Richard Ferrand exclut de démissionner

  • Richard Ferrand exclut de démissionner
    Richard Ferrand exclut de démissionner
Publié le
Centre Presse

Le ministre de la Cohésion des territoires Richard Ferrand a exclu de démissionner jeudi après l’affaire immobilière révélée par le Canard enchaîné, premier accroc au quinquennat Macron au moment où le gouvernement prépare son projet de loi sur la moralisation de la vie publique. En déplacement dans le Finistère, le ministre et député ex-socialiste, candidat à sa propre succession et proche d’Emmanuel Macron, a assuré que «pas une seconde» il n’a pensé démissionner. «On démissionne quand on est coupable de quelque chose. Je ne suis coupable de rien ni sur le plan légal, ni sur le plan moral», a-t-il dit à Huelgoat, propos diffusés par BFMTV. Les faits, selon l’hebdomadaire satirique, remontent à 2011: les Mutuelles de Bretagne, dont M. Ferrand, pas encore député à ce moment-là, était le directeur général, avaient alors souhaité louer des locaux commerciaux à Brest pour ouvrir un centre de soins et choisi, entre trois propositions, celle d’une société immobilière appartenant à la compagne du ministre.

Un autre volet concerne l’embauche par Richard Ferrand de son fils quelques mois comme collaborateur parlementaire. Le parti LR a annoncé mercredi son intention de saisir le Parquet national financier pour qu’il ouvre une enquête sur la transaction immobilière. Mais, selon une source proche du dossier, «les faits évoqués à ce stade n’entrent pas dans le champ de compétence du PNF». Et «le ministère de la Justice n’intervient ni ne communique en aucun cas sur les affaires individuelles, les magistrats agissent en toute indépendance», a déclaré jeudi un porte-parole. L’affaire constitue une première fausse note alors que le premier texte de loi annoncé est un projet de «moralisation de la vie publique» que François Bayrou doit présenter avant les législatives. Sénateur PS et candidat aux législatives, Luc Carvounas a appelé jeudi sur France Info François Bayrou à réagir: «Ce qui m’intéresse, ce n’est pas de savoir si M. Ferrand va démissionner ou pas», c’est de savoir ce «que pense le garde des Sceaux, François Bayrou (...) en train de rédiger un texte soi-disant fondamental de ce quinquennat».

Au lendemain de l’appel de Marine Le Pen à la «démission» de Richard Ferrand, le sénateur-maire FN de Fréjus David Rachline a dénoncé sur BFMTV un «deux poids deux mesures» concernant l’attitude de la justice qui «ne semble pas se passionner pour ce sujet». Côté LR, la porte-parole Valérie Debord a lancé sur France Info qu’«on ne peut pas avoir été pendant des mois vilipendeur (...) pugnace contre François Fillon, excipant une morale républicaine qui se devait d’être parfaitement irréprochable et, aujourd’hui, jouer la poutre et la paille». Mais Henri Guaino, candidat aux législatives à Paris dans la circonscription briguée par Nathalie Kosciusko-Morizet, a regretté sur RTL «cette hystérie qui (...) conduit à cette espèce de chasse à l’homme», se disant «choqué par l’espèce de folie de la transparence et de l’inquisition».

Toutefois, pour le président de l’association Anticor Jean-Christophe Picard, «s’il n’y a pas responsabilité pénale, il y a responsabilité politique». «Je pense que forcément la confiance qu’on a placée en M. Ferrand a été altérée et il faut qu’il en tire lui-même les conséquences», a-t-il jugé sur BFMTV. Hasard du calendrier, une circulaire du Premier ministre Edouard Philippe, publiée jeudi au Journal officiel, appelle les ministres à appliquer «sans délai» une «méthode de travail renouvelée» afin que l’action gouvernementale réponde à «une triple exigence d’exemplarité, de collégialité et d’efficacité». Le texte souligne notamment que «l’embauche de membres de sa famille par contrat» est «proscrite».