Le père Sylvain Bousquet, une icône au Japon

  • Les Japonais étaient une trentaine à découvrir le village. Après un passage par la maison familiale du père Bousquet, lls se sont rendus à l’église où les attendait une messe en français et en japonais.
    Les Japonais étaient une trentaine à découvrir le village. Après un passage par la maison familiale du père Bousquet, lls se sont rendus à l’église où les attendait une messe en français et en japonais. CP
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Paulo dos Santos (avec Roland Mazars)

Cabanès. Le missionnaire, né à Rouffiac, est encore une icône là-bas, plus de 70 ans après sa mort.

Désormais, au Japon, certains habitants de Nishinomiya (une ville aujourd’hui de 500 000 âmes), et plus particulièrement du quartier de Shukugawa, savent où situer le département de l’Aveyron sur la carte de France, et même dessiner un petit point pour Cabanès. Tout cela, ils le doivent au père Sylvain Bousquet, devenu une icône au pays du Soleil-Levant.

Quand il est né en 1877 (un 19 novembre) au hameau de Rouffiac, personne de sa grande famille ne s’imaginait qu’il partirait ainsi à l’autre bout du monde. Et pourtant. Quelques jours après avoir été ordonné prêtre (23 juin 1901), il partit au Japon pour une mission dans la province d’Osaka. Le temps de s’acclimater à la mentalité et à la langue du pays, il construisit une chapelle et un presbytère en 1914. Il ne put en profiter bien longtemps ; la guerre frappait à la porte de l’Europe et, mobilisé, il rentra jusqu’à ce que le clairon sonne la paix. En 1920, il reprit son bâton de missionnaire de nouveau pour le territoire japonais afin de répandre le message chrétien.

Deux ans plus tard, il découvrit Nishinomiya et, durant son séjour et grâce à lui, une église, une école et une salle de réunion pour les chrétiens sortirent de terre. La suite fut beaucoup plus tragique. Revenu à Kitano, son premier poste, le père Sylvain Bousquet continuait à faire ses cours de catéchisme alors que le Japon participait à la guerre du Pacifique. Dénoncé auprès de la gendarmerie japonaise et arrêté, il fut considéré comme un criminel d’État, sûrement parce qu’il avait fait son choix entre l’empereur ou le Christ. Il mourut le 10 mars 1943 dans un hôpital.

La guerre terminée, il fut réhabilité durant une cérémonie qui se tint à Shukugawa et considéré même comme un martyr. L’histoire aurait pu s’arrêter là ; le hasard en a décidé autrement. Plus de 70 ans après le décès du père Sylvain Bousquet, un de ses arrière-petits-neveux cocha le Japon comme destination de vacances. Dans la famille, on connaissait surtout ce monsieur à la grande barbe blanche à travers un portrait accroché au mur d’une chambre. Le jeune homme se rendit donc au sein de la communauté religieuse de Shukugawa où la photo du curé fit son effet !

Et rendez-vous fut pris en France. Accompagnés d’une interprète, des Japonais, qui avaient programmé un pèlerinage à Lourdes notamment, ont tenu à venir directement de l’aéroport de Toulouse pour passer quelques heures dans le village. Ils étaient tout heureux de pouvoir découvrir la maison familiale et l’église de leur « icône », avant d’être reçus en mairie par Jacky Vialettes entre kir et saké. Les deux communes sont désormais liées. 

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