Un tissu industriel en plein renouveau

  • Stéphane Israël, PDG d’Arianespace
    Stéphane Israël, PDG d’Arianespace
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

D'abord, il y a les chiffres, qui posent d'emblée le contexte. L'Occitanie compte plus de 37.500 entreprises industrielles, ainsi que 123.000 sociétés artisanales.

Au total, l'industrie regroupe quelque 213.000 salariés dans la région, ce qui en fait le 7ème territoire industriel de France. Le secteur de l'aéronautique et du spatial rassemble à lui seul localement environ 86.000 emplois. Et pour cause : l'Occitanie est la première région aéronautique d'Europe. Quant au secteur agroalimentaire, il rassemble environ 30.000 salariés dans le territoire. Globalement, c'est dans le secteur industriel que le taux de pérennité des entreprises à trois ans est le plus élevé (à 83 %). De même, si des disparités existent entre l'ancien territoire de Midi-Pyrénées, historiquement très industrialisé, et l'ex-Languedoc-Roussillon, davantage tourné vers le tertiaire et l'économie présentielle, l'industrie représente en moyenne 12,3 % de la valeur ajoutée créée en Occitanie. Et c'est bien, au-delà des chiffres, ce qui constitue la singularité de notre région : la solidité de son tissu industriel qui, porté par l'activité de grands noms comme l'avionneur européen Airbus, irrigue l'ensemble des territoires. Sans jamais oublier de se renouveller. Car dans l'industrie, peut-être même davantage que dans d'autres secteurs, l'innovation est la clé incontournable de la croissance. Et cela, les entreprises régionales, qu'il s'agisse de grands comptes, de PME, d'ETI ou de start-up, l'ont bien compris. Certaines d'entre elles n'ont d'ailleurs pas hésité à se lancer dans d'ambitieux projets de construction d'”usines du futur”, outils industriels modernisés et automatisés à l'aide du numérique.

Interview

Stéphane Israël, PDG d’Arianespace

Pourquoi avez-vous accepté d’être partenaire
des Trophées Occinov’ ?


Pour deux raisons. D’une part, parce que j’ai eu au cours de ma carrière l’occasion de travailler à Toulouse, où j’ai vu de près le dynamisme toulousain. Et d’autre part, parce que, nous le savons, Toulouse est le cœur battant de l’aéronautique. Je suis donc très heureux de pouvoir remettre un prix à une entreprise innovante du territoire.

Que représente l’innovation pour vous ?

Dans notre secteur, l’innovation est très importante. Aussi bien du côté des lanceurs que du côté des satellites. La question qui se pose aujourd’hui est celle du bon réglage, de l’équilibre à trouver entre l’innovation incrémentale, où les risques sont maîtrisés et les délais de mise sur le marché relativement rapides, et l’innovation de rupture, qui, par définition, est plus incertaine.

Quelles grandes innovations porte actuellement votre filière ?

Notre secteur prépare un nouveau lanceur, Ariane 6. Pour cela, la filière se réorganise afin d’être plus compétitive. Toute la chaîne de valeur est revue, afin de concevoir, de développer, de produire, et d’exploiter moins cher. Cela dans le contexte d’une innovation en matière de gouvernance, qui consiste à responsabiliser davantage l’industrie. En termes de technologie, l’innovation principale concerne le nouveau moteur de l’étage supérieur, qui sera réallumable. Enfin, au-delà même d’Ariane 6 en 2020, la filière travaille sur le développement à l’horizon 2025 d’un moteur lox-méthane à bas coût. De vrais beaux challenges.






