Football : le Raf s’incline face à... une équipe de détenus !

  • Détenus de la maison d’arrêt de Druelle et joueurs du Rodez Aveyron football ont posé pour la photo de famille à l’issue du match amical qu’ils ont livré.
    Détenus de la maison d’arrêt de Druelle et joueurs du Rodez Aveyron football ont posé pour la photo de famille à l’issue du match amical qu’ils ont livré.
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Centre Presse / Rui Dos Santos

Rodez n’est plus invaincu cette saison à domicile. La montée en National 1 en poche, les Ruthénois avaient comme dernier objectif de ne pas goûter à la défaite à la maison. Alors qu’ils étaient à deux crampons d’y arriver, leur belle série a connu un coup d’arrêt à... la prison de Rodez à Druelle !

Le Rodez Aveyron football a en effet répondu favorablement à une invitation de la maison d’arrêt. Sous l’impulsion des Services pénitentiaires d’insertion et de probation (Spip) de l’Aveyron et de sa directrice Véronique Meunier, une visite de l’établissement a été organisée. Et, ce jour-là, la décision a été prise de proposer un match amical entre les détenus et les footballeurs ruthénois. « On ne peut que louer une telle initiative, souligne la responsable aveyronnaise du Spip. La prison est seulement un passage, synonyme de privation de la liberté d’aller et venir. Il ne faut pas perdre de vue que ces êtres humains ne doivent pas être déconnectés quand ils retrouvent leur place dans la société ». Si Véronique Meunier mise « sur l’accès à la culture car elle est vecteur d’insertion », le sport fait également partie de ses axes de réflexion.

Elle a visiblement vu juste puisque l’opération qu’elle a orchestrée avec Manon Reiniche, la coordinatrice socioculturelle du Spip, a connu un beau succès. Populaire et sportif. Tandis que les sang et or sont arrivés à treize, encadrés par le préparateur physique Thomas Fretté, les détenus étaient vingt-deux. « Ils voulaient tous jouer... La sélection a été rude ! », s’exclame Olivier Bartolini, surveillant, moniteur de sport et cheville ouvrière de cette rencontre amicale. « Le Raf, ça veut dire quelque chose », insiste Véronique Meunier, en guise d’explication à cette réussite.

Elle ne croyait pas si bien dire. Sa formule s’est vérifiée sur le terrain stabilisé de la maison d’arrêt. Sur du sable peut-être mais force est de reconnaître que les détenus n’étaient visiblement pas en vacances à la plage. Ils ont tout donné, « chatouillé » les chevilles de Pierre Bardy et ses partenaires, montré de très belles choses balle au pied (il y avait là plusieurs techniciens hors pair) et ont donc fini par s’imposer.

Pris par ses obligations professionnelles, Jean-Marie Soria-Lunberg n’a pu assister à l’intégralité de cet échange. Le chef d’établissement a toutefois réussi à se libérer pour goûter un peu à ce qu’il a qualifié « d’heureuse initiative ». Suffisamment en tout cas pour récupérer le ballon dédicacé par l’ensemble des joueurs du Raf et offert en cadeau. Il a promis de le mettre « en bonne place » dans son bureau.

Acteur de cette matinée, qu’il n’est « pas prêt d’oublier », Martin Douillard a apprécié, avant tout, « la notion de partage ». « On peut certes parler d’un moment un peu particulier mais j’ai beaucoup aimé discuter avec les détenus, se réjouit-il. Le match de foot était juste un prétexte ; j’ai passé plus de temps à parler avec eux qu’à taper dans le ballon ». Et l’intéressé de poursuivre avec le même enthousiasme : « ça intimide un peu au départ mais nos hôtes nous ont tellement bien reçus que nous avons assez vite oublié le lieu où nous étions et le contexte. Cela prouve aussi que nous sommes un groupe ouvert ». Martin Douillard conclut sur cette action : « Les valeurs du sport permettent ça. Si c’était à refaire, je n’hésiterais pas une seule seconde. Cette rencontre prouve bien que tout est faisable dès que l’humain est placé au cœur de l’événement ».

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