Irak: l'étau se resserre sur Mossoul

  • Un soldat des forces armées irakiennes debout sur son véhicule tient une position à Al-Choura, au sud de Mossoul, le 24 octobre 2016
    Un soldat des forces armées irakiennes debout sur son véhicule tient une position à Al-Choura, au sud de Mossoul, le 24 octobre 2016 AFP - AHMAD AL-RUBAYE
  • Un soldat des forces armées irakiennes tente de contenir des familles de déplacés qui attendent de la nourriture, le 24 octobre 2016 à Al-Qayyarah
    Un soldat des forces armées irakiennes tente de contenir des familles de déplacés qui attendent de la nourriture, le 24 octobre 2016 à Al-Qayyarah AFP - BULENT KILIC
  • Des vagues de réfugiés attendues autour de Mossoul
    Des vagues de réfugiés attendues autour de Mossoul AFP - Thomas SAINT-CRICQ, Kun TIAN
  • Des familles irakiennes fuient les combats à Mossoul contre les jihadistes, le 24 octobre 2016 à Al-Qayyarah
    Des familles irakiennes fuient les combats à Mossoul contre les jihadistes, le 24 octobre 2016 à Al-Qayyarah AFP - BULENT KILIC
  • Le groupe état islamique en Syrie et en Irak
    Le groupe état islamique en Syrie et en Irak AFP - Philippe MOUCHE, Simon MALFATTO
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Centre Presse Aveyron

Des combattants du groupe Etat islamique (EI) rasent leur barbe à Mossoul à l'approche des forces irakiennes qui ne sont plus qu'à quelques kilomètres de certains faubourgs du fief jihadiste.

Satisfaits des débuts de cette vaste offensive, les pays occidentaux impliqués tournent désormais leur attention vers Raqa, le dernier bastion de l'EI dans la Syrie voisine.

Une opération "commencera dans les prochaines semaines", ont annoncé mercredi le chef du Pentagone Ashton Carter et son homologue britannique Michael Fallon. "C'est notre plan depuis longtemps, et nous sommes capables de soutenir" à la fois les offensives sur Mossoul et sur Raqa, a assuré M. Carter à Bruxelles.

En attendant, les troupes d'élite irakiennes sont désormais positionnées à environ cinq kilomètres des quartiers est de la deuxième ville d'Irak, au dixième jour de l'offensive. Sur les autres fronts, les troupes engagées se trouvent à des distances plus éloignées, notamment au sud.

Face à cette avancée, les jihadistes de Mossoul s'adaptent.

"J'ai vu des membres de Daech (acronyme arabe de l'EI) et leur apparence a totalement changé", a témoigné un habitant de l'est de Mossoul contacté par l'AFP. "Ils ont coupé leur barbe et changé de tenue" pour se fondre dans la population, ajoute cet ancien entrepreneur se présentant comme Abou Saïf.

Les jihadistes changent d'apparence "parce qu'ils doivent avoir peur d'être pris pour cibles par des tireurs" ou "qu'ils se préparent à quitter la ville", pense-t-il.

Selon des résidents et des responsables américains, de nombreux jihadistes ont par ailleurs quitté l'est de Mossoul pour rejoindre leurs places fortes sur la rive occidentale du Tigre, le fleuve qui traverse la cité.

Les habitants de Mossoul ont un accès limité ou nul à la télévision et internet mais disent entendre désormais clairement les combats sur les front du nord et de l'est. Ils témoignent aussi du passage au-dessus de la ville d'avions de la coalition internationale à une altitude plus faible que ces derniers jours.

- Le casse-tête de Raqa -

Sur le terrain, l'équilibre des forces est très désavantageux pour l'EI, qui s'appuierait sur quelque 3.000 à 5.000 combattants dans Mossoul même, soit environ 10 fois moins que les effectifs mobilisés par Bagdad et ses alliés.

Mais l'avancée des forces irakiennes est rendue délicate et dangereuse par les tactiques de guérilla utilisées à grande échelle par les jihadistes, qui n'hésitent pas à sacrifier leur vie.

L'EI utilise depuis une semaine "une quantité extraordinaire" d'armes à tir indirect (obus, roquettes...) et de voitures piégées, a relevé mardi le général Stephen Townsend, qui dirige la coalition.

"Vous avez vu un progrès considérable dans l'encerclement de Mossoul en Irak", a déclaré mercredi le ministre Fallon à des journalistes avant une réunion de l'Otan à Bruxelles. "Nous espérons qu'une opération similaire va commencer dans les prochaines semaines vers Raqa".

Mais les défis sont immenses en raison du contexte du conflit syrien qui implique une multitude d'acteurs nationaux et étrangers aux intérêts divergents, comme la Russie, absente du théâtre irakien. De plus, la Turquie a de nouveau insisté mercredi sur la nécessité d'exclure les milices kurdes, soutenues par Washington, d'une telle offensive.

Pour sa part, la France a annoncé la prolongation "jusqu'à la mi-décembre" de la mission du porte-avions Charles-de-Gaulle, d'où décollent des appareils bombardant les positions de l'EI.

- 'On est mieux ici' -

Comme le craignent les organisations humanitaires, les combats provoquent la fuite d'un nombre croissant de civils.

Quelque 10.000 personnes ont fui leur maison depuis le début de l'offensive le 17 octobre, a indiqué mercredi l'ONU, qui a par ailleurs prévenu que près d'un million de personnes pourraient être déplacées, alors que l'agglomération de Mossoul compte environ 1,5 million d'habitants

Une partie des déplacés est arrivée au camp de Khazir, accueillis dans des centaines de tentes bleues et blanches recouvertes d'une épaisse couche de sable. Des équipes d'humanitaires leur distribuent matelas, couvertures, eau et nourriture.

"On est bien mieux ici. On était bombardés de partout par des avions et des chars", témoigne Abou Ahmed. Les jihadistes "étaient sur notre dos, on n'avait aucun moyen de sortir mais, heureusement, l'armée est venue nous libérer", se félicite Oum Mohammed, 60 ans, assise sous sa tente avec son mari, leurs enfants et petits enfants.

Source : AFP

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