Rodez : le viaduc de Bourran se transforme en... aqueduc

De l’eau a coulé sous le viaduc de Bourran depuis sa réalisation, initiée dans les années 90 par l’ancien maire de Rodez, Marc Censi, afin de connecter le tout jeune quartier de Bourran à l’hypercentre historique de la ville.

Dans quelques jours (début janvier), ce n’est plus sous, mais à l’intérieur du viaduc que l’eau potable coulera avec un débit moyen de 6 500 m3/jour. Jusqu’à présent, le précieux liquide qui alimente Bourran était apporté par une canalisation située sous la côte de Saint-Pierre. Mais depuis qu’il est sorti de terre, il y a une trentaine d’années, le quartier de Bourran n’a cessé de croître, de même que sa consommation d’eau. Des équipements structurants de grande importance, donc gourmands en eau, comme le centre de dialyse et surtout l’hôpital Jacques-Puel, y ont été implantés.

Par conséquent, même si depuis, la consommation est repartie à la baisse, il devenait presque urgent pour la Ville qui gère le réseau en régie directe - 15 personnes y travaillent -, de sécuriser l’alimentation en eau, mais aussi de moderniser son réseau.

"En posant cette nouvelle canalisation on sécurise l’alimentation en eau potable du quartier de Bourran, mais aussi celle du reste de la ville, explique Benoit Legeay, le directeur de la régie municipale. En effet, à l’autre extrémité du viaduc, côté Rodez, la nouvelle canalisation est désormais raccordée au reste du réseau qui alimente le centre-ville. Les deux réseaux sont maintenant liés et le débit de l’eau est réversible. C’est-à-dire que l’eau peut couler dans les deux sens selon les besoins des usagers", ajoute le directeur.

Pour mémoire, les robinets ruthénois distribuent de l’eau puisée dans plusieurs sources du Lévezou. Elle est ensuite acheminée jusqu’à la station de production d’eau potable de La Boissonade, puis repart en direction de Saint-Cloud, avant de se séparer en deux boucles dont l’une alimente le centre-ville et l’autre Bourran via la côte de Saint-Pierre. "Les 2 boucles sont désormais reliées. Cela change tout", explique Xavier Gimalac, l’un des techniciens de la régie municipale de l’eau, qui a posé la nouvelle canalisation dans le tablier du viaduc.

"Et ce n’était pas une mince affaire", précise son directeur (voir par ailleurs). Presque partout rénové avec des canalisations en fonte, le réseau d’adduction d’eau potable de la ville affiche 85 % de rentrant (eau injectée dans le réseau arrive chez les usagers) alors que la moyenne nationale est de 75 %. "C’est bien pour les Ruthénois mais aussi pour l’environnement", conclut le directeur Benoit Legeay.

Une installation très technique

Comme tous les ouvrages de franchissement, le viaduc de Bourran se dilate lorsqu’il fait chaud et se rétracte à mesure que le thermomètre baisse. "Au maximum, il peut y avoir 24 cm de différence, précise Benoit Legeay. Il fallait donc une installation spéciale qui suive le mouvement du viaduc, sinon on risquerait la rupture de canalisation." Sachant que le tablier est creux et que le débit de l’eau dans le tuyau est de 170 m3 à l’heure, c’est tout l’ouvrage qui pourrait se briser en cas de rupture. D’où l’installation de vanne à tassement différentiel à chaque extrémité du tuyau. Une sorte de buse antisismique. Le tout est couplé à un débit-mètre qui calculent la valeur d’entrée et de sortie de l’eau. En cas de différence, des alarmes retentissent.