Agroalimentaire : 70 emplois vont-ils filer sous le nez de La Cavalerie ?

  • L’entreprise a implanté une cinquième chaîne de tranchage et de conditionnement de produits charcutiers.
    L’entreprise a implanté une cinquième chaîne de tranchage et de conditionnement de produits charcutiers.
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Centre Presse / Joel Born

Le bourg de La Cavalerie et le Sud-Aveyron, dans son ensemble, sont-ils en train de perdre une belle opportunité économique ? On peut le craindre. Estimant qu’il n’est pas suffisamment soutenu par les collectivités locales et le conseil régional, et que le dossier a pris trop de retard, Alain Décembre, le PDG du groupe agroalimentaire cavalérien spécialisé dans les produits charcutiers (les sociétés Tranchage de la Jasse, Jasse Larzou et Jasse Larzou Production) a décidé d’abandonner son projet d’extension. Un projet de 8 M€, créateur de 70 emplois. Et pour Alain Décembre, pas question de revenir en arrière. « C’est une décision irréversible. Je jette l’éponge. Ça fait deux ans que ça traîne et les deux dernières fois, je me suis déjà fait avoir. On devrait déjà avoir déménagé. Je ne vais pas passer ma vie à me battre. Le dossier est enterré, clos définitivement. On passera à autre chose ! »

L’histoire du groupe agroalimentaire cavalérien est avant tout l’histoire d’une belle réussite personnelle. Et d’une progression régulière depuis 1988, année durant laquelle Alain Décembre a créé son activité de vente de produits charcutiers aux professionnels dans un local de 20 m2. Après un premier déménagement, en 1991, dans un local de 80 m2, toujours à Millau, Alain Décembre a implanté sa société de grossiste en produits charcutiers à Creissels, en 1996, dans un bâtiment de 500 m2, dont 400 m2 de locaux frigorifiques. Quelques années plus tard, en 2000, l’entrepreneur du Sud-Aveyron se lance dans une nouvelle activité de tranchage et de conditionnements de produits charcutiers. 2004 sera l’année du déménagement à La Cavalerie, dans des bâtiments beaucoup plus conséquents, et de la création de deux entités distinctes : Jasse Larzou, pour l’activité de négoce, et Tranchage de la Jasse, pour l’activité de tranchage.

2010 marque une nouvelle étape décisive dans l’évolution du groupe, avec la création d’une deuxième usine de 3 000 m2, avec l’implantation de deux lignes de production. Une troisième ligne sera implantée en 2012, une quatrième en 2016 et une cinquième, cette année. « Nous avons la croissance », se félicite Alain décembre. Entre-temps, le bâtisseur a été rejoint par ses deux enfants, Benjamin, en 2012, et Justine, en 2015. Et une troisième société, Jasse Larzou Production, gérée par Benjamin Décembre, a vu le jour en 2013 pour la fabrication de saucisse fraîche, de chair à saucisse et de merguez.

Ce développement va-t-il s’arrêter vraiment là ? Alain Décembre n’en démord pas. « Je jette l’éponge », répète-il inlassablement. « Ca fait deux ans qu’on se bat. On pouvait espérer 20 % d’aides publiques. On n’a toujours pas de garanties et aujourd’hui, on nous dit peut-être vous n’aurez rien. C’est le contre-exemple de ce qu’il convient de faire pour aider les territoires. » Et l’industriel de dédouaner au passage, la conseillère régionale Emmanuelle Gazel. « Elle a fait tout ce qu’elle pouvait faire. Le vice-président Vincent Labarthe s’était, lui aussi, engagé. »

Pour Emmanuelle Gazel, les choses ne sont pas aussi simples qu’un et un font deux. « Comme on lui a dit avec Vincent Labarthe, sa décision de jeter l’éponge ou pas lui appartient, explique la jeune élue. On reste là pour l’accompagner. Les clés sont entre ses mains. À aucun moment, nous n’avons dit non. Il n’est pas juste de dire que la Région ne répond pas à son appel. Nous l’avons accompagné trois fois pour près de 800 000 €. Le dossier a été déposé en décembre dernier. Depuis, il y a eu beaucoup d‘échanges. Lors du dernier rendez-vous de mai, nous lui avons demandé un projet stratégique global, sachant que M. Décembre sollicite une aide publique globale de près de 1,9 M€. Ce n’est pas rien. Les services prennent le temps d’étudier le dossier. Ces aides ne sont pas attribuées à la tête du client, mais en fonction de critères très précis. »

117 le nombre de salariés des trois sociétés dirigées par Alain Décembre.

24 M€ le chiffre d’affaires réalisé par le groupe agroalimentaire de La Cavalerie.

3 800 m2 de bâtiments supplémentaires devaient être construits dans le cadre du projet d ‘extension, portant ainsi la surface globale des bâtiments de l’entreprise à 10 000 m2.

3 300 000 € le montant de l’investissement immobilier.

4 700 000,00  € le montant de l’investissement en matériel.

2 500 tonnes le volume de produits tranchés.

5 le nombre de lignes de tranchage et de conditionnement de produits de charcuterie. La dernière a été implantée en mai dernier, pour un investissement de 1,5 M€.

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