En appel, Marc Féral entre aveux, regrets et étonnantes déclarations

  • Marc Féral revient en appel.
    Marc Féral revient en appel.
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Midi Libre / BARRERE François

J’ai fait appel, peut -être à tort, car la peine était très lourde. » Silence. « Et oui, M. le Président, j’ai tué Jean-Paul Chardenoux, et je le regrette. » Silence. « Depuis sept ans, je travaille avec les psychiatres, je veux comprendre comment j’en suis arrivé là ». « C’est un objectif ambitieux », répond le président Charles Pinarel.

Polo gris, voix forte et posée : dans le box de la cour d’assises de l’Hérault, Marc Féral n’a plus le visage du fantôme sous tranquillisants, apparu en juin 2016 pour une audience d’appel avortée. Et il entend bien obtenir à Montpellier un verdict plus clément que celui infligé à Rodez, en 2014 : 24 ans de réclusion, dont 16 ans de sûreté, pour avoir abattu celui qu’il appelle aujourd’hui encore son ami, un garagiste d’Espalion, qui avait eu le tort de fréquenter l’une de ses ex-maîtresses.

« Je veux savoir pourquoi ces problèmes avec les femmes, pourquoi cette haine que j’avais », explique cet Aveyronnais né à la ferme, d’un père berger et alcoolique et que sa mère battait, enfant, à coups de pioche et de marteau. À force de travail et de relations, Marc Féral s’est construit sa success story, grâce à des discothèques, comme le Rétro, à Baraqueville, où venait danser tout le département. « Quand on allait manger chez Bras, tout le monde le connaissait. C’était la star de l’Aveyron », vient dire son ami Jacques, caviste à Toulouse.

Côté femmes, Marc Féral enchaîne les conquêtes, jeunes, jolies, sans doute un peu éblouies par cet homme de la nuit aux poches remplies de gros billets et qui les couvre de cadeaux. Mais les ruptures se passent mal. Cécile, enseignante, qui l’a épousé en 2000, a raconté lundi à la cour l’enfer qu’elle a vécu. Trois ans de bonheur, tout d’abord, avant qu’il n’enchaîne les problèmes de santé. Dialyse, greffe de rein, AVC : « En 2003, son attitude à mon égard s’est énormément dégradée, il est devenu très désagréable et s’est mis à me surveiller sans cesse. Il contrôlait mes factures téléphoniques, vérifiait mon compteur kilométrique ».

Il la soupçonne, à tort, d’une infidélité d’un soir, et tout bascule : menaces de mort, pneus tailladés, tags injurieux au collège où elle enseigne. Elle déposera 16 plaintes, le fera condamner, après avoir subi un calvaire. « Je vivais dans la peur permanente. Il m’a quand même poursuivie pendant quatre ans, soit disant pour une infidélité d’un soir qui n’a existé que dans son imagination ».

Marc Féral se lève : « C’est l’occasion pour moi de présenter mes excuses. J’aurai dû me soigner, j’ai refusé et je pense que je n’en serai pas là aujourd’hui. » Il ne la convainc pas : « Je ne crois pas qu’il ait changé, mais qu’il joue un rôle qu’il a appris. J’ai très peur qu’il ressorte, qu’il remonte en Aveyron, et d’être prise pour cible. » Cela fait pourtant treize ans qu’elle l’a quitté.

Un témoignage lourd, car il renvoie au contexte dans lequel le crime sera commis, le 18 août 2010. Un acte qui paraît absurde : à ce moment-là, Marc Féral a été quitté par Martine, qui a ensuite eu une brève liaison avec Jean-Paul, le garagiste qui entretient ses voitures. Avant d’aller récupérer l’une d’elle, Marc Féral a appelé un voyant : « Il m’a dit : n’y va pas, je vois du noir autour de toi. » Féral y va quand même, avec fusil et cartouches. « Jean-Paul, c’était un ami, on partageait des bons moments ensembles, j’ai appuyé sur la gâchette, et je l’ai tué. »

Alors oui, répond-il à son avocat, il attend beaucoup de ce procès : « Je veux comprendre pourquoi j’ai commis ce geste irréparable, et pourquoi j’ai ce problème de rupture avec les femmes. Parce qu’un jour ou l’autre je referai ma vie, Maître, j’espère. » Sur le banc de la défense, on blêmit. Verdict vendredi, voire samedi : avec une trentaine de témoins, plusieurs experts et cinq avocats bien décidés à en découdre, les débats risquent de durer.

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