Bozouls veut garder un « esprit » village

  • Maire de Bozouls depuis près d’une décennie, Jean-Luc Calmelly est fier d’avoir créé un esprit village.
    Maire de Bozouls depuis près d’une décennie, Jean-Luc Calmelly est fier d’avoir créé un esprit village.
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Centre Presse / Olivier Courtil

Où en est la réalisation de la profession de foi « Bozouls gagnant » pour 2020 ?

Quasiment tout a été réalisé ou est en cours. Le gros dossier, en phase d’études techniques, concerne désormais les aménagements autour du gymnase, avec la salle des fêtes et l’ensemble des bâtiments Lacroix pour la mettre à disposition de la vie associative. On installera aussi la Maison des assistances maternelles et la maison de santé dont les travaux débuteront dans un an, à proximité de l’Ehpad qui envisage une extension et des pompiers. Tous les corps de métiers travaillent en collaboration pour faire agréer le projet auprès de l’Agence régionale de santé.

Sur le plan commercial, quid des locaux vides route d’Espalion ?

Il y a deux projets à cet endroit-là mais c’est trop tôt pour en parler. Trois commerces sortiront de terre au printemps dans le bourg, en lien avec l’activité touristique qui connaît une hausse de fréquentation. Nous avions calculé 200 000 visiteurs lors de l’été 2016 avec l’aménagement du canyon et la place de la Mairie. Bozouls a doublé sa population en 40 ans. Tout est parti de l’orientation prise par André Baudon en menant une politique d’accueil des entreprises. Cette dynamique créée des emplois. Le développement est mesuré mais se poursuit avec le facteur chance comme Noz qui a permis d’éviter une friche industrielle avec la fermeture de Valaubrac et devrait atteindre la centaine d’emplois en fin d’année. L’habitat s’est fait en répondant à l’urgence. Aujourd’hui on a créé l’esprit village avec les opérations centre bourg, les allées et une circulation prenant en compte les piétons. Maintenant on travaille sur le cadre de vie, c’est une suite logique. Il faut porter cela.

Bozouls a encore l’étiquette de cité-dortoir, que répondez-vous à cela ?

Cette étiquette colle encore mais cela a changé pour les touristes et les Bozoulais qui arpentent désormais la rue du Trou et descendent dans le canyon aménagé. Les Bozoulais se sont réapproprié le site et le centre-bourg avec les travaux et la mise en place des passerelles. On voit aussi des gens qui ne sont pas de Bozouls s’y promener. Je ne connais pas d’autres sites touristiques en Aveyron qui cohabitent avec une activité économique. Cela donne du sens. On a évité le syndrome de cité-dortoir, on est l’inverse. Le tourisme participe à l’aménagement du territoire et sur le plan économique, il y a plus d’emplois à Bozouls que de population active. Cela veut dire qu’on a créé à Bozouls un bassin d’emplois. L’habitat évolue au rythme des créations d’emplois pour un développement endogène et ne pas être un aspirateur. Le but est de donner envie aux gens de venir s’y installer et ceux qui y travaillent de rester. Un lotissement de vingt villas est en projet pour les primo-accédants sur la route d’Estaing, deux sont en cours de réalisation, sans oublier des offres du locatif et du collectif pour favoriser la mixité. C’est essentiellement une population jeune qui s’implante. On va faire le lien entre tous les lotissements pour se rendre soit dans le centre bourg soit dans le secteur du gymnase. C’est le gros enjeu, encore une fois, tout est lié.

Est-ce que les finances, avec la suppression de la taxe d’habitation, permettront de réaliser justement cet objectif ?

