Venezuela: menacé de destitution, le président Maduro riposte

  • Vote des députés lors d'une session extraordinire du Parlement, le 25 octobre 2016 à Caracas
    Vote des députés lors d'une session extraordinire du Parlement, le 25 octobre 2016 à Caracas AFP - JUAN BARRETO
  • Le président du Venezuela Nicolas Maduro, le 25 octobre 2016 à Caracas
    Le président du Venezuela Nicolas Maduro, le 25 octobre 2016 à Caracas AFP - Ronaldo SCHEMIDT
  • Face à face tendu entre députés de l'opposition et de la majorité, le 25 octobre 2016 à Caracas
    Face à face tendu entre députés de l'opposition et de la majorité, le 25 octobre 2016 à Caracas AFP - JUAN BARRETO
  • Chronologie du référendum anti-Maduro
    Chronologie du référendum anti-Maduro AFP - Gustavo IZUS, Nicolas RAMALLO
  • L'opposant vénézuélien Henrique Capriles, le 25 octobre 2016 à Caracas
    L'opposant vénézuélien Henrique Capriles, le 25 octobre 2016 à Caracas AFP - Ronaldo SCHEMIDT
  • Manifestation de partisans du président Maduro, le 25 octobre 2016 à Caracas
    Manifestation de partisans du président Maduro, le 25 octobre 2016 à Caracas AFP - Ronaldo SCHEMIDT
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Centre Presse Aveyron

Le président socialiste du Venezuela Nicolas Maduro a accusé mardi l'opposition de centre droit de préparer un coup d'Etat après que le Parlement, où elle est majoritaire, a voté pour son procès en destitution.

Au lendemain de l'appel au dialogue lancé par le Vatican, la crise politique a repris le dessus dans ce pays pétrolier en plein naufrage économique sous l'effet de la chute des cours du brut.

S'exprimant devant des milliers de ses partisans à Caracas, Nicolas Maduro a annoncé qu'il réunirait mercredi "à 11h00 (15h00 GMT) un conseil de défense national, afin que tous les pouvoirs publics puissent évaluer le putsch parlementaire de l'Assemblée nationale".

Le même jour, l'opposition a appelé à de grandes manifestations pour exiger le départ du président, élu en 2013 et dont le mandat expire en 2019.

Elle a accentué la pression mardi en réunissant le Parlement, seul organe dont elle a le contrôle, pour voter l'ouverture d'un procès en destitution contre Maduro, accusé de "coup d'Etat".

Les députés ont adopté "l'ouverture d'une procédure contre Nicolas Maduro" afin d'examiner sa "responsabilité pénale, politique et les manquements au devoir de sa charge", selon la résolution.

En outre, le Parlement, que Nicolas Maduro ne reconnaît plus et que le Tribunal suprême de justice (TSJ) a déclaré en infraction pour compter dans ses rangs trois députés soupçonnés de fraude, a convoqué le chef de l'Etat mardi prochain afin qu'il "se soumette au vote du peuple".

La portée de ce vote n'est pas claire, le TSJ ayant bloqué tous les projets de loi du Parlement depuis qu'il a basculé dans l'opposition en janvier, mettant fin à 17 ans d'hégémonie chaviste (du nom du défunt ex-président Hugo Chavez, 1999-2013).

Et si le procès en destitution n'existe pas en tant que tel dans la Constitution vénézuélienne, la procédure pour manquements au devoir de sa charge - lorsque le chef de l'Etat ne remplit plus ses fonctions - y figure bien, soulignent les juristes.

L'armée, très puissante dans le pays, a apporté mardi son soutien au président en promettant, via le ministre de la Défense Vladimir Padrino Lopez, de "défendre avec sa vie" le projet socialiste et "le gouvernement légitime de Nicolas Maduro".

- "Nous nous battons contre Satan" -

De retour d'une tournée au Moyen-Orient, Nicolas Maduro avait fait une escale-surprise lundi à Rome pour s'entretenir avec le pape François, s'arrêtant aussi à Lisbonne pour y rencontrer le futur secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.

En parallèle, un envoyé du Vatican s'entretenait au Venezuela avec des responsables de l'opposition et du gouvernement pour tenter de rétablir le dialogue, entraînant une certaine confusion.

L'annonce surprise de discussions survenait à un moment d'extrême tension, après la suspension par le Conseil national électoral (CNE) du processus en vue d'un référendum révocatoire, qui devait entrer dans sa dernière ligne droite cette semaine.

Elle a été très vite rejetée par de grandes figures de l'opposition : "Nous savons tous ce que cherche le gouvernement, le gouvernement cherche à gagner du temps et à diviser l'unité, diviser l'opposition, diviser les Vénézuéliens", a affirmé l'ex-candidat à l'élection présidentielle Henrique Capriles.

"Au Venezuela nous nous battons contre Satan, c'est le diable que nous avons en face, ce sont des démons, ils ne croient en rien, ils n'ont aucun principe, ils se disent chrétiens quand ça les arrange", a-t-il ajouté.

Plusieurs autres dirigeants de la MUD (coalition de la Table pour l'unité démocratique) ont refusé de s'associer à "une réunion plénière", comme l'avait annoncé le nonce apostolique argentin Emil Paul Tscherrig, prévue dimanche sur l'île Margarita (nord), où le président Maduro a annoncé qu'il se rendrait.

"Si certains veulent aller (à cette offre de dialogue, ndlr) et d'autres non, c'est un échec", a reconnu le chef de la majorité parlementaire, Julio Borges. "Nous devons parvenir à ce que la MUD dans son ensemble prenne la décision".

L'opposition rend responsable le chef de l'Etat, héritier politique de Hugo Chavez, de la profonde crise économique qui se traduit par une pénurie de 80% des aliments et l'inflation la plus élevée au monde (475% cette année puis 1.660% en 2017, selon le FMI).

Les Vénézuéliens aussi lui en veulent : plus de six sur dix se disent prêts à voter pour sa révocation.

La crispation est telle que le politologue Nicmer Evans se montre guère optimiste face aux possibilités de dialogue : "Même si le pape venait déguisé en Superman, on n'arriverait pas à rétablir le dialogue dans le pays", assure-t-il à l'AFP.

Source : AFP

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