Ouragan Irma : des Aveyronnais pris dans la tourmente témoignent

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Publié le
Centre Presse / Philippe Routhe / Salima Ouirni

Restauratrice à Decazeville, Darlin Beltramon a vécu un véritable cauchemar quand l’ouragan Irma s’est abattu sur les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, jeudi dernier. D’origine Haïtienne, la jeune femme a vécu dans les Antilles françaises de 1999 à 2007. En venant s’installer dans l’Aveyron, elle a laissé derrière elle son frère, là-bas à Saint-Martin, sa belle-sœur, Angélique Texier et ses neveux.

« Pendant tout le cyclone, je n’ai pas eu de nouvelles. C’était absolument atroce. Je viens tout récemment d’en avoir et je suis soulagée », souffle la restauratrice, qui a réussi à prendre contact avec sa belle-sœur via Facebook.

Elle a cherché à les joindre durant des jours, sans succès. « Les coups de fil sont rationnés. On ne peut pas appeler comme on veut. On peut tout de même contacter nos familles via Skype et Watsapp », souligne-t-elle.

La jeune femme dort mieux depuis ces contacts. D’autant plus que « ce sont des chanceux », confie-t-elle. Car « ils font partie des rares personnes qui ont gardé un toit sur la tête. Leurs vitres ont toutes été soufflées, ils ont des planches à la place, mais l’essentiel c’est qu’ils ne sont pas à la rue ».

Et d’ajouter, « ils sont en mode de survie, avec très peu d’électricité, pas de nourriture ni eau. Les magasins ont été saccagés et il ne pousse rien sur l’île de Saint-Martin. On importe tout », se désole Darlin Beltramon pour sa famille.

« Aucune nouvelle de la marraine de mon fils »

Cela étant, pour certains de ses amis, la situation est « pire ». « Je n’ai aucune nouvelle de la marraine de mon fils. Impossible d’avoir un contact quelconque avec elle. À l’heure qu’il est, je ne sais pas si elle est en vie », s’alarme la jeune femme. « J’ai d’autres amis sur les hauteurs qui ont aussi subi d’énormes dégâts. On ne parle que de la côte, mais sur les monts, les dégâts sont aussi importants », ajoute la Decazevilloise.

C’est le cœur lourd qu’en août dernier, elle avait quitté l’île. « J’y suis allée pour enterrer ma maman. Aujourd’hui, quand je vois ces images à la télé, je ne reconnais plus Saint-Martin. Je suis sous le choc. Il n’y a plus rien de reconnaissable ». Il lui faudra du temps pour panser ses plaies et oublier ces images insupportables.

Autres aveyronnais pour lesquels une grosse vague d’inquiétudes s’est emparée d’une partie du piton ruthénois : la famille Lemaire. Philippe, surnommé Lucky, avec son épouse Élodie, sont bien connus dans la ville. Après avoir tenu le bar la Chuppa, dans l’avenue Saint-Cyrice, à Rodez, Lucky et sa famille sont partis vers Paris, avant de rejoindre, il y a un an et demi, l’île de Saint-Martin. Toujours pour y travailler en tant que serveur, tout comme son épouse. Avec leur enfant Wyatt, âgé de huit ans, ils vivaient dans le charme des Caraïbes jusqu’à ce que le cyclone Irma ne dévaste tout.

Son père, Roger Lemaire, ancien dirigeant du Rodez Aveyron Football notamment, a réussi à avoir au téléphone sa belle fille, quelques heures après le passage du cyclone : « Elle m’a dit qu’ils allaient bien, mais qu’ils avaient tout perdu. La conversation a été rapide, à peine Philippe a pu me glisser un bonjour et Wyatt un salut papy, salut mamie ».

La petite famille vit au dernier étage d’un immeuble situé à proximité de l’aéroport, vers la Grand-Case. « J’imagine que le toit s’est envolé, qu’ils ne peuvent plus vivre dans leur appartement », soupire Roger Lemaire, se sentant impuissant pour venir en aide à ses enfants. « Ça paraît un peu stupide, mais là, j’aimerais prendre un vol pour les rejoindre ». Il poursuit : « Philippe m’avait téléphoné avant le passage du cyclone pour nous dire qu’ils seraient bien à l’abri, qu’ils avaient fait des réserves nécessaires. Mais le temps passe. Aujourd’hui, le gros problème, c’est le manque d’eau et l’absence d’électricité ».

Une cagnotte via une plateforme internet

Très rapidement, à Rodez, ceux qui connaissent Elodie et Lucky, ont lancé une souscription sur la plateforme internet leetchi.com afin de créer une cagnotte destinée à leur venir en aide. « Je leur ai demandé de quoi ils avaient besoin tout de suite, et ma belle-fille m’a répondu qu’il fallait attendre pour faire le point », explique Roger. En attendant, la cagnotte a déjà dépassé les 2 000 euros de dons.

Rassuré par le fait que le cyclone José ait, lui, épargné l’île, Roger Lemaire n’en est pas moins angoissé. Avec son épouse, ils n’ont plus de contact depuis quelques heures. La personne qui prêtait son téléphone pour permettre à Lucky et Élodie de rassurer leur famille a réussi à quitter l’île... «Je pense que mon fils et Élodie vont quant à eux rester sur place pour aider ceux qui en ont besoin, et reconstruire aussi », explique Roger.

Pour l’heure, il n’attend qu’une chose. Avoir à nouveau son fils au téléphone.

C’est après une terrible nuit, jeudi dernier, que Suzou Poujol a réussi, enfin, à voir des nouvelles de son fils et de ses deux petits enfants. Son fils, Stéphan Poujol, jeune père de famille (45 ans), est installé sur l’île de Saint-Barthélemy où il est directeur d’une société de bateaux pour des promenades en mer.

« La nuit du cyclone, j’ai été en contact avec mon fils, mais le matin, tout a été coupée », confie Suzanne Poujol, plus connue à Decazeville sous le surnom de Suzou. Sans nouvelle, elle commence alors à lancer des SOS sur Facebook pour avoir des nouvelles. Des posts qui sont restés sans réponse durant plusieurs heures. « J’aimerais des nouvelles de mes enfants, Stéph et Morgane Poujol », a-t-elle lancé comme une bouée à la mer.

La mobilisation s’est rapidement organisée. Abonnés et amis ont relayé à leur tour le message de détresse. Certains les ayant même traduits en langues étrangères. Ce jour-là, Suzou Poujol a réitéré son post jusqu’à minuit ; incapable de fermer l’œil de la nuit. Le lendemain, à la première heure, rebelote pour cette maman et grand-mère aveyronnaise. Elle a dû attendre deux jours avant de les avoir à nouveau au téléphone. « Je viens d avoir Stéph au tel. La famille va bien Merci les amis pour votre soutien on est soulagé ! Bisous ». Sur son profil, c’est un véritable soulagement collectif qui s’est exprimé à travers les commentaires d’amis. « Des bisous ma petite Suzou, quel soulagement après avoir vu toutes les images. On vous embrasse tous », lui répond une amie.

« Ils vivent comme il y a 200 ans »

Pris dans cette tourmente climatique, Stephan Poujol a tout de même réussi à son tour à poster un message. « Tout est ok, désolé, pas eu le temps de répondre a tous, merci pour vos messages ». « Je leur ai parlé aujourd’hui. Ils vont bien mais ont tout perdu. Leur emploi, leur maison. Ils puisent l’eau dans les citernes pour boire. Ils vivent, comme il y a 200 ans. Le soir du cyclone, ils se sont réfugiés dans la salle de bain pour survivre », se désole Suzou, dans l’attente de revoir sa famille rapidement.

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