L’avenir de la maternité de Decazeville en questions... sans réponse

  • Avec le drame vécu la semaine dernière, l’établissement est dans la tourmente.
    Avec le drame vécu la semaine dernière, l’établissement est dans la tourmente. CP
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La maternité decazevilloise se bat pour sa survie depuis plus de 20 ans. Les terribles décès qui sont survenus la semaine dernière ouvrent la porte à bien des hypothèses quant à l’avenir de l’établissement

On ne discutera évidemment pas le drame humain que peut représenter la mort d’une mère et de son enfant, tel que cela s’est déroulé la semaine dernière, à la maternité de Decazeville. Seules, la compassion et la tristesse peuvent accompagner une situation aussi douloureuse.

L’étendard de la sécurité

Ceci dit, en se situant malgré tout au-delà de ce terrible drame, plusieurs questions peuvent et doivent sans doute être posées au sujet de la maternité decazevilloise. Ce service est dans le collimateur de la tutelle depuis le milieu des années quatre-vingt-dix. Sans une mobilisation populaire exceptionnelle, nul doute que l’établissement serait aujourd’hui fermé. Ce qui n’empêche pas l’Agence régionale de santé (ARS) de revenir régulièrement à la charge, faisant de temps à autre planer de nouvelles menaces plus ou moins frontales de fermeture. On pourrait donc légitimement se demander si le terrible événement qui vient de se passer n’apporte pas de l’eau au moulin de l’ARS, elle qui brandit depuis des années l’étendard de la sécurité comme premier argument à une mise sous clé du service. 

Ça se passe ailleurs

Une ARS qui, par ailleurs, jure qu’il est habituel pour elle d’envoyer un communiqué de presse au milieu de la nuit pour faire savoir à tous la survenue de ce type de drame. On pourrait en douter. Car, malheureusement, des accidents de ce type surviennent « aussi » dans de grosses, voire de très grosses maternités, sans que le grand public n’en sache jamais rien.  À moins que les familles concernées ne portent plainte. Autre question, à laquelle l’ARS n’a cette fois pas souhaité répondre :

Est-il normal qu’un service subisse une fermeture administrative de trois mois à la suite d’un tel problème ? Impossible de vraiment savoir, même si quelques précédents ont été identifiés, à la maternité de Vire (Normandie), en 2011, et à celle de Montbéliard (Doubs), en 2014. Mais dans le cas où les enquêtes administratives et judiciaires dédouaneraient le personnel médical et mettraient donc ces deux décès sur le compte de la fatalité, il semblerait que les trois mois de fermeture administrative, décidée par arrêté, resteraient d’actualité. Avec les conséquences que l’on imagine.

Contre-publicité

Car il apparaît évident que la contre-publicité ainsi faite à la maternité decazevilloise pourrait bien ressembler à un coup fatal. Au-delà des futures mamans qui devaient accoucher à Decazeville dans les prochaines semaines, d’ores et déjà réorientées vers des établissements voisins, qu’en sera-t-il de celles, dans un avenir incertain, qui vont inévitablement se poser des questions sur la qualité du service ? Avec, comme conséquence, une probable chute de fréquentation et, de fait, un passage sous la barre fatidique des 300 accouchements par an. Quelle serait alors la réaction des syndicats et de la population si la maternité decazevilloise se retrouvait condamnée de par une décision pour le moins radicale, alors même que sa responsabilité ne serait pas engagée ? 

Les choses vont aller vite

À l’inverse, on imagine que ces mêmes syndicats et cette même population resteront probablement de marbre s’il s’avère que les décès de la maman et de son bébé relèvent d’une erreur médicale. Auquel cas, la maternité de Decazeville aura sans doute vécu. Nous n’en sommes pas là, ni dans un sens, ni dans l’autre. Mais selon toute vraisemblance, les choses devraient aller très vite et, dès cette semaine, on devrait en savoir plus sur le pourquoi et le comment de ce terrible drame.

Malgré plusieurs appels, l’ARS n’a pas apporté de réponse sur certaines questions que nous lui avons posées.

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