Université: accord pour une sélection à l'entrée du master

  • La ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem, le 26 septembre 2016 à Grenoble
    La ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem, le 26 septembre 2016 à Grenoble AFP/Archives - JEAN PIERRE CLATOT
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Centre Presse Aveyron

Le terme, hautement polémique, n'est pas employé mais il y aura bien, dès la rentrée 2017, une sélection à l'entrée du master, selon un accord conclu mardi par la ministre de l'Éducation nationale, les organisations étudiantes et les présidents d'université.

Un "compromis historique", a affirmé Najat Vallaud-Belkacem après avoir reçu les parties prenantes au ministère.

De fait, chacun a fait un pas: sur ce thème, largement tabou à gauche, syndicats étudiants et présidents d'université s'opposaient, les premiers refusant d'entendre parler d'une sélection jugée nécessaire par les seconds. En contrepartie, les universités ont accepté de garantir un droit à la poursuite des études, réclamé par les organisations étudiantes.

Cet accord doit "mettre fin à des dysfonctionnements des masters", qui faisaient qu'un étudiant en première année de master pouvait se retrouver dans l'impossibilité de poursuivre en deuxième année, a expliqué la ministre.

"C'est à l'entrée du master que les universités peuvent recruter les étudiants selon leur niveau pédagogique, leur projet professionnel. Et une fois que les étudiants y sont, ils y sont pour quatre semestres", a-t-elle expliqué, se gardant d'employer le terme de sélection. Parallèlement, "nous instaurons dans la loi un droit à la poursuite d'études pour tous ceux qui le souhaitent".

Le dispositif s'accompagnera d'une plateforme, "trouvermonmaster.gouv.fr", qui listera l'offre sur le plan national, et d'un fonds, au montant encore à déterminer, pour aider à la mobilité des étudiants qui n'auront pas obtenu un master dans leur université, a-t-elle précisé.

Cette plateforme, qui ne fournira que des informations et n'effectuera pas de gestion de voeux, devrait être prête en janvier prochain car la réforme doit être inscrite "le plus rapidement possible dans la loi, pour s'appliquer à la rentrée 2017".

Il sera très difficile de la "détricoter par la suite", au regard du consensus obtenu entre tous les partenaires, a estimé la ministre à sept mois de la présidentielle.

Le secrétaire d'Etat à l'Enseignement supérieur Thierry Mandon s'est dit "heureux et ému", estimant que les promesses avancées au printemps avaient été "tenues".

- "Insécurité juridique" -

Les facultés de droit et de psychologie pourront toutefois sélectionner entre la première (M1) et la deuxième année (M2), car plusieurs concours se passent après l'obtention du M1.

Le candidat refusé au master de son choix pourra solliciter le recteur, qui devra lui faire trois propositions, dont l'une disponible dans l'établissement où l'étudiant a obtenu sa licence, ou, à défaut, un établissement de sa région académique.

La Conférence des présidents d'université (CPU) a salué "une solution à un problème qui empoisonne la vie des universités et de leurs étudiants depuis maintenant près de dix ans". Cet accord "permettra aux établissements de sortir de l'insécurité juridique", ajoute-t-elle.

Jimmy Losfeld, président de la Fage, syndicat étudiant, a tenu à "récuser le terme de sélection", car "la sélection c'est l'exclusion". Or cette réforme permet à tous les titulaires d'une licence désireux de poursuivre ses études de s'inscrire à un master, a-t-il dit.

Lilâ Le Bas, la présidente de l'Unef, premier syndicat étudiant, a mis l'accent elle aussi sur "le droit à la poursuite d'études".

Le master est un cycle de deux ans (M1 et M2) qui fait suite à la licence et qui a été créé en 2002 pour remplacer la maîtrise (bac+4) et les DEA ou DESS (bac+5). La sélection, qui existait auparavant à la fin de la maîtrise, pour entrer en DEA ou DESS, avait été conservée et se retrouvait donc en milieu du cycle de master.

Cette sélection était interdite mais pratiquée par les universités, faute de places suffisantes dans certains masters très demandés.

Face à la multiplication de recours en justice de la part d'étudiants refusés, le ministère a adopté au printemps 2016 un décret autorisant quelque 1.300 masters M2 à sélectionner leurs étudiants entre le M1 et le M2. Une solution conçue pour être temporaire.

Source : AFP

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