A l’Elysée, Macron écoute les revendications d’un monde agricole en crise

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Centre Presse

Les représentants d’un monde agricole en crise ont présenté lundi à l’Elysée leurs doléances au président Emmanuel Macron, en espérant que les Etats généraux de l’Alimentation lancés fin juillet leur permettent de sortir de l’ornière.

Ces rencontres sont intervenues dans un contexte tendu, quelques semaines après le lancement de ces Etats généraux qui doivent permettre notamment une répartition de la valeur plus favorable aux producteurs face à la grande distribution ou aux transformateurs.

La tension était encore montée d’un cran il y a une dizaine de jours, après un arbitrage du gouvernement sur les aides européennes, très contesté par l’ensemble du monde paysan, y compris la FNSEA, absente lundi parce que déjà reçue le 18 juillet dernier.

Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, avait annoncé le transfert d’une partie des aides européennes du «pilier 1» de la politique agricole commune (aides à l’hectare) vers le «pilier 2» (développement rural, aide à l’agriculture de montagne, installation des jeunes agriculteurs, aide à la bio).

«Ca s’est bien passé», a-t-on indiqué à l’Elysée. La plupart des visiteurs de la matinée ont loué un président «à l’écoute» et qui «maîtrisait son sujet».

«Pour l’aliment de base, qui est le pain, nous sommes à 3,4 centimes de blé dans un euro de baguette», a déclaré Bernard Lannes, président de la Coordination rurale, qui a réclamé la mise en place d’une meilleure traçabilité de l’origine des produits agricoles, mais également une «traçabilité de la marge pour que le consommateur devienne un consomm’acteur».

Devant le président, il a estimé que les Etats généraux de l’Alimentation ne pourraient «réorienter l’alimentation» que si on modifie la PAC (politique agricole commune européenne), portée par un commissaire européen à l’Agriculture Phil Hogan «ultra-libéral».

L’entourage du président a indiqué que ce dernier souhaitait «agir en amont des prochaines négociations commerciales, notamment au niveau européen avec la PAC, pour permettre un meilleur partage de la valeur ajoutée et permettre aux agriculteurs de vivre de leur métier».

Emmanuel Macron, absent lors de leur ouverture, a «réaffirmé son ambition autour des Etats généraux», qualifiés de «chantier prioritaire», et informé ses interlocuteurs qu’il «présenterait lui-même les conclusions de la phase 1 sur la création et la répartition de la valeur à la mi-octobre», a indiqué l’Elysée.

Avant cela, il s’est engagé, selon les représentants du monde paysan, à les revoir fin septembre.«Les agriculteurs qui produisent de la qualité sont peu aidés par la PAC et produisent une alimentation pour les riches et les agriculteurs qui se gavent d’aides produisent une alimentation bas de gamme pour les pauvres», a dénoncé le porte-parole de la Confédération paysanne, Laurent Pinatel, contestant ainsi les derniers arbitrage de répartition des aides PAC, pas assez favorables, selon lui, aux agriculteurs bio et le système dans son ensemble.

M. Pinatel a souhaité «une loi qui impose à la grande transformation, à la grande distribution, de répartir (l)es marges en fonction des coûts de production. Le droit au revenu des paysans, c’est quelque chose qui doit être inscrit dans la loi».

M. Macron s’est, selon lui, montré «ouvert à une réouverture de la loi LME», qui régit les négociations commerciales entre distributeurs et industriels.

Les Etats généraux de l’Alimentation doivent permettre de «rééquilibrer un peu tout ça, redonner des revenus un peu plus décents aux agriculteurs», a également plaidé Jérémy Decerle, président de Jeunes agriculteurs.

Appelant M. Macron à enrayer le déclin démographique d’un secteur économique en panne d’»attractivité», où la moitié des agriculteurs gagne moins de 350 euros par mois, il lui a rappelé que la France avait perdu un quart de ses paysans au cours des dix dernières années.

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