Violences. «L’endroit où les femmes sont le plus en danger, c’est leur domicile»

  • Au CIDFF, à Rodez, Anne Raza (psychologue), Aurélie Brégier (directrice) et Stephan Bénézech (juriste)reçoivent près de 1 000 personnes par an dont 150 à 200 victimes.
    Au CIDFF, à Rodez, Anne Raza (psychologue), Aurélie Brégier (directrice) et Stephan Bénézech (juriste)reçoivent près de 1 000 personnes par an dont 150 à 200 victimes. X.B.
Publié le
Centre Presse Aveyron

Elles peuvent être physiques, psychologiques, verbales, sexuelles ou économiques : les violences faites aux femmes ont abouti depuis janvier à la constatation de 243 faits dans l’Aveyron par les services de police et gendarmerie. Pour lutter contre ce fléau, le département dispose d’un arsenal placé sous l’autorité de l’État par le biais de la DDCSPP.

Tu n’es même pas capable de faire cuire un steak, tu n’es bonne à rien », « tu es nulle, même tes amies te détestent », « je vais te tuer ». Des paroles aux actes, les violences faites aux femmes peuvent prendre de nombreuses formes. Une femme sur 10 en serait aujourd’hui victime en France. Alors que vendredi dernier était célébrée la Journée internationale pour l’élimination de la violence contre les femmes, le gouvernement annonçait le doublement des fonds alloués pour lutter contre le phénomène, soit une enveloppe de 125 millions d’euros. Une prise de conscience saluée par l’ensemble des intervenants engagés contre ces violences, dont le nombre est en légère augmentation dans le département comme d’ailleurs dans le reste du pays.

« L’endroit où les femmes sont le plus en danger, c’est leur domicile », estime Christine Matignon, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes. Elle coordonne l’action au niveau départemental, en amont pour commencer : services de l’État et associations travaillent de concert notamment par le biais de nombreuses actions de sensibilisation, en allant à la rencontre du public ou diffusant des affiches, mais aussi en proposant des formations aux bénévoles ou forces de sécurité. « Notre travail est d’essayer d’aller informer au plus près des territoires. C’est un travail de prévention, histoire que nous ne soyons pas dans l’urgence », explique Christine Matignon. Au premier rang des partenaires de la DDCSPP, le CIDFF (Centre d’information sur les droits des femmes et des familles), l’Adavem (Association départementale d’aide aux victimes et de médiation) et le Planning familial, qui ont toutes une vocation départementale.

Lieu d’accueil pour se poser 

Plus localement, d’autres associations sont aussi opérationnelles, comme Village 12 à Villefranche, Trait d’union et Myriade à Millau, etc. Information, orientation, accompagnement et écoute C’est vers ce type de structures que se tournent les femmes victimes de violence. Elles peuvent y être dirigées par le 3919 (numéro destiné aux victimes ou témoins de violences conjugales) ou bien s’y rendre de leur propre chef. Ces victimes y trouvent information, orientation mais aussi accompagnement et écoute afin de tenter de se reconstruire au mieux. Installé à la Maison des associations de Rodez, le CIDFF reçoit chaque année près de 1 000 personnes par an, dont 150 à 200 victimes. « Sur 86 victimes reçues durant le premier semestre, 55 ont choisi de déposer plainte. On n’arrive plus à répondre à la demande », affirme la directrice Aurélie Brégier.

Une prise de contact a lieu avec les personnes, puis Anne Raza (psychologue) et Stephan Bénézech (juriste) s’emparent du dossier pour évaluer la situation. « S’il y a urgence, nous les accompagnons pour déposer plainte, pour éviter que les choses s’aggravent », explique le juriste. En partenariat avec assistantes sociales et avocats, le CIDFF, qui a pour credo prévention, accompagnement et reconstruction, propose aussi un lieu d’accueil de jour pour permettre aux victimes de se poser. Avec 234 faits depuis le 1er janvier, les chiffres sont en hausse dans le département, ce qui peut s’expliquer par d’autres facteurs que la simple augmentation du nombre des faits.

Par exemple, une libération de la parole qui fait que les victimes font davantage entendre leur voix, ou encore le classement, en 2010, du harcèlement au sein du couple comme délictuel. « On estime que seules 10 à 15 % des situations donnent lieu à une plainte », estime Christine Matignon. xavier buisson CIDFF : 05 65 68 18 09Planning familial : 05 65 68 46 30 Adavem : 05 65 73 56 00

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?