Les contraintes budgétaires mettent à mal les Ehpad

  • Franck Picaud, Christine Robertet Alain Nicolas du groupement Santé de Force Ouvrière.
    Franck Picaud, Christine Robertet Alain Nicolas du groupement Santé de Force Ouvrière. Joel Born
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Joël Born

Force Ouvrière Santé s’inquiète de la « maltraitance passive » des résidants et de la «maltraitance sociale» des personnels.

Régulièrement les représentants des personnels soignants dénoncent la dégradation du système de santé. À leur tour, les responsables de FO Santé tirent la sonnette d’alarme sur les difficultés de plus en plus grandes rencontrées par les personnels (et les directions) des établissements accueillant des personnes âgées, plus particulièrement ceux, les Ehpad, qui s‘occupent des personnes âgées dépendantes. « Le secteur de la santé est mis à mal que ce soit pour les personnes âgées ou les nouveau-nés et la politique actuelle est de faire culpabiliser les agents », a insisté la secrétaire de FO Santé, Christine Robert, lors d’une conférence de presse, qui faisait suite à une rencontre avec les représentants syndicaux des établissements privés du département.

« Effets dévastateurs »

Selon Franck Picaud, le juriste de Force Ouvrière, le constat est unanime. «De par les contraintes et les restrictions budgétaires imposées par les tutelles (NDLR : l’ARS et le Département), on glisse vers des règles de fonctionnement appliquées aux établissements hospitaliers publics, qui produisent les mêmes effets dévastateurs au niveau social. » Jusqu’à présent les établissements privés soumettaient un budget prévisionnel en fonction des besoins. Désormais, comme pour le secteur public, les établissements privés doivent fournir un estimatif de recettes « sans avoir la garantie d‘obtenir un financement à la hauteur de l’activité. »

Selon le syndicat, ces nouvelles exigences budgétaires ont notamment pour conséquence une diminution des moyens (en 2016 le budget des produits de confort a baissé de 20 %), un « manque flagrant d’effectifs, de reconnaissance et de valorisation des agents. » D’après Franck Picaud, les personnels des établissements relevant de la convention collective 51, comme l’hôpital Sainte-Marie, Les Tilleuls à Ceignac ou Jean XXIII à Rodez, auraient perdu 30 % de leur pouvoir d’achat depuis 2010. Et un aide-soignant se retrouverait au même niveau de rémunération qu’un agent de service hospitalier. « À la maltraitance passive des agents, s’ajoute la maltraitance sociale des agents, déplore Christine Robert. On demande toujours plus à ces soignants, qui subissent un épuisement physique et moral. » Pour FO Santé, l’un des autres objectifs recherchés par les autorités de tutelle est un « glissement des tâches ». Début 2016, l’ARS a informé les établissements privés que « les remplacements pour les congés d’été ne seront plus financés. » Pire, pour le syndicat, « on demande aux établissements déficitaires de ne plus remplacer les absences pour maladie. »

« Les directions ne peuvent plus faire face et c’est contradictoire avec le plus d’humanitude réclamée par la tutelle », ajoute Franck Giraud. FO Santé a demandé une entrevue à l’ARS et au conseil départemental. Et ses représentants préviennent : « Nous n’accepterons pas que l’on nous réponde que les établissements sont autonomes et que l’on appelle les familles à la responsabilisation. »

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