L'Etat au secours de la maison mère de William Saurin

  • Les produits de la Financière Turenne Lafayette présentés à son siège parisien le 14 décembre 2016
    Les produits de la Financière Turenne Lafayette présentés à son siège parisien le 14 décembre 2016 AFP - ERIC PIERMONT
  • "S'il y en a besoin, il y aura un soutien financier de l'Etat", ont assuré Bercy et le ministère de l'Agriculture
    "S'il y en a besoin, il y aura un soutien financier de l'Etat", ont assuré Bercy et le ministère de l'Agriculture AFP/Archives - JOEL SAGET
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Centre Presse Aveyron

L'Etat a promis mercredi d'aider financièrement le groupe propriétaire des marques William Saurin, Garbit et Madrange, Financière Turenne Lafayette pour lui éviter la liquidation judiciaire après la révélation que ses comptes étaient truqués depuis des années.

Le gouvernement a également annoncé que la justice avait été saisie et qu'il était mobilisé pour éviter la disparition de plus de 3.000 emplois.

Le décès le 30 novembre de Monique Piffaut, propriétaire et actionnaire unique de Financière Turenne Lafayette, a été le déclencheur de la découverte du maquillage des comptes de ce groupe inconnu du grand public, qui détient aussi les jambons Madrange et Le Foué de Paul Prédault.

Nommé début décembre président du groupe en remplacement de Mme Piffaut, Eric le Gouvello, spécialiste de conseil en stratégie, avait diligenté un audit sur sa situation économique et financière.

"Les premières constatations laissent apparaître une présentation trompeuse des comptes depuis plusieurs années, dans un contexte très dégradé pour la filière agroalimentaire en général et pour certaines filiales du groupe en particulier", a indiqué la société dans un communiqué.

Ces révélations sont un coup de tonnerre pour les 3.200 salariés des 21 sites industriels français du groupe, qui visait un chiffre d'affaires de 900 millions d'euros en 2016.

L'Etat a annoncé qu'il allait tout faire pour éviter sa disparition en assurant une aide en trésorerie.

"S'il y en a besoin, il y aura un soutien financier de l'Etat pour s'assurer qu'on évite un scénario de liquidation judiciaire. Pour nous, c'était important d'apporter cette assurance aux fournisseurs, aux clients et aux salariés", ont indiqué mercredi les ministères de l'Agriculture et de l'Economie lors d'une conférence téléphonique.

- Fausses facturations -

"Le groupe arrangeait depuis de longues années ses comptes en fin d'année en passant des écritures comptables qui étaient soit de fausses facturations, soit de fausses avances sur stock", ont expliqué les représentants des deux ministères.

Les comptes étaient "embellis" pour masquer les difficultés, mais il n'y a "pas de malversation à notre connaissance", ont-ils ajouté, estimant que le redressement allait "prendre plusieurs semaines et plusieurs mois".

La direction de l'entreprise affirme aussi qu'elle se mobilise "pour rechercher les voies et moyens d'assurer la poursuite des activités et conserver les emplois des entreprises du groupe".

"Plusieurs pistes sont envisagées, parmi lesquelles la recherche de nouveaux moyens de financement, y compris au travers de l'ouverture du capital", assurent les dirigeants du groupe.

Après le décès de Mme Piffaut fin novembre, un porte-parole du groupe avait déclaré à l'AFP: "il n'y a pas de risque de démantèlement car la propriétaire, très attachée aux entreprises, avait exprimé sa volonté".

Malgré ces assurances, le syndicat Fnaf-CGT avait dit craindre un démantèlement. "L'intégrité du groupe doit être sauvegardée", avait-il réclamé en avertissant que "le dépeçage par les vautours de la profession serait inacceptable et signifierait de nouvelles purges" pour les salariés.

De son côté, la défunte propriétaire a légué sa fortune à une fondation pour l'enfance "en cours de constitution", selon une source proche du dossier. En 2013, sa fortune personnelle avait été estimée à 380 millions d'euros selon le magazine Challenges, ce qui la plaçait au 135e rang en France.

Le groupe agroalimentaire s'est constitué à partir de 1991 avec le rachat de l'entreprise "Les délices du palais" dans le Périgord, puis par croissance externe dans le secteur des salaisons, foie gras et plats cuisinés en régions.

Se sont ensuite jointes les charcuteries, avec une tranche sur trois de jambon vendue en grande surface venant du groupe.

William Saurin a été racheté en 2001 et Madrange en 2011. Un des derniers rachats, en 2015, portait sur deux sites bretons de charcuterie cuite de Jean Caby.

Source : AFP

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