Génocide rwandais: le procès en appel de Simbikangwa ouvert à Bobigny

  • Pascal Simbikangwa, ex-officier de la garde présidentielle rwandaise, arrive aux assises de Bobigny pour son procès en appel, le 25 octobre 2016
    Pascal Simbikangwa, ex-officier de la garde présidentielle rwandaise, arrive aux assises de Bobigny pour son procès en appel, le 25 octobre 2016 AFP - BERTRAND GUAY
  • L'avocat de l'ex-capitaine rwandais Pascal Simbikangwa, Me Fabrice Epstein, discute avec une collègue aux assises de Bobigny avant l'ouverture du procès en appel de son client, le 25 octobre 2016
    L'avocat de l'ex-capitaine rwandais Pascal Simbikangwa, Me Fabrice Epstein, discute avec une collègue aux assises de Bobigny avant l'ouverture du procès en appel de son client, le 25 octobre 2016 AFP - BERTRAND GUAY
  • Des boîtes de documents et archives relatifs au procès de l'ex-capitaine rwandais Pascal Simbikangwa, le 25 octobre 2016 aux assises de Bobigny pour son procès en appel
    Des boîtes de documents et archives relatifs au procès de l'ex-capitaine rwandais Pascal Simbikangwa, le 25 octobre 2016 aux assises de Bobigny pour son procès en appel AFP - BERTRAND GUAY
  • Le génocide de 1994 au Rwanda
    Le génocide de 1994 au Rwanda AFP - Paz PIZARRO, Alain BOMMENEL
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Centre Presse Aveyron

Le procès en appel de Pascal Simbikangwa, premier Rwandais condamné en France pour sa participation aux massacres de 1994, qui nie toutes les charges, s'est ouvert mardi aux assises de Bobigny.

Cet ex-officier de la garde présidentielle rwandaise, reconverti dans la police politique après l'accident qui l'a laissé paraplégique en 1986, avait été condamné en 2014 à 25 ans de réclusion criminelle pour génocide et complicité de crimes contre l'humanité.

Il comparaît en appel pour "complicité de génocide" et "complicité de crimes contre l'humanité".

"J'étais militaire et après mon accident j'ai travaillé dans le civil", s'est-il présenté à la cour mardi. Il est apparu dans le box des accusés, assis sur un fauteuil roulant, veste en cuir marron zippée jusqu'au cou et pantalon de jogging gris. Sur ses genoux, un petit bloc-notes et un stylo.

L'accusation lui reproche d'avoir, dans la capitale Kigali et dans sa région natale de Gisenyi (nord-ouest), organisé les barrages routiers au passage desquels étaient filtrés et exécutés les Tutsis, d'avoir donné des instructions et livré des armes aux miliciens Interahamwe.

Tout au long de son premier procès devant la cour d'assises de Paris, Simbikangwa n'avait cessé de minimiser son rôle et sa compréhension des massacres à l'époque. Il avait ainsi répété à la stupéfaction générale n'avoir vu aucun cadavre pendant les 100 jours d'avril à juillet 1994, au cours desquels au moins 800.000 personnes, en majorité Tutsis ainsi que des Hutus modérés, ont été massacrées.

Depuis ce procès "historique", le tout premier en France d'un Rwandais pour le génocide de 1994, un deuxième a eu lieu, celui de deux anciens bourgmestres, Octavien Ngenzi et Tito Barahira. Ils ont été condamnés à perpétuité en mai 2016 pour leur participation au génocide et ont fait appel.

- Perpétuité ? -

Pascal Simbikangwa, 56 ans, détenu depuis 2009, risque lui aussi la perpétuité lors de ce nouveau procès, qui doit durer jusqu'au 9 décembre.

Une cinquantaine de témoins viendront déposer, dont certains, emprisonnés au Rwanda, seront entendus par visioconférence.

"Il va falloir tout recommencer, ce second procès ne nous réjouit pas", a déclaré à l'AFP, Alain Gauthier du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), l'une des cinq associations parties civiles au procès.

Arrêté à Mayotte en 2008 pour trafic de faux papiers, Simbikangwa est jugé en France au titre de la "compétence universelle" qui permet à un Etat de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves, quels que soient le lieu où il a été commis et la nationalité des auteurs ou des victimes.

En 2014, l'ex-capitaine avait été condamné pour les faits qui lui étaient reprochés à Kigali mais acquitté de ceux qui lui étaient imputés à Gisenyi, les témoignages "laissant présumer une certaine concertation entre eux peu compatible avec la vérité", selon la cour.

Un point capital pour ses avocats, Fabrice Epstein et Alexandra Bourgeot, qui avaient critiqué lors du premier procès un dossier reposant uniquement sur des témoignages, qu'ils s'étaient attachés à mettre en doute.

Ils avaient aussi dénoncé un "procès politique", qui tombait à pic, à quelques semaines du vingtième anniversaire d'un génocide dans lequel le rôle de la France a été très critiqué.

Source : AFP

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