Après le Larzac, le loup s’attaque à l’Aubrac

  • Le préfet à Soulages-Bonneval, pour dialoguer et mesurer l’inquiétudedes éleveurs et élus locaux.
    Le préfet à Soulages-Bonneval, pour dialoguer et mesurer l’inquiétudedes éleveurs et élus locaux.
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Centre Presse

Depuis 2015, l’Aubrac est officiellement classé comme zone de présence permanente du loup. Le Larzac n’est donc pas la seule région touchée par le prédateur.

Et le préfet a pu s’en rendre compte hier en venant à la rencontre de Sophie Vidal, éleveuse de brebis, victime de trois attaques du loup en un mois, à Soulages-Bonneval. « J’ai 170 brebis et 33 ont été tuées. Certaines ont dû être euthanasiées donc non prises en compte car il faut les laisser souffrir ou les déclarer vivantes. Ce fut un sacré carnage, je ne sais pas comment on va faire au printemps. Mettre des filets de protection, c’est du pipeau », raconte, affectée, l’éleveuse. Hélas, son cas est loin d’être isolé.

Depuis la rentrée, trois autres attaques ont eu lieu à Laguiole, une autre à Saint-Chély-d’Aubrac, pour l’heure sur des ovins. D’autres espèces ne sont pas à l’abri de prédations. « Ils vont bientôt arriver sur les veaux, il faut arrêter l’hypocrisie. L’État doit prendre ses responsabilités, prélever notamment le budget non pas sur celui de l’Agriculture mais de l’Écologie et permettre aux éleveurs de se défendre. Ne vous rendez pas complice, nous appellerons bientôt à la désobéissance civique », prévient Benoît Fagegaltier, éleveur à Argences-en-Aubrac et vice-président de la FDSEA.

L’unité syndicale est de mise sur ce sujet car le devenir de la profession est en question. « Cela ne peut pas durer. L’élevage de qualité, en plein air, est mis à mal, pas seulement pour les ovins mais aussi pour les bovins. Il faut que le Plan Loup change absolument, il faut protéger les éleveurs. Il nous faut la brigade loup du Massif Central », dit en ce sens Mélanie Brunet, éleveuse à Buzeins et présidente du Cercle 12 (collectif des éleveurs de la région des Causses de l’Aveyron et de leur environnement). « Nous avons voulu réintroduire le loup et on ne maîtrise plus la situation, la cohabitation est impossible », renchérit Francis Sabrié pour la Confédération Paysanne.

« Comment conserver nos troupeaux, le pastoralisme ? Demain ce sera trop compliqué pour les jeunes », ajoute Jean-Pierre Boissonnade, éleveur côté Cantal et Aveyron. « Chiffres erronés, mesures inadaptées », plus d’une centaine d’éleveurs étaient présents pour pousser un cri du cœur comme pour tirer la sonnette d’alarme. « Ce sont les loups, les vautours, on a tout ! On n’a personne de terrain pour comprendre, je ne sais plus comment il faut faire ». La majeure partie des maires de l’Aubrac était aussi présente. Comme le résumait Vincent Alazard, maire de Laguiole : « Nous avons déjà un problème de génération pour poursuivre nos exploitations. On n’a pas besoin de ça. Je ne sais pas si le loup contribue à l’attractivité du territoire. »

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