Les entreprises sélectionnées

Eco-Tech Ceram valorise l'énergie de l'industrie

Valoriser l'énergie par le stockage de la chaleur : c'est la promesse de la société Eco-Tech Ceram, fondée en 2014 à Rivesaltes (66) par Antoine Meffre, docteur en énergétique et génie des procédés, sur la base d'une innovation technologique initiée par le CNRS-Promes. En captant la “chaleur fatale” produite par les sites industriels lors de leurs processus de fabrication - une chaleur qui, sinon, serait perdue -, le système développé par la société permet de générer de l'énergie, utilisable ensuite par l'unité de production ou par d'autres acteurs. “A l'échelle mondiale, la quantité de chaleur perdue chaque année par les industriels équivaut à la production de 400 centrales à charbon, explique la direction d'Eco-Tech Ceram. Les enjeux sont par conséquent à la fois économiques et écologiques.” La société, qui enregistre un chiffre d'affaires de 100.000 euros, va déployer son pilote dans une première unité industrielle début 2017. “Nous allons cibler dans un premier temps le marché des 'fumées propres', notamment celui des industries céramiques, avant de développer celui des 'fumées sales'”, explique la direction. La société, qui compte à ce jour 10 salariés, envisage de recruter 20 personnes dans les deux ans à venir. Autre actualité : une levée de fonds, d'un montant compris entre 2 et 4 millions d'euros, devrait être bouclée d'ici à début 2017.

Figeac Aéro s'envole vers le futur

Son “usine du futur”, dédiée à la fabrication de viroles de carter pour les nouveaux moteurs Leap de Safran, devrait compter - lorsqu'elle sera pleinement équipée l'an prochain - soixante salariés, douze machines d'usinage et cinq robots. Implantée sur une surface de 7.500 m2 à Figeac, elle aura nécessité un investissement record de 37 millions d'euros. Mais le sous-traitant aéronautique Figeac Aéro, qui compte 2.000 salariés et enregistre 252,3 millions d'euros de chiffre d'affaires, ne compte pas s'arrêter là. Le groupe présidé par Jean-Claude Maillard envisage en effet d'investir dans son fief figeacois quelque 150 M€ entre 2017 et 2019. Objectif : compter à terme localement plus de 1.500 collaborateurs, contre un peu plus de 1.000 actuellement. A une échelle plus large, Figeac Aéro, qui ambitionne de devenir n°1 européen sur son marché (pièces de structure, pièces moteurs et pièces précises) d'ici à 2020, envisage d'investir dans ses outils de production, mais aussi dans sa recherche & développement, environ 80 M€ en 2017, 70 M€ en 2018 et 60 M€ en 2019. Des investissements massifs pour un groupe qui a choisi d'externaliser la production de ses pièces simples en grandes séries dans des pays low-cost : la Tunisie, le Maroc et le Mexique. Figeac Aéro souhaite atteindre un chiffre d'affaires “de 650 à 750 M€ en 2020, pour 4.000 salariés, dont 2.000 implantés en France”, explique Jean-Claude Maillard. Une véritable envolée vers le futur.

Delair-Tech déploie ses drones professionnels à l'international

Depuis début novembre, la société Delair-Tech, qui compte 100 salariés et enregistre 2 millions d'euros de chiffre d'affaires, a pris ses quartiers à Labège (31), après avoir quitté ses locaux historiques du quartier des Arènes, à Toulouse. “Nous étions trop à l'étroit”, explique Michaël de Lagarde, président de l'entreprise, qui dispose également d'implantations à Bordeaux, en Belgique, à Los Angeles et en Australie. “Nous doublons notre chiffre d'affaires chaque année”, se réjouit le dirigeant. Concepteur et fabricant de drones professionnels depuis 2011, Delair-Tech cible avant tout les groupes industriels (gestionnaires d'infrastructures électriques, de plateformes pétrolières et gazières, mais aussi de mines et de carrières) et le secteur agricole. “Nous proposons le drone en lui-même, mais aussi le traitement de l'image, explique Michaël de Lagarde. Car une fois captée, l'image doit être analysée afin que le client puisse bénéficier d'une information à valeur ajoutée.” La société délivre également au besoin de simples prestations de services, non accompagnées de la vente de drones. Début 2016, Delair-Tech, qui réalise les deux tiers de son activité à l'international, a levé 13 millions d'euros afin de conforter ses positions et d'accompagner son déploiement à l'export. La société a par ailleurs racheté en octobre dernier Gatewing, la filiale drones du groupe belge Trimble, et a signé une alliance avec l'Allemand Microdrones, afin d'élargir sa gamme.

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