Tous les investissements sont réalisés sans créer des charges de fonctionnement. On fait même des économies d’énergie avec les nouveaux bâtiments mais la suppression de la taxe d’habitation inquiète. Nous tenons à garder une politique d’accueil avec des taux d’imposition bas. Mais je suis dans l’expectative avec la taxe d’habitation et le transfert de charges. J’aime bien transformer les contraintes en opportunités, mais on nous impose des décisions comme les temps périscolaires à prendre en charge. C’est révoltant. L’État se décharge sur les communes. Depuis le 1er janvier c’est le droit du sol qui a été transféré, l’État ne prend plus en charge les documents d’urbanisme, l’instruction par la DDT est finie. C’est une charge supplémentaire. Il faut soit passer par un cabinet privé, soit par Aveyron Ingénierie, ce que nous avons fait pour mutualiser mais cela a un coût. On arrive à faire face à ces évolutions, mais si demain les contraintes continuent à s’accumuler sur nous, on reverra la planification de nos investissements. Le choix est là. On fera en fonction de nos capacités. Je veux contenir l’endettement de la commune à un niveau bas. Je m’interdis d’augmenter les taux jusqu’à la fin de mon mandat. On ne fera pas d’économies sur la vie associative. Si on veut que le pays vive, il faut qu’on la soutienne, financièrement, par la mise à disposition d’outils, comme deux mini-bus que nous avons. Les bâtiments Lacroix sont pour la vie associative.

Comment évolue la communauté de communes ?

C’est un travail énorme. La difficulté fut de fusionner trois intercommunalités avec un mode de fonctionnement différent. Il y a eu un long travail juridique et administratif. L’état d’esprit évolue, cela crée une complémentarité qui sera bénéfique à chacun. Je sens que tout le monde en prend la mesure pour être dans une position gagnant-gagnant. Il faut être intelligent dans le transfert des compétences pour ne pas tuer la commune en gardant la relation de proximité. Il faut veiller à ne pas tuer les communes, les gens y sont attachés. La communauté de communes nous amène aussi la culture, c’est important.

Vous avez aussi les casquettes de conseiller départemental et de président de l’agence de développement touristique ?

On vient en accompagnement du département, animer les offices de tourisme qui se réorganisent, les hébergeurs, les Plus Beaux Villages de France et même les gens qui ont des initiatives. On les met en réseau, les fait se rencontrer. De mon côté, j’ai négocié un départ anticipé chez Mérico pour conjuguer le tout car c’est passionnant. Avec le Département, on fait la promotion d’un art de vivre, cela peut attirer des porteurs de projets, des touristes, de nouveaux habitants. J’étais récemment à Inforsud, il y a la difficulté des entreprises à attirer. La fibre optique va devenir un argument. L’Aveyron va faire le même type de démarche que ce l’on a fait pour l’accueil des jeunes médecins. On mène une politique départementale qui porte ses fruits. Il faut que l’on ait connaissance des postes à pourvoir et des attentes, trouver un boulot pour le conjoint. Accompagner les gens jusque-là, c’est peut-être ça. Je m’investis aussi dans la Région qui a fusionné et qui est un gros enjeu pour faire exister l’Aveyron comme destination. J’ai participé depuis deux ans à toutes les réunions qui ont eu lieu. Début février, j’étais à Carcassonne pour la création du nouveau CRT (comité régional du tourisme, NDLR) Occitanie. Je suis d’ailleurs rentré au conseil d’administration. On est en train de mettre en place une commission des départements à vocation campagne, d’autres sont montagne, littorale car c’est la complémentarité. On a créé le J13 pour représenter les départements, la prochaine réunion aura lieu en avril à Bozouls. Je ne m’attendais pas à une telle entente, avec une vraie volonté de reconnaître tout le monde pour lancer des actions communes et transversales comme le chemin de St-Jacques et la vallée du Lot. Il faut développer la clientèle de proximité pour élargir la saison touristique. Il faut arriver à garder la cohésion et savoir qui fait quoi. Mettre en place une hiérarchie : la Région à l’international, le Département au national, et les communautés de communes à l’application pour que chacun n’essaie pas de bouffer l’autre.