Les rebelles syriens tentent de résister face au régime à Alep-Est

  • Une capture d'écran tirée d'une vidéo et fournie par la Défense civile syrienne, le 30 Novembre 2016, montre un homme assis au milieu des débris et des corps dans une rue du quartier rebelle de Jubb al-Qubbeh dans l'est d'Alep
    Une capture d'écran tirée d'une vidéo et fournie par la Défense civile syrienne, le 30 Novembre 2016, montre un homme assis au milieu des débris et des corps dans une rue du quartier rebelle de Jubb al-Qubbeh dans l'est d'Alep SYRIAN CIVIL DEFENCE IN ALEPPO/AFP - HO
  • Localisation des quartiers d'Alep perdus par les rebelles, zones contrôlées et disputées
    Localisation des quartiers d'Alep perdus par les rebelles, zones contrôlées et disputées AFP - Valentina BRESCHI, Simon MALFATTO, Frédéric BOURGEAIS, Sophie RAMIS
  • Un enfant syrien qui a fui avec sa famille les combats d'Alep à Jibrin, en Syrie, le 1er décembre 2016
    Un enfant syrien qui a fui avec sa famille les combats d'Alep à Jibrin, en Syrie, le 1er décembre 2016 AFP - Youssef Karwashan
  • Des membres des forces pro-gouvernementales syriennes à Alep le 30 novembre 2016
    Des membres des forces pro-gouvernementales syriennes à Alep le 30 novembre 2016 AFP - George OURFALIAN
  • Un refuge pour les civils qui tentent de fuir les combats à Alep, en Syrie, le 1er décembre 2016
    Un refuge pour les civils qui tentent de fuir les combats à Alep, en Syrie, le 1er décembre 2016 AFP - George OURFALIAN
  • Des familles qui ont fui les quartiers est d'Alep montent le 30 novembre 2016 à bord d'un bus du régime syrien  à Jabal Badro
    Des familles qui ont fui les quartiers est d'Alep montent le 30 novembre 2016 à bord d'un bus du régime syrien à Jabal Badro AFP - George OURFALIAN
Publié le
Centre Presse Aveyron

Les rebelles défendaient avec acharnement vendredi un grand quartier d'Alep-Est après de violents combats avec l'armée de Bachar al-Assad qui a réussi à reprendre 40% de leur principal bastion en Syrie à la faveur d'une offensive destructrice.

Après avoir été submergés par la puissance de feu du régime syrien et l'avancée fulgurante de ses troupes, les rebelles ont réussi à repousser les soldats du quartier de Cheikh Saïd dans le sud d'Alep-Est, où des affrontements sporadiques se poursuivaient, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Cherchant coûte que coûte à reprendre la totalité d'Alep (nord), le régime a lancé le 15 novembre, avec l'aide de combattants arabes et étrangers et le soutien tactique de l'allié russe, une nouvelle offensive de grande envergure pour chasser les rebelles des quartiers de l'est assiégés depuis quatre mois et privés de nourriture, de médicaments et d'électricité.

Deuxième ville de Syrie et principal enjeu du conflit qui a fait plus de 300.000 morts en plus de cinq ans, Alep est divisée depuis la prise en 2012 par les rebelles de sa partie orientale, alors que les quartiers ouest sont restés aux mains du régime.

Malgré la réprobation des Occidentaux et les appels à une trêve, le régime, fort des soutiens russe et iranien, a soumis Alep-Est à un déluge de feu avec des raids aériens, des barils d'explosifs et des tirs d'obus quasi-incessants qui ont causé de terribles destructions et poussé à la fuite 50.000 des 250.000habitants.

Vendredi, les rebelles aidés des jihadistes du Front Fateh al-Cham, ont renversé la situation à Cheikh Saïd en reprenant le contrôle de 70% du quartier à l'armée et ses alliés, notamment des milices irakiennes, a indiqué l'OSDH.

- 'Rêve devenu réalité' -

"Le régime et ses alliés veulent à tout prix prendre ce quartier dont la capture menacerait directement tous les quartiers sud du secteur rebelle", a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH.

Une perte du quartier "serait un coup dur pour les rebelles surtout après la prise de toute la partie nord d’Alep-Est ces derniers jours" par le régime, a-t-il dit. "Mais les rebelles opposent une résistance féroce car ils savent qu’ils seront pris en étau si Cheikh Saïd tombe".

Dans le centre d'Alep-Est, l'armée a avancé en capturant une partie du quartier rebelle de Tariq al-Bab et est parvenue à celui de Chaar, où les rues étaient complètement désertes et les destructions énormes, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Pour la deuxième journée consécutive, le rythme des raids aériens du régime a baissé en raison du mauvais temps mais l'artillerie restait en action sur les différents fronts. Les intempéries ont également ralenti le mouvement d'exode des civils fuyant les violences.

Plusieurs familles séparées par la guerre ont, à la faveur de cet exode, réussi à se retrouver.

Face à sa fille Racha qu'il n'avait plus vue depuis un an et demi, Jomaa al-Qassem tombe à genoux sur le sol boueux et éclate en sanglots. Devant un centre gouvernemental accueillant les déplacés, il se relève et étreint sa fille qui vient de fuir avec ses enfants. "Je rêvais de revoir son visage, ne serait-ce pour quelques minutes avant de mourir", dit-il tout ému.

Depuis le 15 novembre, 307 civils, dont 42 enfants et 21 femmes, ont été tués à Alep-Est, selon l'OSDH. A Alep-Ouest, 59 ont péri à cause de tirs rebelles.

Malgré le coût humain, le régime, qui contrôle désormais 40% d'Alep-Est, est déterminé à reprendre la totalité d'Alep et à infliger aux rebelles leur plus sévère défaite depuis le début de la guerre en mars 2011.

- Couloirs humanitaires-

Dans le même temps, plus de 200 organisations humanitaires ont signé un appel pour que l'Assemblée générale de l'ONU se saisisse du dossier syrien et remédie à la paralysie du Conseil de sécurité.

Jeudi, la Russie a proposé la création de quatre couloirs humanitaires à Alep-Est pour évacuer blessés et civils et acheminer de l'aide.

La Russie ne participe pas aux bombardements actuels sur Alep-Est, mais son intervention militaire auprès du régime depuis septembre 2015 a fortement contribué à affaiblir les rebelles.

Une reprise de la totalité d'Alep représenterait la plus importante victoire du régime depuis 2011 et renforcerait ses alliés russe, iranien et du Hezbollah libanais. Elle lui permettrait également de se lancer dans la conquête du reste des régions aux mains des rebelles qui se réduisent comme peau de chagrin.

A l'inverse, elle serait une défaite cinglante pour les soutiens arabes et occidentaux de l'opposition syrienne dans un conflit très complexe aux multiples acteurs régionaux et internationaux.

En visite à Beyrouth, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu, dont le pays soutient la rébellion, a appelé à "un cessez-le-feu dans les plus brefs délais, sans perdre de temps".

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?