Reconnaissance EPV ou MOF, la coutellerie Vent d’Aubrac a fait son choix !

  • Reconnaissance EPV ou MOF, la coutellerie Vent d’Aubrac a fait son choix !
    Reconnaissance EPV ou MOF, la coutellerie Vent d’Aubrac a fait son choix !
  • Benoît Mijoule, coutelier à Laguiole, espère gagner en transparence avec ce label.
    Benoît Mijoule, coutelier à Laguiole, espère gagner en transparence avec ce label.
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Centre Presse / Olivier Courtil

Une reconnaissance du savoir-faire par l’État français. Telle est la signification du label Entreprise du patrimoine Vivant (EPV) que vient d’obtenir en Aveyron, Benoît Mijoule, coutelier à Laguiole. « Les concurrents avaient postulé pour ce label », glisse ce dernier. Car derrière la vitrine de ce label, c’est un marché qui s’ouvre en toute transparence. Si le fameux « Made in France » n’apparaît plus en vitrine et même en fer de lance des promesses de campagne, comme ce fut le cas lors de la précédente élection présidentielle, les entreprises françaises ont la volonté de faire valoir leur savoir-faire pour se démarquer. Et en coutellerie, sans (re)chercher la polémique historique voire endémique, ce label est une quête incessante. Ainsi, la Forge de Laguiole, Durand à Laguiole et « Laguiole en Aubrac » à Espalion, ont (déjà) l’EPV.

Benoît Mijoule entre ainsi dans cette course aux couteaux remarquables. Concrètement, le label distingue la SARL « ABC Mijoule » qui comprend la marque Benoît l’Artisan née en 1999, l’entreprise la Maison du Laguiole créée par son père en 1991 et cédée voici quelques années.

« On prône le savoir-faire et la tradition coutelière. On forme aussi des apprentis dans notre volonté de transmission. On espère aussi que ce label pourra peut-être éviter de se justifier ou un peu moins, sur la réalisation d’un couteau à Laguiole même si je ne sais pas si le grand public à conscience de ce qu’est l’Entreprise du Patrimoine Vivant », confie Benoît Mijoule touchant ainsi le talon d’Achille de ce label gratuit d’État.

Un avis partagé par Daniel Druilhet, président de l’association aveyronnaise des entreprises du Patrimoine Vivant en qualité de menuisier-charpentier. « On ne peut être que fier d’avoir une nouvelle entreprise distinguée mais je regrette que ce label soit dans l’ombre. Il faudrait le mettre en avant car il y a tellement de labels que les gens s’y perdent. D’autant que ce label est le plus légitime car il est remis en cause tous les 5 ans. »

À l’échelle nationale, on avance deux raisons pour expliquer la faible résonance de ce label aux yeux du grand public. « C’est un label jeune sur l’ensemble des savoir-faire qui a tout juste dix ans et 75 % des entreprises labellisées travaillent directement pour des professionnels et non pour le public. Ce label a d’ailleurs plus d’impact à l’étranger », résume Agathe Djelalian, en charge de la communication à l’Institut Supérieur des Métiers, en charge des EPV. Et d’ajouter : « Ce label combine tradition et innovation mais pas encore notoriété. Il a tellement de potentiels, c’est dommage de ne pas en parler autant ». Il est de la volonté de l’État français, via le ministère de l’Économie et des Finances qui décerne ce label, de s’en donner les moyens...

En attendant, Benoît Mijoule, avec son épouse Cécile qui a pris à bras-le-corps le fastidieux volet administratif, peut se réjouir à Laguiole d’employer 14 personnes pour réaliser entre 5000 et 7000 couteaux par an avec des produits phares et modernes pour montrer l’étendue du laguiole tout en préservant l’esprit, tels que le Custom et surtout le Tribal. Car une entreprise vivante doit créer donc innover. « On ne veut pas grossir davantage, on souhaite rester à taille humaine », dit en ce sens Benoît Mijoule, cherchant surtout à conjuguer qualité de vie et de travail. Humain avant tout comme un patrimoine vivant. « On veut que notre village soit dynamique pour donner envie aux jeunes d’y vivre et d’y rester ».

Le label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) distingue l’excellence. Mais dans cette multitude de labels au risque d’en faire perdre la tête (surtout à celle du client), une autre distinction, un concours précisément, parle justement davantage aux consommateurs. Il s’agit de celui de Meilleur ouvrier de France (Mof). On voit souvent à la télé leurs cols tricolores, surtout dans les nombreuses émissions culinaires. Une marque de fabrique dont on a fait son bâton de pèlerin Michel Frayssou, coutelier à la tête de Vent d’Aubrac à Laguiole (en photo). Il œuvre avec les Mofs que sont Jean-Michel Cayron (à deux reprises), Jérôme Lamic et bientôt Cyril Manelphe. Pas besoin de chercher un label, le Mof est le costume, gage de qualité et de savoir-faire qui fait la différence dans une filière où la transparence fait parfois défaut. Globalement dans de nombreuses professions, la profusion de labels pollue autant que les normes. Reste toutefois un label, Rouge celui-ci, qui a séduit le grand public. Avec le temps, celui des Entreprises du patrimoine Vivant aura sûrement fait son chemin dans le mode de consommation.

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