Annulation de la taxe farine: le prix du pain va-t-il baisser?

  • Les députés français ont aboli une taxe, créée en 1962
    Les députés français ont aboli une taxe, créée en 1962 AFP/Archives - SEBASTIEN BOZON
  • Sur les réseaux sociaux, les internautes se demandaient si, en conséquence, le prix du pain allait baisser
    Sur les réseaux sociaux, les internautes se demandaient si, en conséquence, le prix du pain allait baisser AFP/Archives - FRED TANNEAU
Publié le
Centre Presse Aveyron

Le prix de la baguette va-t-il diminuer? Hélas, pour le consommateur, l'annulation de la taxe "farine" par les députés devrait surtout éviter aux meuniers d'augmenter leurs tarifs après des récoltes 2016 de blé catastrophiques.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, les députés français ont aboli une taxe, créée en 1962, et payée par la meunerie à hauteur de 15,23 euros par tonne de farines, semoules et gruaux de blé tendre.

L'abolition vaut aussi pour d'autres farines importées de pays membres de l'Union européenne.

Pour les meuniers, cette taxe représentait "64 millions d'euros de surcharge fiscale", selon Lionel Deloingce, président de l'Association nationale de la meunerie française (ANMF), qui s'est félicité vendredi de son abolition.

"Enfin nous sommes entendus!", a-t-il dit dans un bref communiqué, en espérant que la meunerie puisse ainsi retrouver "rentabilité et compétitivité".

Les 360 meuniers français, qui s'affichaient en 2015 au 2e rang européen et au 10e rang mondial en matière de production de farine, s'inquiètent particulièrement de la concurrence turque, accusée d'avoir "happé" les exportations en pratiquant un "dumping" des prix grâce à son blé largement subventionné.

Après trois années consécutives de baisse de leur chiffre d'affaires, le climat s'est mis de la partie en 2016, avec une chute historique de 30% des récoltes de blé tendre en France, celui qui sert à fabriquer le pain.

Du coup, les meuniers ont encore plus de mal à tenir leur rang. Et cette corporation assez secrète, qui emploie quelque 6.000 salariés, est sortie du bois durant l'été en rendant public leur combat pour l'annulation de la taxe.

Chose rare, et même si le pain n'est plus, depuis longtemps, l'aliment de base des Français, les meuniers ont obtenu le soutien de quasiment tous les groupes de l'Assemblée.

Sur les réseaux sociaux vendredi matin, les internautes se demandaient si, en conséquence, le prix du pain allait baisser.

- La farine, 20% du prix -

"Non, il n'y aura vraisemblablement pas de baisse du prix du pain", a répondu via l'AFP Jean-Pierre Crouzet, président de la Confédération nationale de la boulangerie, et boulanger lui-même à Dijon.

Selon l'INSEE, le prix moyen d'une baguette de pain de 250 g s'élève à 87 centimes en octobre 2016 contre 77 centimes il y a dix ans, et 60 centimes en octobre 1996: une hausse de 31% en 20 ans.

Il s'agit d'une moyenne. Les prix doublent quasiment, entre une baguette à 50-60 centimes en grande distribution, et, dans les beaux quartiers parisiens, celle plus élaborée et dotée d'un nom original ("la paresseuse", la Malesherbes") vendue 1,20 euro voire plus, compte tenu des loyers et des charges plus importantes.

"Je ne vois pas bien comment le prix du pain pourrait baisser après la suppression de la taxe, car la farine ne pèse que pour 20% du prix", ajoute M. Crouzet. "Ce qui nous importe surtout c'est que le prix de la farine panifiable n'augmente pas", dit-il.

Les Français mangent de toutes façons de moins en moins de pain: actuellement entre 130 et 150 grammes par jour en moyenne contre 800 grammes il y a un siècle, et 1 kilo à la fin du 19e siècle.

"Durant la dernière décennie, nous avons surtout perdu la consommation du pain au petit-déjeuner", admet M. Crouzet. "Les gens ne sortent plus le matin pour acheter une ficelle fraîche, alors qu'ils disent l'apprécier."

En cette ère de révolution de l'internet et d'ubérisation de la distribution, les 32.000 artisans boulangers ont ainsi du pain sur la planche des idées: trouver un moyen de livrer à domicile une baguette chaude chaque matin.

"Je sais que les journaux y parviennent, et les livreurs à domicile de pizza, mais c'est difficile pour un produit de faible valeur, en respectant toutes les conditions sanitaires", dit M. Crouzet.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?