En Aveyron, la pauvreté a augmenté de 15 %

  • « La politique d’aide aux plus pauvres est défaillante, de plus en plus », a affirmé aux côtés de ses collègues Patrick Garnier, président de la délégation Aveyron-Tarn.
    « La politique d’aide aux plus pauvres est défaillante, de plus en plus », a affirmé aux côtés de ses collègues Patrick Garnier, président de la délégation Aveyron-Tarn. Xavier Buisson / Centre Presse Aveyron
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Xavier Buisson

Le Secours catholique vient de rendre public son rapport annuel. Les retours des 450 bénévoles du département font état d’une augmentation de la pauvreté et de la précarité.

Vingt-cinq équipes de bénévoles du Secours catholique sont à pied d’œuvre dans l’Aveyron pour venir en aide aux bénéficiaires, en majorité des familles avec enfants ou parents isolés. Et à l’heure du bilan annuel, les chiffres rapportés par ces équipes sont, cette année encore, mauvais : la pauvreté a augmenté de 15 % sur le secteur de la délégation Aveyron-Tarn alors qu’elle affiche une hausse de 4 % au niveau national.

Fort de ce constat, le président Patrick Garnier a estimé qu’il n’était "pas naturel que l’État se repose sur les associations caritatives" comme le Secours populaire. "La politique d’aide aux plus pauvres est défaillante, de plus en plus", a-t-il poursuivi.

Louis Droc, vice-président de la délégation bidépartementale et référent pour l’Aveyron, évoque pour le département une augmentation du nombre de demandes d’aides à Villefranche et Decazeville pour ce qui est des « grandes villes ». Dans les gros bourgs et les territoires ruraux, le Secours catholique doit surtout faire face à une augmentation des demandes en matière de combustibles (chauffage). Le niveau de ces aides a ainsi doublé depuis 2012.

L’organisme propose toujours dans le département des aides pour réparer ou même acheter des voitures en mettant les demandeurs en contact avec des organismes proposant des prêts à taux zéro. Aujourd’hui, une centaine de véhicules ont été financés sur le département.

L’écoute, besoin prioritaire

Les demandes d’aide alimentaire ont cru de 15 à 20 %. Les familles représentent une grande partie du public aidé avec un doublement des besoins depuis 2012 ; pour ce qui est des familles monoparentales, le Secours catholique a dû faire face à une hausse du nombre des demandes de 60 % depuis 2012.

« Le besoin prioritaire est l’écoute, explique Louis Droc. Il s’agit de la première demande dans 64 % des cas ». Suivent les demandes d’aide pour les loyers et factures (43 %), pour l’alimentation (35 %), ou la mobilité (9 %).

Les 25-39 ans sont les plus nombreux des bénéficiaires (35 %) devant les 40-49 ans (28 %), les 50-59 ans (20 %). 20 % ont un emploi et 33 % sont en recherche d’emploi.

Le Secours catholique dispose d’un budget de fonctionnement d’1 million d’euros pour les deux départements, et 80 % de ces fonds proviennent de donations. Pour mener à bien sa mission, l’association se doit de recruter. « Nous sommes en demande de bénévoles, explique Louis Droc. Pour faire le travail, mais aussi assurer la relève ». Au niveau national, le revenu moyen des gens qui font appel au Secours catholique est de 500 € par mois. 60 % n’ont pas de proche dans leur environnement géographique et 80 % aucune activité sociale.

Les trois visages de la pauvreté rurale

Jeanine Terral est bénévole dans l’équipe qui intervient à Trémouilles et dans le canton de Cassagnes. Lors de ses interventions, elle rencontre principalement deux types de publics. Les agriculteurs tout d’abord. "Ils ne font pas appel au Secours catholique, sans doute par pudeur ou par honte. Ils ont besoin d’être écoutés", explique la bénévole, qui se rend fréquemment dans des exploitations agricoles.

Les personnes âgées isolées, ensuite, qui elles non plus ne font pas la démarche de demander de l’aide. Enfin, les néoruraux, qui font le choix de la campagne sans doute du fait du faible prix des loyers et qui, eux, appellent à l’aide plus facilement que les autres catégories.

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