Quand le Cercle de silence défie le temps

  • Ils sont entre vingt et trente à se retrouver régulièrement. Ils ont été jusqu’à soixante-dix.
    Ils sont entre vingt et trente à se retrouver régulièrement. Ils ont été jusqu’à soixante-dix. PHR
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Centre Presse Aveyron

Depuis avril 2008, tous les derniers mardis du mois, ils se retrouvent.

Au fond, il faut un certain courage. Pas tant pour affronter le froid, la pluie ou la fatigue. Mais pour rester là. Debout. Une heure. En cercle devant la préfecture. Avec souvent une pancarte autour du cou. « Avec ou sans papier, l’étranger est une personne ». Ou encore : « Centre de rétention = prison ». Le genre de message qui, par les temps qui courent, peut faire du bruit. Tous les derniers mardis du mois, des gens les arborent. Cela ne date pas d’hier. Le mouvement, présent dans une cinquantaine de villes, a démarré en avril 2008.

« Question de conviction » répond Louis. Casquette, barbe blanche, il n’a pour ainsi dire jamais raté un cercle de silence. « Je ne suis pas bénévole, je n’aide pas directement les gens qui œuvrent tous les jours. Mais je me dois d’être là. La situation des réfugiés est très difficile ». La plupart des participants de ce cercle sont comme lui. Pas forcément activiste, mais avec l’envie de témoigner une certaine réprobation face aux traitements des gens sans papiers. Quand ils se retrouvent, ils se font un sourire, se saluent d’un geste de la tête, parfois d’une poignée de main ou d’une bise. Mais pas plus. Ils ne sont pas nécessairement amis.

« On retrouve aussi bien des gens d’Attac ou des religieuses. Des communistes ou des catholiques. Ca balaye large » sourit Nicole. « Nous sommes régulièrement entre vingt et trente mais nous sommes montés jusqu’à soixante-dix ». Très active au sein du Collectif des réfugiés, elle parle, elle, de témoignage. « C’est une manière de dire à la préfecture que nous sommes toujours là. Que nous tenons. De témoigner aussi auprès des gens qui passent à côté de nous. » Et chaque dernier mardi, entre 18 heures et 19 heures, ils sont nombreux à passer à côté.

Du simple quidam aux élus qui sortent de la préfecture ou qui se rendent à la mairie, située pas loin, nul ne peut les ignorer. Certains passent vite à côté, d’autres s’arrêtent pour lire ce qui est écrit sur les panneaux. Ou poser des questions. « Il est arrivé que des gens se mettent avec nous en cercle, quelques minutes ». Il arrive aussi qu’ils soient invectivés. « C’est plutôt rare, ce sont en général des marginaux » glisse Louis. Pas de quoi l’effrayer ou le détourner. Le prochain mardi du Cercle de silence, juste après Noël, il sera sûrement là. Qu’il neige, vente, pleuve...

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