note le FMI, six ans après la crise financière, l'économie mondiale donne encore des signes de grande "fragilité" et semble bien loin de renouer avec la rapide expansion des années 2000 (5,6% en 2007).

Cette croissance morose, qui s'accompagne d'un chômage persistant, de salaires stagnants et d'inégalités croissantes, a désormais un coût, selon le FMI: elle nourrit un discours "accusant la mondialisation de tous les maux" et prônant le repli sur soi économique.

"Tourner le dos au commerce ne peut qu'aggraver et prolonger le marasme actuel de l'économie mondiale", affirme le chef économiste du FMI, Maurice Obstfeld.

Aux-Etats-Unis, le candidat républicain à la Maison Blanche, Donald Trump, veut pourtant rétablir des droits de douane et tire à vue sur le libre-échange. Poussée sur sa gauche, sa rivale démocrate Hillary Clinton, a, elle, fini par prendre position contre le traité de libre-échange TPP signé par les Etats-Unis et 11 pays d'Asie-Pacifique.

Etats-Unis "La rhétorique anti-immigrants et anti-commerce a été centrale depuis le début de la campagne présidentielle", déplore le FMI, sans toutefois directement nommer le candidat républicain.

Interrogé en conférence de presse sur l'impact économique d'une présidence Trump, le chef économiste du FMI a toutefois lancé une mise en garde voilée.

Union européenne Son élection marquerait "un changent radical dans la position traditionnelle des Etats-Unis notamment sur la politique commerciale", a estimé M. Obstfeld.

Brexit "Cela introduit un élément d'incertitude dans l'équation (...) et l'incertitude n'est pas une bonne chose pour les investisseurs et l'emploi", a-t-il ajouté.

Le vote britannique de la fin juin en faveur d'une sortie de l'UE a, lui, "nourri le nationalisme en Europe" et risque de freiner l'intégration dans la région, redoute le FMI.

L'état futur des relations économiques entre la Grande-Bretagne et les Etats membres de l'UE reste flou, déplore le Fonds au moment où refait surface le scénario d'un divorce "sans compromis" entre les anciens partenaires.

Après avoir joué les Cassandre, le FMI s'est certes montré rassurant dans son rapport, révisant même à la hausse la projection de croissance britannique cette année.

Mais les négociations sur la sortie effective de l'UE, qui doivent débuter en 2017, sont porteuses de risques, a averti M. Obstfeld.

"Le processus (...) implique beaucoup d'incertitudes et il y a déjà des signes de reports d'investissements dans l'économie britannique", a-t-il prévenu.

Afrique - Morosité -

Naviguant à contre-courant, le FMI appelle les Etats à renforcer leur coopération au moment où pays riches comme émergents peinent à trouver un second souffle.

Les Etats-Unis ont ainsi "perdu de leur élan" sur fond d'investissements des entreprises en berne et d'appréciation du dollar. Sanction: le FMI sabre la prévision de croissance du pays de 0,6 point, à 1,6% cette année.

L'économie chinoise devrait certes bondir de 6,6% cette année mais le FMI déplore "l'absence de progrès" du pays pour freiner l'explosion de la dette des entreprises.

L'Afrique sub-saharienne, touchée de plein fouet par la chute des cours des matières premières, ne devrait, elle, plus croître que de 1,4% cette année, soit le rythme le plus lent depuis 24 ans.

Ce tableau morose de l'économie mondiale pourrait encore être assombri par des tensions géopolitiques, assure le FMI.

"Les actes récurrents de terrorisme, les guerres civiles prolongées qui s'étendent aux régions voisines et de graves crises de santé publique liées au virus Zika pourraient avoir un lourd impact sur la confiance des marchés avec des répercussions négatives sur la demande et l'activité", détaille le FMI.

Seuls motifs d'optimisme, la zone euro semble se redresser (1,7% attendu cette année) malgré les craintes liées à son secteur bancaire et notamment au sort de la Deutsche Bank, tandis que la récession en Russie devrait être moins sévère que prévu cette année.

Source : AFP

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