Déserts médicaux : les mesures du gouvernement

  • L’Aveyron compte à ce jour 23 maisons de santé. Treize de plus sont actuellement en projet.
    L’Aveyron compte à ce jour 23 maisons de santé. Treize de plus sont actuellement en projet.
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Centre Presse / AFP

«L’accès aux soins est au cœur du pacte social», a déclaré le Premier ministre, venu inaugurer avec la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, une maison de santé à Châlus, dans une région confrontée comme tant d’autres au manque de médecins. Un peu plus de 8% de la population vit dans l’une des 9.000 communes sous-denses en médecins généralistes, soit environ 5,3 millions d’habitants, rappelle le gouvernement. Si rien n’est fait, cette proportion continuera à grimper sous l’effet de la baisse du nombre de généralistes, de nombreux départs à la retraite et des nouvelles aspirations des jeunes médecins, à la recherche d’une vie plus équilibrée.

Le décor choisi par le gouvernement, à une trentaine de kilomètres de Limoges, n’est pas anodin. Conformément à une promesse du candidat Macron, le plan prévoit de doubler le nombre de maisons (910 en mars 2017) et centres de santé en y consacrant 400 millions d’euros sur cinq ans.

Moins parlantes pour le grand public, d’autres mesures viennent constituer un «panel de solutions adaptables à chaque territoire» vanté par Mme Buzyn. Il «serait illusoire d’annoncer des mesures définitives», a-t-elle estimé.

«Je ne crois pas à la répartition forcée et administrative» des médecins, a insisté M. Philippe.

Les médecins pourront donc continuer de s’installer où ils le souhaitent, n’en déplaise à certains élus, et le numerus clausus (nombre d’étudiants formés, relevé par le précédent gouvernement) n’évoluera pas.

«Faire confiance aux acteurs» de terrain, c’est la «nouvelle méthode» adoptée par le gouvernement après cinq années de tensions entre la précédente ministre Marisol Touraine et les professionnels de santé.

Autre axe du plan, le développement de la télémédecine passera lui par la fixation de tarifs lors de négociation entre les médecins libéraux et l’Assurance maladie au premier trimestre 2018.

Un matériel de téléconsultation est également promis à tous les Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) d’ici 2020» et plus largement à «tous les territoires en difficulté».

Le plan veut ainsi faciliter les initiatives locales en s’appuyant sur les nombreuses expériences existantes, en impliquant soignants, élus et patient à l’échelle des territoires, comme le réclamait l’Ordre des médecins.

Concrètement, les innovations organisationnelles bénéficieront d’un fonds dédié et les coopérations inteprofessionnelles entre la médecine libérale et l’hôpital profiteront de simplifications réglementaires.

Par exemple, les consultations avancées (comme lorsqu’un cardiologue hospitalier exerce un jour par semaine dans une maison de santé) seront développées.

Les médecins libéraux seront incités à exercer à temps partiel dans des zones sous-dotées grâce à une revalorisation de leurs primes. Et Le cumul emploi-retraite des libéraux sera favorisé grâce à une exonération de cotisation élargie dans les zones en tension.

Pour attirer les jeunes médecins dans les zones sous-dotées, les stages dans les cabinets de médecine libérale seront plus nombreux (+500 en médecine générale et spécialisée), le gouvernement préconisant également des aides au logement ou pour les transports.

Les professionnels pourront par ailleurs s’adresser à des guichets uniques pour alléger «leur charges administratives».

Un comité d’évaluation des actions locales, présidé par la ministre, se réunira régulièrement pour identifier et promouvoir les recettes qui marchent.

Membre de la délégation accompagnant M.Philippe et Mme Buzyn, le président du premier syndicat de médecins libéraux (CSMF), Jean-Paul Ortiz, s’est réjoui de voir plusieurs de ses demandes exaucées.

Mais il a regretté l’absence d’aides financières en zones sous-dotées pour «les médecins spécialistes», qui «commencent» eux aussi à manquer.

Il faut reconnaître «le rôle essentiel des infirmiers», a par ailleurs insisté le Premier ministre.

Ce rôle «croit et peut encore croître en matière de prévention» et de prescription, a souligné dans un communiqué l’Ordre de la profession.

Le dispositif expérimental Asalee, qui permet à des infirmiers libéraux de suivre, en partenariat avec des généralistes, des malades chroniques, sera pérennisé.

«De nouvelles formations seront proposées dès la rentrée 2018» pour permettre aux soignants d’acquérir de nouvelles compétences «ensuite reconnues par des rémunérations spécifiques».

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