Pour «bien manger», Michel Bras met les pieds dans le plat

  • Michel Bras se mobilise sur plusieurs fronts. José A. Torres
    Michel Bras se mobilise sur plusieurs fronts. José A. Torres
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Centre Presse / Philippe Routhe

Avec d’autres chefs de renom, vous venez de signer une lettre ouverte aux candidats de la présidentielle sur la nécessité du bien manger. Il y a quelques semaines, vous avez exprimé votre inquiétude sur le rapprochement entre les fibres Bayer et Monsanto. Cela traduit-il une inquiétude ?

Oh oui ! Et je la perçois au quotidien dans mes engagements de droite et de gauche. Je suis par exemple engagé dans le combat contre la dénutrition des personnes âgées. Car il y a véritablement des questions à se poser sur ce sujet. Pour ces personnes âgées, l’un des rares plaisirs qu’il leur reste, c’est bien manger. Et quand on voit ce qu’on leur donne...

Mais pourtant, la gastronomie semble bien se porter, il y a un élan vers le bio, les circuits courts...

C’est clair que cela bouge. Mais il faut que cela aille plus loin. Il doit y avoir plus de respect du produit. Dans la plupart des cantines, le bio c’est une fois par semaine. Et le reste du temps ? En sachant que dans le bio, il y a à boire et à manger... Il faut une véritable prise conscience générale sur le sujet du bien manger. Hippocrate disait : que la nourriture soit ton seul médicament.

Pensez-vous que la sphère politique peut entendre cet appel, à l’heure où l’on parle beaucoup plus d’économie ou de sécurité...

Ou d’affaires... Il s’agit pourtant du droit à la vie. Ca commence par le bien manger et donc le respect du monde paysan.

Vous dressez un tableau peu optimiste. Mais vous avez quand même des raisons d’espérer ?

Disons que je suis comme ça : j’ai besoin d’espérer. J’ai envie de vivre d’espoir. Je vois autour de moi, et je travaille avec un des groupes de l’agroalimentaire qui se mobilisent. Les jeunes qui arrivent chez nous, dans nos cuisines, ont la pêche. Ils veulent que cela bouge. Mais je me dis, pourquoi l’éducation au goût ne devient-elle pas obligatoire par exemple ? Nous sommes face à un choix de société.

Un appel au droit à bien manger à signer sur le site Atabula

Atabula est un site internet dédiée à la gastronomie. Depuis le 1er mars, il a mis en ligne un appel au droit à bien manger. Une lettre ouverte aux candidats à l’élection présidentielle, signée par 70 grands noms de la culture et de la gastronomie, qui ont été rejoints par près de 3 000 internautes à ce jour. « Tous les piliers de ­notre société contemporaine sont concernés par ce péril ­alimentaire » est-il écrit dans ce texte qui dénonce une « fracture alimentaire ». « Nous leur demandons de s’emparer de cette question, nous leur demandons de prendre la mesure du péril alimentaire qui nous guette, nous leur demandons de répondre autrement à cet enjeu que par des décisions anecdotiques ou purement symboliques. Les prochains présidentiables doivent intégrer cette question essentielle dans leurs programmes et prendre des mesures dans les domaines agricoles, alimentaires, culinaires et éducatifs, pour soutenir et développer ce droit de tous au bien manger » est-il conclu dans cet appel.

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