Un agriculteur sur trois gagne moins de 354 euros par mois

  • La crise conjoncturelle et structurelle de l' agriculture touche tous les secteurs, surtout les exploitants laitiers et les éleveurs bovins.
    La crise conjoncturelle et structurelle de l' agriculture touche tous les secteurs, surtout les exploitants laitiers et les éleveurs bovins. CP
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Centre Presse Aveyron

Agriculture. En 2015, 30% des agriculteurs imposés au régime réel ont eu des revenus équivalents à 354 euros par mois.Ils étaient 18% dans cette situation en 2014.

Appels au secours, explosion des demandes de primes d'activité : la sinistrose s'étend chaque semaine un peu plus dans le monde paysan, selon la MSA, la sécurité sociale des agriculteurs, qui tente d'apporter des solutions à un secteur "résigné" face à une crise persistante.

Signe de cette précarité croissante dans le monde paysan, l'explosion de la demande de primes d'activité, le nouveau dispositif pour les travailleurs à revenu modeste qui a remplacé le RSA activité. Alors que la MSA attendait 60.000 demandes pour l'ensemble de 2016, elle en est déjà à 200 000 depuis le début de l'année. 

Elles concernent pour un tiers les chefs d'exploitation, et pour deux tiers les salariés agricoles. L'explosion des demandes s'explique assez facilement: en 2015, 30% des agriculteurs imposés au régime réel ont eu des revenus équivalents à 354 euros par mois. En 2014, ils étaient 18% dans cette situation, relève la MSA, inquiète de l'évolution pour 2016, alors que les chiffres concernant les récoltes de l'année n'en finissent pas de dégringoler. 

900 travailleurs sociaux

La crise conjoncturelle et structurelle de l' agriculture touche tous les secteurs, surtout les exploitants laitiers et les éleveurs bovins. Mais cette année, les céréaliers ont aussi vu fondre la production de blé tendre de 32% en raison de la mauvaise météo. Si, au départ, c'était surtout les exploitants qui appelaient pour se confier, la MSA note que ce sont désormais le plus souvent les épouses qui contactent Agri'écoutes, "par rapport au désarroi de leur mari". "Les hommes ont sans doute plus de pudeur, ou de fierté. Il est très difficile de s'avouer qu'on est en échec professionnel", explique Michel Brault, directeur général de la MSA.

"Lorsqu'il n'y a plus de revenus qui rentrent, un fort endettement, l'homme n'ose plus appeler. Il se réfugie dans le travail, ne s'occupe plus des papiers, des échéances, c'est le conjoint qui est confronté à cela", ajoute-t-il. "L'enjeu pour nous, c'est de passer d'une cellule d'écoute anonyme à la prise de contact directe pour pouvoir accompagner" l'agriculteur, souligne M. Brault.

Le défi est énorme

Selon des chiffres publiés la semaine passée par Santé Publique France et la MSA, près de 300 agriculteurs se sont suicidés en 2010 et 2011, sur une population de 480.000 personnes. Avec une surmortalité particulièrement marquée chez les éleveurs bovins (lait et viande) âgés de 45 à 54 ans. Pour y répondre, le directeur général de la MSA compte sur ses 900 travailleurs sociaux présents sur tout le territoire mais s'inquiète des "départs en retraite" en affichant la crainte "qu'ils ne soient pas remplacés".

Concernant le dispositif de remplacement gratuit mis en place par le gouvernement pour permettre aux exploitants de souffler, M. Brault affirme qu'assez "assez peu d'agriculteurs ont demandé à en bénéficier": "L'agriculteur ne ressent pas le besoin de partir en vacances, pour lui, c'est un sentiment de fuite devant ses problèmes."

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