Maternité de Decazeville : chronique d’une fermeture annoncée

  • Le coup est rude à l’hôpital.
    Le coup est rude à l’hôpital.
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Centre Presse / François Cayla

Au surlendemain de la décision de l’Agence régionale de santé (ARS) de fermer l’activité gynécologique obstétrique de la maternité de Decazeville (lire notre édition d’hier), le sentiment de colère qui prévalait déjà chez les défenseurs de l’hôpital est monté d’un ou de plusieurs crans. Outre bien sûr la décision de fermeture elle-même, c’est bien la façon de procéder de la tutelle qui ne passe pas. Et certains leaders du Tous Ensemble de reprendre aujourd’hui un discours entendu lors de rassemblements publics ou de réunions du collectif.

« Les dés sont pipés depuis le début. Ils voulaient fermer. Ils ont fermé. Ils sont contents. C’était leur objectif. Un objectif qui ne date pas d’hier, puisqu’il remonte à plus de 20 ans. Ils se sont emparés du terrible accident d’octobre dernier comme des rapaces pour enfin arriver à leurs fins. C’est dégueulasse. C’est moche. D’autant plus que depuis des mois, l’hôpital a fait de gros efforts pour répondre à la mise à niveau du service, comme demandé par l’ARS. Mais comme on a pu en juger la semaine dernière lors de la réunion de la Commission spécialisée pour l’organisation des soins dans la région (CSOS), c’est avant tout un langage hypocrite qui a prévalu. »

L’argumentaire développé devant la CSOS par les membres de la délégation decazevilloise est, dans ce sens, assez parlant. Une quinzaine de points ont été abordés, en lien avec le rapport établi à la suite de la visite de conformité effectuée le 18 mai, rapport qui a émis plusieurs « reproches ».

On ne pourra ici rendre compte de la totalité du document. Mais certains chapitres sont suffisants pour se faire une idée. Ainsi, il est dit dans ce rapport que « les staffs et retours d’expériences (dans l’activité de la maternité, NDLR) sont non opérationnels ». Ce à quoi la délégation decazevilloise a répondu : « Évidemment que ceux-ci ne sont pas encore opérationnels, puisque l’autorisation de gynécologie obstétrique est suspendue ! »

Dans le même registre, la mission a dit ne pas posséder d’« éléments factuels et tangibles que les médecins soient capables d’intervenir dans des délais compatibles avec les impératifs de sécurité ». Réponse des Decazevillois : « En l’absence d’activité, il n’y a forcément pas de gardes gynécologiques obstétricales ! Le tableau de garde prévisionnel est prêt pour la réouverture. »

Le tableau de service et des astreintes des sages-femmes a été également jugé « incomplet ». Et là aussi, la délégation decazevilloise a argumenté autour du fait que le service était à l’arrêt : « Les personnels concernés sont suspendus à la décision de réouverture de la maternité et attendent pour certains cette décision pour enclencher une procédure de mutation vers l’hôpital de Decazeville. »

Même argumentaire concernant l’« absence de continuité pédiatrique » pointée du doigt par la mission d’inspection. Et même réponse de la délégation decazevilloise : « Le problème de recrutement de pédiatres tient dans la suspension d’activité de la maternité. De nombreux praticiens se sont dits intéressés, mais sans réouverture acquise, pas de candidatures ! » Et de dénoncer en suivant « l’absence d’impartialité des experts, qui ont clairement fait comprendre aux personnels rencontrés sur place leurs a priori concernant la maternité »...

On pourrait encore donner d’autres exemples de cet étonnant dialogue de sourds, entre une instance régionale de santé qui semble s’être appliquée à « faire rouler une voiture privée de roues » (pour reprendre l’expression d’un élu local), et des défenseurs d’un service dont le (triste) sort ne fait que rejoindre des orientations nationales.

Le but poursuivi par les autorités sanitaires, chacun le connaît : un hôpital par département, point barre ! Le Lot voisin expérimente la « chose » depuis quelques années, avec l’hôpital de Cahors qui reste le seul véritable établissement hospitalier en activité. L’Aveyron doit donc lui emboîter le pas. Comme tant d’autres avant lui. À moins... À moins qu’une décision politique ne change les règles d’un jeu jusque-là joué d’avance.

Une porte ouverte par la direction

Au sein de l’hôpital de Decazeville, un document signé de la direction et adressé à l’ARS voilà peu, a ému les personnels qui en ont pris connaissance. En effet, dans ce document, le directeur Jean-Pierre Pavone, en réponse aux observations de l’ARS, dresserait un état des lieux de la maternité et conclurait son propos par une proposition d’ouverture d’un centre de périnatalité. Car, selon lui, il n’aurait pas été possible de réunir tous les critères de mise en conformité du service comme exigé par la tutelle. Cette position de la direction aurait, pour certains, offert une porte ouverte dans laquelle s’est engouffrée l’ARS. Absent cette semaine, il ne nous a pas été possible de joindre M. Pavone.

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