Elle transportait du cannabis : prison ferme pour l’infirmière allemande

  • Yves Delpérie, procureur.
    Yves Delpérie, procureur.
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Centre Presse / Christophe Cathala

C’est avec l’appui d’une interprète que cette infirmière allemande, âgée de 46 ans, a pu expliquer ce soir au tribunal, en comparution immédiate, les raisons pour lesquelles elle ramenait de l’herbe de cannabis de l’Espagne. Arrêtée samedi après-midi par les douaniers au péage du viaduc de Millau, elle a d’abord raconté qu’elle rentrait de vacances, sans convaincre ses interlocuteurs.

C’est en fait à la barre de l’audience correctionnelle présidée par Hervé Olivier, qu’elle a reconnu qu’elle avait fait tout exprès l’aller-retour de Senden (près d’Ulm) où elle réside à Gérone en Espagne, pour ramener 2,15 kilos d’herbe de cannabis. Produit que les douaniers ont trouvé dans sa Mercedes. On fait mieux comme souvenir de vacances.

L’essentiel de la marchandise était stockée dans la roue de secours, une petite quantité était enveloppée dans un essuie-tout et logée dans sa trousse de toilette. Il y en avait, au prix du marché, pour 6 400 euros d’achat contre une revente espérée de 15 000 euros... Une aubaine pour cette célibataire, mère de deux adolescents qui plafonne à 1 500 euros de revenus.

Aux gendarmes qui la placent en garde, elle ne dira quasiment rien, si ce n’est quelques propos désinvoltes. La barrière de la langue n’y est pas pour grand chose, car elle justifiera finalement ce transport illicite par «la consommation personnelle et la revente à des amis».

Naïve fourmi

Le procureur Yves Delpérié, la pressant de questions, forgera sa conviction qu’il s’agit bien là de trafic dans le but d’une revente, l’avance d’argent pour l’acquisition du cannabis restant plus que floue. Et aussi qu’elle a pris des risques sciemment, qu’elle ne livre pas le nom de son fournisseur... Bref, «c’est une fourmi qui transporte pour le compte d’autrui, cela s’appelle un trafic». Et de requérir 14 mois de prison ferme avec mandat de dépôt à l’audience et 6 400 euros d’amende douanière.

La prévenue assure que c’est bien la première fois qu’elle agit de la sorte. Son avocate, Me Guedon, interpelle le tribunal sur les conditions dans lesquelles elle a transporté ce cannabis, caché «à l’endroit où tout le monde cache la drogue» (la roue de secours) avec de quoi susciter l’intérêt des douaniers dans sa trousse de toilette, et un déplacement qui «entre son métier et ses enfants à s’occuper, ne doit vraiment pas être fréquent».

«C’est un scénario de Pieds Nickelés, reprend Me Guedon. Elle fait la fourmi pour des gens en Allemagne, mais c’est une fourmi bien naïve. Elle a compris maintenant la mesure des risques qu’elle prenait. Elle a compris désormais qu’elle avait fait une bêtise et ne doit pas payer pour ceux qui l’ont mise dans ce mauvais chemin». Le président Olivier et son tribunal l’ont condamnée à dix mois de prison ferme mais sans mandat de dépôt, 6 400 euros d’amende et la confiscation de son téléphone portable et de sa Mercedes.

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