Yémen: une fragile trêve entre en vigueur

  • Un combattant yémenite loyal aux forces gouvernementales dans les rues d'Aden le 13 octobre 2016
    Un combattant yémenite loyal aux forces gouvernementales dans les rues d'Aden le 13 octobre 2016 AFP - SALEH AL-OBEIDI
  • Un véhicule détruit dans le port de Hodeihah, le 13 octobre 2016 au Yémen
    Un véhicule détruit dans le port de Hodeihah, le 13 octobre 2016 au Yémen AFP/Archives - STRINGER
  • Des Yéménites remplissent des jerricans d'eau le 18 octobre 2016 dans le port d'Hodeidah
    Des Yéménites remplissent des jerricans d'eau le 18 octobre 2016 dans le port d'Hodeidah AFP - STRINGER
  • Jamie McGoldrick, le coordinateur humanitaire de l'ONU donne une conférence de presse à Sanaa, le 19 octobre 2016
    Jamie McGoldrick, le coordinateur humanitaire de l'ONU donne une conférence de presse à Sanaa, le 19 octobre 2016 AFP - MOHAMMED HUWAIS
Publié le
Centre Presse Aveyron

Un cessez-le-feu de 72 heures initié par l'ONU et accepté par les protagonistes est entré en vigueur comme prévu mercredi vers minuit au Yémen mais il n'a pas empêché de nouveaux actes de violence.

Cette trêve renouvelable, annoncée lundi par le médiateur de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, est la sixième tentative de cesser les hostilités entre les rebelles chiites Houthis et les forces progouvernementales depuis l'intervention en mars 2015 au Yémen d'une coalition arabe sous commandement saoudien.

Peu avant son entrée en vigueur à 23H59 locales (20H59 GMT), la coalition, les forces progouvernementales et les rebelles ont tour à tour affirmé cesser les hostilités et menacé de riposter en cas de violation de cette pause dans la guerre qui déchire le Yémen depuis plus de 18 mois.

Mais en moins d'une heure, des actes de violences ont repris notamment autour de Taëz, grande ville du sud-ouest, dont certains quartiers ont été bombardés par les rebelles, provoquant des accrochages avec les forces loyalistes, ont rapporté des sources militaires et des habitants.

Des positions favorables au président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par la coalition de pays arabo-sunnites, ont également essuyé des tirs dans la province de Marib, à l'est de Sanaa, selon les sources militaires loyalistes.

Sur la mer Rouge, trois combattants progouvernementaux ont été tués près de Midi, une ville portuaire de la province de Hajja, frontalière de l'Arabie saoudite, par les rebelles, qui ont lancé après minuit une contre-offensive pour tenter de reprendre des positions perdues avant le début de la trêve, a indiqué à l'AFP un officier loyaliste, le colonel Abdel Ghani al-Chebli.

"Les rebelles n'avaient pas respecté les précédentes trêves, et nous avons des directives pour riposter. Nous sommes en position de défense", a-t-il ajouté sans parler de violation du cessez-le-feu.

Pourtant, le porte-parole militaire des rebelles, le général Sharaf Lokman, a affirmé peu auparavant "respecter le cessez-le-feu dans le temps imparti dès lors que l'ennemi s'y conforme totalement aux plans terrestre, naval et aérien".

Pour sa part, un porte-parole des forces progouvernementales a déclaré "respecter la trêve" mais aussi "se réserver le droit de riposter en cas de violation".

A Ryad, le commandement de la coalition arabe a annoncé "cesser les opérations militaires" tout "en maintenant le blocus" et "les vols de reconnaissance des mouvements des Houthis et de leurs alliés", les forces fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh.

Dans la journée, des combats et des raids aériens ont fait des dizaines de morts, principalement dans le nord, près de la frontière saoudienne.

Des experts estiment cependant que cette trêve a plus de chances de tenir en raison de fortes pressions internationales sur les belligérants et du prix élevé qu'ils payent dans cette guerre.

- 'levée du blocus' -

La trêve intervient dans un contexte d'enlisement du conflit qui a fait 6.900 morts, 35.000 blessés, déplacé trois millions de personnes et dévasté l'économie.

Elle suit une escalade marquée par une énorme bavure de l'aviation de la coalition, qui a coûté la vie à 140 personnes et blessé 525 autres le 8 octobre à Sanaa.

Le conflit a connu un autre développement majeur: des tirs de missiles contre des navires de l'US Navy en mer Rouge et une riposte américaine contre des batteries de radar en zone rebelle.

La communauté internationale --Washington en tête-- a multiplié les pressions sur les belligérants: le gouvernement du président Hadi et les Houthis pro-iraniens.

Mardi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a demandé non seulement le respect de la trêve mais aussi son renouvellement sans conditions.

Mais le gouvernement Hadi a posé comme conditions la mise en place d'un comité d'observation de la trêve, la fin du siège de Taëz, encerclée par les rebelles, et la distribution sans entrave de l'aide humanitaire.

Les rebelles ont réclamé "un cessez-le-feu durable (...) et la levée du blocus imposé" par la coalition.

- Paix possible -

Les chances d'une trêve durable semblent réelles, affirme l'analyste Mustafa Alani.

"Les grandes puissances sont impliquées cette fois avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne qui exercent des pressions sur les parties", a-t-il expliqué à l'AFP.

"En même temps, (les belligérants) sont épuisés en raison du coût humain et financier du conflit. Les parties pensent qu'elles ne peuvent plus le gagner militairement", poursuit ce spécialiste des questions de sécurité au Gulf Research Center basé à Genève.

M. Kerry, dont le pays est l'allié de l'Arabie saoudite mais qui la critique sur les victimes civiles de la guerre, a souligné que la trêve est essentielle pour "conclure un règlement négocié".

Le cessez-le-feu "doit être la première étape vers la reprise des négociations sous les auspices de l'Onu", a estimé la chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini.

Source : AFP

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