Le Puy de Wolf, une montagne unique et fragile à préserver

  • Plusieurs visites du site sont proposées chaque année.
    Plusieurs visites du site sont proposées chaque année.
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Centre Presse / Rachid Benarab

Ancien volcan pour les uns, résidus de l’épopée minière pour les autres : même dans le bassin decazevillois, où il culmine à près de 500 mètres (490 exactement), rares sont les gens qui connaissent la nature exacte du Puy de Wolf. Ils sont encore plus rares à savoir que le site est unique en Europe. Pourtant, cet imposant massif dénudé qui s’élève au nord-est de Firmi était déjà connu des bâtisseurs et des sculpteurs du Moyen Âge qui appréciaient particulièrement les qualités décoratives de la serpentinite, cette roche vert sombre qui, une fois polie, ressemble au jade et qui compose en grande partie, ce massif. Les moines de Conques ne s’y sont pas trompés car c’est dans cette roche qu’ils ont taillé au moyen âge le magnifique bassin du cloître. Quelques vieilles bâtisses comme le moulin de Saltz à Firmi sont également bâtis en serpentinite. Classés Natura 2000, les 134 hectares du Puy de Wolf constituent, aujourd’hui encore, le gisement de serpentinite le plus important d’Europe.

Âgée de plus de 400 millions d’années, la serpentinite est une roche très ancienne qui témoigne de la fermeture d’un ancien océan et s’enfonce sur plusieurs centaines de mètres dans le sol.

Régulièrement étudiée par des scientifiques de tous bords, cette roche métamorphique pourrait être impliquée dans la formation de séismes. De surcroît, elle est tellement riche en magnésium, en fer et autres métaux lourds comme le cobalt et le nickel, qu’elle s’avère toxique pour la plupart des plantes. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle la flore est plutôt rare, dans ce secteur. « Ici, la végétation est bloquée au stade de la lande », explique Elsa Marangoni chargée de mission au CPIE (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement) du Rouergue. L’animatrice a notamment été missionnée par Decazeville-communauté pour organiser ponctuellement des visites du site pour le grand public. « Deux ou trois par an en général, dont une hier dans le cadre des Journées du patrimoine, détaille-t-elle. Mais dès l’an prochain, nous aimerions en proposer davantage, car ces visites sont toujours très suivies, entre 30 et 60 personnes à chaque fois ».

Dans cette lande couverte de genêts purgatifs, se pressent donc régulièrement des randonneurs, des amateurs de plantes rares, des passionnés de géologie, mais aussi bon nombre de curieux. L’occasion pour tous ces botanistes en herbe, d’observer l’autre curiosité du lieu. À savoir le tabouret de Firmi, plante strictement endémique en forme de candélabre et à petites fleurs blanches… uniques au monde. À peine plus répandue, la marguerite du midi comme l’euphorbe de Coste font également l’objet d’observations scientifiques.

« Car pour se défendre de la toxicité de la roche, toutes ces plantes ont développé des défenses particulières et bloquent les éléments toxiques dans leurs racines qui sont particulièrement denses », précise-t-elle encore. Des propriétés qui intéressent les chercheurs.

À ce titre, d’ailleurs, des essais ont été menés à l’étranger, sur des sols toxiques comme ceux du Puy de Wolf. Les scientifiques tentent d’y introduire ces plantes dépolluantes - qui poussent naturellement sur les sols à serpentinite - pour nettoyer les sols pollués et pouvoir y développer à termes une agriculture sans danger pour la santé.

Au Puy de Wolf, seules quelques fermes alentours témoignent d’une activité agricole voisine, car ce sol ne plaît ni aux vaches, ni aux chevaux, ni aux moutons et son aridité a découragé toute velléité expansionniste.

C’est donc le paradis des lézards ocellés et des couleuvres vertes et jaunes.

Les reptiles paressent au soleil, témoins du temps qui passe sur ce paysage lunaire et millénaire, au milieu de ces plantes aux noms si poétiques qui égayent la rocaille : rue des murailles, lunetière de la motte, silène arméria, etc.

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